Il fait partie des Burkinabè de l’extérieur que la majorité présidentielle issue des élections de novembre 2015 a nommés à des postes de responsabilités avec la mission d’assurer la mise en œuvre du programme du président Roch Kaboré.
Militant actif dès les premières heures de la création du MPP section France, Bienvenue Kassoum Venegda avait mouillé la chemise lors de la campagne électorale. La victoire de son parti obtenue, celui qui est secrétaire à l’Information et la communication de la sous-section MPP de Paris a démissionné de son poste de cadre dans une banque parisienne pour répondre à l’appel du président Kaboré qui l’a nommé en août dernier, Conseiller spécial du président chargé de l’emploi et la jeunesse.
Quelle est la feuille de route qui lui a été confiée, et avec quels moyens compte-fil accomplir sa mission ? Quel regard porte-t-il sur l’administration burkinabè et comment apprécie-t-il l’impatience de la population quant aux solutions à apporter à ses préoccupations ? Explications.

Vous avez milité au CDP avant de migrer, comme beaucoup d’autres, vers le MPP. Pourquoi ?

J’ai effectivement milité au CDP pendant trois mois et je suis parti au MPP pour une raison fondamentale. Un ministre que je ne nommerai pas [NDLR, Salif Sawadogo, ministre de l’Environnement], chargé à l’époque des structures du parti à l’étranger est venu en France superviser la mise en place du bureau de la section France. A cette occasion, j’avais posé une question sur la pertinence de la révision de l’article 37 et on m’avait fait comprendre à l’époque qu’au CDP, tout le monde était unanime sur le sujet et que le candidat qui est retenu pour la présidentielle de 2015 était Blaise Compaoré. C’était lui ou rien. A la fin de la réunion, je suis allé vers le ministre et insisté pour comprendre la position du parti et lui demander s’il connaissait la position du président Compaoré. S’il dit que finalement ça ne l’intéresse plus d’être candidat, que fait-on ? A-ton un plan B et un éventuel candidat qu’on prépare pour le remplacer ? Autant de questions que je lui ai posées. Surpris et agacé, il m’a dit : comme je te parle en français et que tu ne comprends pas, je vais te parler en mooré. Depuis quand as-tu vu qu’on parle de la succession d’un chef de son vivant ? C’est après sa mort qu’on peut changer, pour l’instant c’est Blaise Compaoré le chef, et il n’est pas question de parler de changement !
J’étais sidéré parce qu’on n’est pas dans un système monarchique et ça ne correspond pas à ma conception de la démocratie. Trois mois après la réunion, on a vu 75 personnes démissionner du CDP et pas des moindres, et cet élan nous a emportés. Comme j’avais des réserves sur les intentions du CDP, ça été facile pour moi de sauter le pas avec les autres camarades pour rejoindre le MPP. Nous avons alors entrepris de mettre en place les structures du parti, d’abord à Paris, ensuite dans provinces et plus tard, la section France qui est présidée par Sibiri Nabaloum. C’était la raison fondamentale de mon départ du CDP parce que je ne trouvais cette façon de faire démocratique.
Par la suite, nous nous sommes évidemment mobilisés aux côtés d’autres partis et organisations de la société civile contre la révision de la constitution. Pendant l’insurrection populaire et le coup d’Etat, nous étions présents dans les manifestations ; nous avons assuré une veille médiatique pour faire comprendre aux Occidentaux ce qui se passait dans notre pays. Il fallait leur dire qu’il ne s’agissait pas d’une guerre civile comme certains le pensaient, mais un soulèvement populaire contre un pouvoir dictatorial de 27 ans. Nous sommes allés à Bruxelles dire aux députés européens d’avoir l’œil sur ce qui se passe au Burkina et leur avons remis une lettre.

La section France du MPP a activement participé à la rédaction du programme du candidat Roch Kaboré. Comment cela s’est-il passé ?

C’est exact ! Dans le cadre de la campagne, nous avons travaillé pour que la voix de la diaspora soit enfin prise en compte, ce qui n’a pas été le cas dans le passé. En France, nous avons mis en place une coordination chargée de recueillir toutes les problématiques liées à la diaspora qui y vit, et par extrapolation, dans les autres pays. Le but étant que les propositions soient implémentées dès l’arrivée du MPP au pouvoir. J’ai eu la chance de conduire une mission à Ouaga pour travailler avec la cellule des experts qui avait été mise en place pour l’élaboration du programme du candidat Roch Kaboré, et c’est dans cette cellule que la problématique de la diaspora a été reversée.
Il y a eu ensuite la campagne proprement dite, et nous nous sommes également mobilisés à cette occasion. Beaucoup d’entre nous sont rentrés participer à la campagne et personnellement, j’étais tellement présent aux côtés des candidats aux législatives que certains pensaient que je briguais un mandat de député ! C’est cela aussi, le militantisme, on doit mouiller le maillot pour la cause du parti même si personnellement, on n’est pas candidat à un mandat électif.

Quels étaient les points essentiels des préoccupations de la diaspora que vous aviez identifiés ?

Au niveau de la France par exemple, nous souhaitions créer une plateforme où toutes les compétences seront recensées et mises à la disposition des pouvoirs publics. Qui fait quoi dans quel secteur et comment est-il possible de le solliciter dans la mise en œuvre des engagements du président, et plus globalement, dans les projets de développement, voilà le but de cette plateforme. Des professeurs pourraient par exemple donner des cours dans les universités du Burkina, soit par vidéo conférence, soit en venant sur place. C’est aussi une occasion pour ceux qui sont dans des recherches pointues de faire connaitre les résultats de leurs travaux et les faire profiter au pays.
Nous avons aussi pensé à ceux qui veulent rentrer au pays ; comment les accompagner dans leur démarche sachant que beaucoup nourrissent le projet de créer des entreprises et s’y installer définitivement. Nous savons qu’il y a beaucoup de tracasseries et autres démarches complexes qui demandent du temps alors que nos compatriotes viennent souvent pour un séjour assez court. Il faut donc créer une structure où ils auront toutes les informations disponibles, par exemple des statistiques fiables pour l’élaboration de leur business plan. Il y a surtout l’épineux problème des retraites qui concerne l’ensemble de la diaspora. Certains ont commencé à travailler au Burkina avant de continuer hors du pays, d’autres ont commencé dehors et ont terminé au pays. Comment faire la corrélation entre les différentes sécurités sociales afin qu’ils puissent toucher leur retraite tranquillement au pays ? Autre soucis en France, la question des sans-papiers que nous souhaitions voir régler surtout après la signature de l’accord sur la gestion concertée des flux migratoires entre la France et le Burkina en 2009 à l’époque où Alain Yoda était ministre des Affaires étrangères. Les Burkinabè ne sont pas nombreux en France comparativement à d’autres nationalités ; nous voulions qu’on régularise ceux qui sont en France depuis plusieurs années et qui n’ont toujours pas de papiers.
S’agissant des étudiants, nous savons qu’en dehors de ceux qui sont admis à Fessart ou ont des attaches en France, d’autres arrivent en France et ne savent pas où aller. Comment faire pour les aider. Dans nos propositions, figure aussi, la question de la promotion de l’entrepreneuriat de la diaspora, c’est-à-dire, comment faire venir des hommes d’affaires qui vont investir dans des projets structurants. Jusque-là, les transferts de fonds opérés par les Burkinabè de l’extérieur,- on parle de 50 milliards de F CFA par an-, vont vers des dépenses domestiques (frais de scolarité, achat de médicaments, de nourriture) ; notre objectif est d’abord de faire augmenter le volume des transferts et surtout, qu’ils soient dirigés vers des investissements productifs.

Vous êtes comptable de formation et vous vous retrouvez conseiller spécial du président chargé de la jeunesse et l’emploi…

Je suis effectivement comptable de formation et j’ai servi dans des groupes comme EDF (Electricité de France), BNPPARIBAS, récemment j’étais à la BFM (Banque Française Mutualiste) avant de me retrouver à Kosyam comme Conseiller Spécial. Dans le programme de société du candidat Roch KABORE, j’ai proposé la création d’une agence de promotion de l’entrepreneuriat, c’est-à-dire, la mise en place d’un incubateur de startups et d’un club de businessmen, où les hommes d’affaires qui ont des ressources pourraient apporter des soutiens aux jeunes ayant des projets innovants sous forme de capital ou de crédits. Ils pourraient aussi les accompagner sous forme de tutorat et les aider à entrer dans le monde des affaires.
Les Burkinabè de l’extérieur sont représentés dans le gouvernement en la personne de Rita Agneketome Bogoré, qui n’est pas une « diaspo » comme on dit, mais une diplomate de carrière…
Oui, mais vous oubliez que le premier ministre, Paul Kaba Thièba est de la diaspora ! On l’a vu débarquer à l’aéroport avec son attaché-case en provenance de Dakar où il était installé depuis des années. La ministre de l’Economie et des finances peut-être également considérée comme étant issue de la diaspora puisqu’elle était en poste au Benin au compte du Pnud avant d’être appelée au gouvernement.
Non, franchement, au plan institutionnel, la diaspora peut être satisfaite ; on a enfin une ministre déléguée chargée des Burkinabè de l’extérieur et d’autres Burkinabè de l’extérieur ont été appelés à des postes importants. C’est un message clair que le président du Faso envoie à ses compatriotes vivant hors du pays pour les inviter à s’impliquer davantage dans la construction de la mère patrie.
Quant à moi, j’ai été nommé le 18 août par décret présidentiel en tant que conseiller spécial en charge de l’emploi et la jeunesse. Un vaste chantier quand on sait que le problème de l’emploi se prose de façon crucial pour des millions de jeunes dans notre pays. Ma mission est d’accompagner le président dans la mise en œuvre de son programme ayant trait au volet jeunesse et emplois, afin qu’on puisse trouver des solutions à la question du chômage. Je travaille avec le ministère chargé de l’Emploi et la jeunesse et bientôt, nous allons entreprendre une tournée dans certaines structures comme l’université et dans les grandes écoles de la place ainsi que les zones rurales. Notre message sera de dire aux jeunes que leur avenir préoccupe le président, raison pour laquelle il a choisi ma modeste personne pour occuper ce poste. Je compte sur le soutien et la collaboration de tous pour qu’ensemble, nous trouvions des solutions rapides aux problèmes qui frappent les jeunes, notamment la formation et l’accès à l’emploi.

Est-ce que le périmètre de votre poste est bien délimité pour ne pas interférer dans les prérogatives du ministre et éviter que vous ne vous marchiez sur les pieds ?

Ne vous inquiétez pas pour ça ; nous travaillons ensemble et à forcer d’échanger avec lui, le ministre Bouda qui est un ainé, est devenu un ami. Mon rôle consiste à donner un avis sur les programmes et projets initiés dans son ministère, et si j’ai aussi des idées, je peux aussi les lui souffler. Avec ses services techniques, nous travaillons en symbiose. Bientôt, nous allons lancer le programme d’insertion professionnelle des jeunes (PISJ), un volet Haute intensité de main d’œuvre (HIMO) a déjà été lancé à Bobo. Nous allons travailler davantage sur les stages-emplois en plaçant 500 jeunes auprès des entreprises sur un an avec une petite indemnité mensuelle. A la fin du stage, on négocie avec les entreprises pour que ceux qui sont meilleurs soient recrutés dans les entreprises. Nous allons aussi lancer un projet pour jeunes dans l’agriculture afin de les inciter à s’intéresser à la terre. Tous ces projets sont élaborés en étroite collaboration entre le ministère de la Jeunesse et l’emploi et moi. Je précise que le projet Himo existait déjà et c’est au nom de la continuité de l’Etat qu’il a été poursuivi, mais les autres composantes font partie du programme du président Roch Marc Christian KABORE.

Vous avez séjourné récemment en Guinée-Conakry.Quel était l’objet de cette visite ?

Le président nous a confié des projets précis et il se trouve qu’en Guinée, une expérience est menée depuis quelques années et qui méritait que l’on s’y rende pour voir comment ça se passe. Dans son programme, le président a promis la création d’une banque des femmes et des jeunes. Nous travaillons pour qu’elle voit le jour dans un délai relativement court. Il faut un peu de temps pour harmoniser nos textes avec la réglementation dans l’espace UEMOA, ce qui n’est pas le cas de la Guinée qui a sa banque centrale. Dès que ces obstacles seront levés, les choses iront vite

Comment sera-t-elle financée ?

Vous le saurez au moment venu. Je ne peux pas en dire plus.

Pour vous, jusqu’à quel âge est-ton toujours jeune ?

Je m’aligne sur les normes internationales ; pour moi, c’est jusqu’à 35 ans, pas au-delà. C’est pour eux que je travaille et au-delà des projets et dossiers que je suis amené à gérer, je suis en train de réfléchir à la création d’un cadre d’échanges et de dialogue pour les jeunes et éviter qu’ils soient dans la rue pour déverser leur colère. Il y a parfois des frustrations qui sont générées par des rumeurs et un manque d’information. Il faut y remédier en créant un cadre pour que les jeunes puissent se retrouver régulièrement, discuter et faire des propositions. Il y a bien sûr la Journée nationale de la jeunesse (JNP) qui a lieu une fois par an, mais entre deux éditions, que fait-on ? Ce cadre offrira l’occasion de faire le bilan de ce qui a été décidé aux JNP et d’apporter des ajustements ; ce sera un cadre où les jeunes pourront par exemple s’essayer aux médias et sur d’autres métiers en dialoguant avec ceux de la diaspora.
Dans le volet entrepreneuriat, nous envisageons la création d’incubateurs dans chaque région afin que les jeunes puissent exploiter leurs potentialités. Nous pensons à un UP10 ou 20 ou 30, c’est-à-dire le regroupement de start-ups les plus innovants en les rendant plus visibles. Au lieu que chacun soit dans son coin, nous ferons en sorte qu’ils se rencontrent au niveau national et participent à des Fora au plan international. Il faut aussi qu’ils aient une place en tant que partenaires quand les investisseurs viennent prospecter, qu’ils prennent part aux voyages d’affaires et qu’ils bénéficient d’une fiscalité particulière afin d’encourager ceux qui prennent le risque d’entreprendre. Le UP peut être rattaché au patronat comme c’est le cas en France et d’ailleurs, on fera en sorte que par exemple le jeune qui est dans l’énergie solaire au Burkina soit connecté à d’autres personnes en Afrique et dans les autres continents.

Les Technologies de l’information et la communication intéresse les jeunes, mais l’accès à l’Internet demeure coûteux. Que faire ?

C’est vrai que la connexion n’est pas toujours top et c’est pour cette raison que le gouvernement travaille à améliorer la connectivité à travers l’installation de la fibre optique.
Cependant les TIC ne sont pas le seul secteur porteur. Je pense que l’agro-business mérite qu’on s’y intéresse un peu plus. La terre ne ment, dit-on, et en outillant les jeunes, je suis convaincu qu’ils peuvent se réaliser. En se lançant dans une production, ils doivent savoir à qui vendre, qui a les intrants, les semences etc. Mais le plus important, c’est opérer une révolution mentale en donnant une image positive de l’agriculture et en faisant comprendre que l’entrepreneuriat agricole n’est pas synonyme d’échec. Nos jeunes doivent être formés aux métiers de l’agriculture et non continuer de faire comme nos parents, car gérer une ferme n’est pas pareil que gérer une boutique. Je crois à la terre et tout ce qui est technologie doit être fait pour les jeunes. Un des objectifs du UP10 sera de sélectionner les start-ups qui sont au top dans la santé, la finance, le transport, l’agriculture, etc., et les mettre en avant.

Vous n’aviez jamais travaillé dans l’administration burkinabè. Comment la trouvez-vous ?

C’est vrai que je découvre la réalité de l’administration avec ses qualités et ses défauts. Je fais partie de ceux issus de la diaspora que le président a appelés à ses côtés, et il a dit que les Burkinabè de l’extérieur ont un rôle à jouer dans la réussite de son mandat. C’est à nous de montrer qu’il a eu raison de nous faire confiance, de trouver nos marques tout en bousculant certaines habitudes qui ne sont pas productives.
Je suis habitué à une façon de fonctionner en Europe, et au quotidien, il y a certaines lenteurs administratives qui ne sont pas toujours compréhensibles. Il faut donc trouver la bonne manière d’impulser une nouvelle dynamique pour faire avancer les choses en tenant compte de l’âge des interlocuteurs, un critère qui compte peu ailleurs dans le management.

Les Burkinabè disent que le changement promis par le MPP pendant la campagne tarde à venir. Que leur répondez-vous ?

C’est vrai, j’entends dire que rien n’est fait, certains même vont jusqu’à regretter l’ancien régime. Mais on oublie facilement d’où on vient après 27 ans de gestion clanique, suivie d’une insurrection et d’un coup d’Etat qui a heureusement échoué. Avec tout ça, nous sommes allés à des élections propres dont les résultats sont salués partout. Bien sûr, l’économie tarde à reprendre, mais c’est parce qu’il n’y pas d’argent dans le pays, et les investisseurs nationaux et internationaux sont réticents à investir. Il faut le dire. Ils ont peur au vu de ce qui s’est passé en l’espace de 12 mois. Mais avec le travail que fait le gouvernement, ils sont en train de revenir. Je note aussi que leur réticence provient en partie des casses faites au moment de l’insurrection et du putsch. Les destructions de biens ont été évaluées à 200 milliards et certains ont tout perdu. Si ce montant était injecté dans l’économie, on verrait l’impact. Il y a aussi la dette intérieure de 200 milliards héritée de la Transition que le gouvernement du premier ministre Kaba Thiéba est en train d’éponger. N’oublions pas que cette dette est constituée des dépenses engagées, des factures impayées et d’autres travaux qui ne sont pas encore au stade de la facturation.
Du coup, les entreprises sont dans le rouge, sans oublier l’argent que certains dignitaires de l’ancien régime ont fait sortir du pays. Nous sommes dans une situation qui est la résultante de tout ce qu’on a connu depuis 27 ans, et ce serait injuste de faire croire que c’est le nouveau pouvoir qui a fermé le robinet de l’argent. Je félicite au passage le gouvernement qui parvient à payer les salaires à la fin du mois car, moi qui suis là où je suis, je vois comment se passent les choses et je comprends mieux. Ce qui n’a plus court, c’est le gain facile, et ceux qui crient le plus fort, sont ceux qui profitaient du système sans rien faire. Soyons patients, il y a du travail qui est en train d’être fait et les résultats ne vont pas tarder. Si tout le monde entre en grève, la situation va s’empirer et les syndicats devraient comprendre que les efforts doivent être partagés.
Pour ma part, je suis disponible et ne veux pas être un conseiller de bureau, mais de terrain. Je suis preneur de toute proposition et action tendant à résoudre les problèmes des jeunes.

Il semble que certains conseillers se plaignent, mais pas ouvertement des conditions dans lesquelles ils travaillent ? En faites-vous partie ?

Je ne sais pas où avez-vous obtenu ces informations, mais c’est vrai qu’on aurait pu rêver à mieux pour travailler. Mais tout cela participe du patriotisme et de la volonté de servir son pays et non se servir. On ne peut pas tout dire sur la place publique, mais la lenteur administrative bloque beaucoup de choses alors que le président a clairement montré sa détermination à rationaliser les dépenses publiques en faisant des coupes budgétaires. Mêmes ses appels téléphoniques sont plafonnés et nous aussi, nous devons suivre cet exemple qui marque une rupture avec les pratiques du passé, où les conseillers étaient comme des roitelets. La situation a complètement changé et aujourd’hui, mon souci est de voir aboutir les initiatives du président, particulièrement en direction des jeunes. Il faut que ces derniers sentent que ça change et qu’il y a des solutions qu’on apporte à leurs problèmes.
Personnellement, j’étais comptable dans une banque en France et j’ai démissionné de mon poste et laissé ma famille pour répondre à l’appel du président. Je vis comme la majorité des Burkinabè, avec pas grand-chose et c’est bien ainsi. Je n’ai pas d’horaires de travail puisqu’il faut être disponible à tout moment. Comme vous le savez, le président travaille beaucoup et parfois très tard. Il nous rappelle en permanence que les dossiers doivent être traités le plus rapidement possible.

Interview réalisée par Joachim Vokouma
Kaceto.net