Affrontements violents, défiance de l’autorité publique, destruction de biens publics et privés, c’est le désolant spectacle qu’offre le Burkina Faso depuis quelques jours. La ou les causes ? La désignation des maires dans les communes. Des violences qui semblent d’ailleurs n’émouvoir personne, tant cela semble faire désormais partie du Burkina post-insurrectionnel .

En d’autres temps, nous aurions assisté à une descente musclée des forces de l’ordre pour empêcher les violences et arrêter manu militari les fauteurs de troubles. Mais depuis l’insurrection populaire, la violence est désormais partie intégrante de l’ADN du Burkina. Une violence qui s’exprime à travers les groupes d’autodéfense dénommé Koglwéogo, mais aussi à travers la jeunesse dans les écoles et dans les rues. L’on se souviendra que des élèves ont brulé les engins de leurs enseignants à Koupéla, que des étudiants ont mis le feu aux véhicules de leurs encadreurs à Bobo, et qu’un jeune s’en est pris au député Laurent Bado.
Des violences qui peuvent s’expliquer par une lutte tenace entre deux camps : ceux qui veulent que les choses continuent comme avant, et ceux qui veulent que les choses changent. Ces derniers, qui ont en général activement participé à l’insurrection populaire et ont risqué leur vie, voyant tomber leurs amis sous leurs yeux, n’ont plus de patience. Parfois dans le même camp politique, on retrouve ces deux tendances. Par exemple, dans plusieurs communes où le MPP, parti au pouvoir est arrivé en tête, des conseillers se sont opposés à l’élection de personnes jugées malhonnêtes et qui, surtout se seraient distinguées négativement durant les années Compaoré. C’est le cas à Gombogo, Houndé, Kantchari, où l’élection du maire a été émaillée de violence.
Qui va remporter ce duel ? D’un côté, il y a ceux qui veulent restaurer l’ordre ancien et qui sont rompus à certaines manières de faire. De l’autre côté, on retrouve les partisans du « Plus rien ne sera comme avant ». Le Burkina est donc à un tournant décisif de son histoire et c’est du côté où penchera le rapport de force que se trouvera la nouvelle orientation politique du Burkina Faso. Soit un Burkina nouveau, plus intègre avec plus de justice sociale et la promotion de nouveaux visages en politique, soit, un Burkina restauré dans les anciennes pratiques, mais sans Blaise Compaoré. C’est tout l’enjeu de ce qui se passe sous nos yeux à travers les actes de violence ces derniers jours qui ont déjà, rappelons le, fait un mort et plusieurs blessés.

Wendkouni Nazé
Kaceto.net