Hier 2 novembre, la banque burkinabè Coris Bank International a augmenté son capital en lançant une offre publique de vente de 1 250 000 actions, une opération qui marque également l’entée de la banque à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), la place boursière de l’espace UEMOA basée à Abidjan.
Preuve de la crédibilité dont jouit Coris Bank auprès du grand public et des investisseurs nationaux et internationaux, l’opération qui devait s’étaler jusqu’au 18 novembre, a été clôturée hier même à 14h30mn avec un taux de souscription de 291% ! En l’espace de quelques heures, ce sont 36 750 000 000 qui ont été levés. Voilà qui devrait inspirer l’Etat burkinabè actuellement en quête de 5 570 milliards pour boucler le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES). Pourquoi ne pas tester la crédibilité de la signature nationale auprès des investisseurs privés nationaux, africains, internationaux et de la diaspora en initiant une levée de fonds sur les marchés financiers internationaux ?
Sur l’ensemble des 1 250 000 actions mises en vente, 1 125 000 ont été réservées au grand public, 125 000 au personnel de l’émetteur, c’est à dire Coris Bank dont 25 000 aux agents des autres entités du Groupe Coris.
L’opération rondement menée par le PDG de la banque, Idrissa Nassa et le directeur général de la Société de gestion et d’intermédiation (SGI), Yacouba Saré, est le couronnement d’un processus entamé depuis 2010 avec l’antenne nationale de la BRVM. "Pour la bourse il n’y pas d’événement plus heureux que de voir une entreprise faire volontairement la démarche d’offrir ses actions au public en vue de sa cotation", s’est réjouit le directeur générale de la BRVM, Edoh Kossi Amenounvé, venu apporter sa caution à l’opération, pendant que le PDG confiait que cette entrée en bourse "est le fruit d’une vision clairvoyante entreprise depuis la création de la banque en 2008".

Après Bank OF Afrika et l’Onatel, Coris Bank International est la troisième entreprise de droit burkinabè à sauter le pas vers la bourse, a souligné le DG de la place boursière de l’espace UEMOA. En réalité, il s’agit de la première entreprise burkinabè qui intègre la bourse, les deux premières étant des filiales de groupes marocains, respectivement de la Banque marocaine du commerce extérieur et Maroc Telecom.
Selon la direction de la banque, l’augmentation du capital vise plusieurs objectifs : mobiliser les ressources pour renforcer les fonds propres, élargir l’actionnariat en l’ouvrant au grand public, assurer la liquidité des titres dès l’introduction en bourse, c’est à dire, payer des dividendes dès la fin de cette année 2016, motiver davantage le personnel en l’associant au capital, et motiver les autres sociétés à sauter le pas vers la bourse, un outil de mobilisation de fonds pour le financement de l’économie.

L’offre publique de vente lancée hier qui intervient seulement après huit (8) exercices d’exploitation a été rendue possible grâce une gestion rigoureuse, un management qui a permis aux salariés donner le meilleur d’eux-même pour faire de Coris Bank, la banque la plus dynamique ayant le meilleur réseau au Burkina.
Une présentation des chiffres clés de Coris par la directrice générale adjointe, Alice Kaboré donne une idée du dynamisme de cette institution bancaire qui a vu le jour en 2008. On y apprend ainsi que le capital social est passé de 5 à 25 000 milliards en 2015, le nombre de salariés de 300 en 2013 à 407 en 2016, tandis que le nombre de clients est passé de 157279 en 2013 à 224981 en juin dernier. Sur la même période, le nombre d’agences a augmenté, passant de 29 à 38, et les distributeurs de 27 à 31.
Au 31 décembre 2015, l’encours de crédits à la clientèle s’est fixé à 361 miillards de F CFA contre 271 milliards deux ans plus tôt, soit une hausse de 33%. Ce n’est pas tout. Au 30 juin 2016, poursuit la DGA, la distribution de crédits s’est maintenue portant l’encours à 370 milliards, soit 18% des parts de marchés dans le financement de l’économie nationale. Quant au total bilan, il s’établit à 713 343 en juin dernier contre 452629 milliards en 2013, hissant Coris au premier rang des actifs bancaires en détenant 17%.
Bref, à en croire la DGA Alice Kaboré, c’est une banque dont les indicateurs sont au vert qui se soumet désormais à un contrôle permanent du gendarme de la bourse et à l’opinion. L’entrée en bourse signifie plus de transparence dans la gestion et une communication active pour éventuellement contrer les rumeurs et les manipulations qui peuvent faire dégringoler le cours de l’action en l’espace de quelques minutes.

La diaspora burkinabè s’est beaucoup intéressée à l’augmentation du capital de Coris Bank en achetant massivement des actions. "Un Burkinabè vivant au Congo-Brazzaville a acheté des actions pour 200 millions de FCFA" a révélé le PDG, Idrissa Nasa. Il a rassuré que les dispositions ont été prises pour éviter que des délinquants ne profitent de l’occasion pour blanchir de l’argent sale. "Si un journaliste vient souscrire pour millions de F CFA, nous allons trouver cela suspect, a t-il expliqué ! Pas sûr que les grattes-papiers aient apprécié cette "boutade"

Joachim Vokouma
Kaceto.net