Le site des déplacés de l’aéroport de Bangui, l’une des conséquences les plus visibles du conflit qui a ravagé la Centrafrique, a commencé jeudi à se vider de ses milliers d’occupants sur une intiative du président Faustin-Archange Touadéra à l’approche de Noël, a constaté l’AFP.

Des abris de fortune par centaines à quelques mètres de la piste d’atterrissage : tel est le spectacle qui depuis trois ans sautait aux yeux des visiteurs à leur arrivée à l’aéroport de M’poko.

Des dizaines de milliers de Banguissois - jusqu’à 70 à 80.000 - avaient fui la violence dans leur quartier pour se réfugier près des éléments de l’opération militaire française Sangaris (décembre 2013-octobre 2016) et de la Mission des Nations unies (Minusca).

Jeudi, les déplacés de M’poko ont commencé à parcourir les quelques kilomètres qui les séparent de leur quartier d’origine dans le cadre d’une opération dénommée "Noël à la maison" à l’initiative du président Touadéra.

"Ce n’est que le début de l’opération. EIle concerne 28.000 personnes. Chaque jour, au moins une zone verra les déplacées repartir chez eux et cela prendra au moins 13 jours", a déclaré la ministre des Affaires sociales Virginie Baïkoua.

"Cela fait un peu plus de trois ans que je suis là avec ma famille. C’est vrai qu’on avait pas le choix devant les violences et les tueries", souligne Yvette Pandoné Kitiyé, commerçante.

"Mais il faut se dire que nous étions aussi exposés à d’autres risques, comme un accident d’avion, une explosion de dépôt de carburant, etc. Dieu merci nous allons rentrer. Il va falloir que le gouvernement et la Minusca veillent à la sécurité des déplacés qui rentrent", affirme un enseignant, Jean Ndendé.

Bien des habitants avaient fui les violences du PK5, le quartier musulman de Bangui où des groupes armés sont encore actifs. Nombre d’entre eux ont tout perdu : maisons incendiées, pillées, saccagées, détruites.

Un calme précaire est revenu à Bangui alors que des groupes armés se battent encore dans le reste du pays où l’Etat peine à restaurer son autorité quand il n’est pas absent.

La Centrafrique a basculé dans le chaos en 2013 avec les combats entre groupes armés de la Séléka prétendant défendre les 20% de musulmans et leurs adversaires des milices anti-balaka majoritairement chrétiens. Bilan : des milliers de morts et 850.000 déplacés et réfugiés pour quelque 4,5 millions d’habitants.

AFP