Révolution du Jasmin en Tunisie, mobilsations montres Place Tahrir fatales au président Moubarak, manifestations suivies de mutineries au Burkina en 2011, puis une insurrection populaire trois ans plus tard, contestations du troisième mandat présidentiel au Burundi et dans les deux Congos, grève dans la fonction publique en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina, etc. L’Afrique bouge. En permanence, preuve de la vitalité d’une population majoritairement jeune, hyper informée et qui est décidée à remettre en cause l’ordre établi. Elle exige des pouvoirs publics de meilleures conditions d’études et de vie, une gestion rationnelle de la chose publique, une justice qui frappe impartialement les malfrats quelque soit leur rang social, une répartition équitable des richesses nationales ; bref, une société où règne la justice sociale, la liberté d’expression, la démocratie et le respect de la vie.
Ce bouillonnement général n’est pas nouveau sur le continent africain, mais ces dernières années, il a pris un caractère plus radical et massif. La pression n’a jamais été aussi forte sur les dirigeants africains dont certains sont manifestement en décalage avec les exigences de leurs peuples.
Quels sont les éléments communs à tous ces mouvements sociaux observés ces derniers temps sur le continent noir ? Que révèlent-elles ? Préfigurent-elles un ordre social radicalement nouveau ? Autant de questions auxquelles réfléchissent des intellectuels réunis depuis hier à Ouagadougou, à l’occasion d’un colloque international organisé par les Ecoles doctorales. Jusqu’au 16 novembre, une soixantaine d’orateurs venus de 12 pays, essentiellement des chercheurs, vont décrypter les mouvements sociaux qui agitent l’Afrique et tenter de leur donner un sens autour du thème « Mouvements sociaux et gouvernants en Afrique ».
« A travers ce colloque, nous avons voulu une rencontre pluridisciplinaire animée par de jeunes chercheurs représentant l’avenir de nos universités et de nos sociétés tout simplement qui sont eux-mêmes des acteurs de changements sociaux. Beaucoup d’intervenants à ce colloque ont eux-mêmes pris parts aux manifestations ayant préparé l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014", explique Mahamadé Savadogo, professeur de philosophie à l’Université de OuagaI Joseph Ki-Zerbo et directeur doctoral à l’Ecole doctorale des Lettres, Sciences humaines et Communication (LESHCO).
Les actes de ce colloque seront publiés en 2017 et accessibles à tous ceux qui veulent comprendre les mutations socio-politiques en cours dans les sociétés africaines dans le contexte mondialisé.

Salam Sondé
Kaceto.net