La SONABEL (société nationale d’électricité du Burkina), la SONABHY (société nationale burkinabè d’hydrocarbures) et l’ONEA (office national de l’eau et de l’assainissement) sont toutes les trois des sociétés publiques stratégiques du Burkina Faso ayant pour mission officielle d’assurer des services essentiels à la bonne marche socio-économique de la nation.

Question : de quoi parle-t-on quand les noms-acronymes de ces sociétés apparaissent dans les titres des articles de la presse burkinabè en ligne (lefaso.net, news.aouaga.com, bayiri.com, sidwaya.bf, fasozine.com, lepays.bf, lobservateur.bf, burkina24.com, journaldujeudi.com, aib.bf, mutationsbf.net, etc..) ? Le tableau ci-après présente les références thématiques les plus associées à chacun de ces trois acronymes (SONABEL, SONABHY et ONEA) dans les corpus significatifs de titres constitués pour les besoins de l’analyse. Les chiffres entre parenthèses indiquent le taux de liaison (de cooccurrence si l’on veut : je ne rentre pas ici dans le détail technique) entre les références thématiques et les noms-acronymes ci-dessus cités. Plus ce taux est élevé et plus la co-évocation des deux termes est forte.

Quelques observations et commentaires rapides…

1. Si on met de côté les références triviales « électricité-électrification », « hydrocarbures » (hydrocarbures, essence, gaz, gasoil, carburant, pétrole) et « eau, assainissement », la première référence thématique associée à l’évocation des acronymes SONABEL, SONABHY et ONEA dans la presse burkinabè en ligne est celle relative au… « SPORT » ! (football, basket-ball, handball, volley-ball, etc.) : respectivement 82%, 69,34% et 23,32% de taux de liaison. De fait, les associations sportives sponsorisées par la SONABEL à travers l’AS/SONABEL, par la SONABHY à travers l’AS/SONABHY et par l’ONEA à travers l’AS/ONEA sont d’importants vecteurs de l’image de ces trois sociétés publiques, qu’elle soit interne, de marque ou institutionnelle.

On peut en effet penser que le sponsoring sportif stable et continu crée une association forte entre les associations et les sports (et évènements sportifs) ici sponsorisés et leurs sponsors (les sociétés SONABEL, SONABHY et ONEA), permettant à ces derniers d’améliorer leur image de marque, leur notoriété, ainsi que d’accroître leurs chiffres d’affaire. Mais la distinction entre l’image que ces entreprises publiques veulent donner à travers le sponsoring sportif et l’image telle qu’elle est perçue par les cibles communicationnelles est nécessaire. D’autant plus … voyons plutôt ma deuxième observation…

2. Si ma première observation peut être considérée comme positive, ma deuxième est clairement négative. Car le tableau ci-dessus met en évidence des sujets qui fâchent. En effet, à l’évocation de l’acronyme « SONABEL » la deuxième référence thématique associée est celle relative à la problématique du « DELESTAGE » électrique ; pour l’acronyme « SONABHY », la deuxième référence thématique associée est celle relative à la question des « PRIX » des hydrocarbures ; enfin, pour l’acronyme « ONEA », la deuxième référence associée est celle relative au problème de « COUPURE » d’eau. Délestages électriques, coupures d’eau, fluctuation (souvent haussière) des prix des hydrocarbures notamment à la pompe, qui peut nier que ces problèmes-là sont au Burkina Faso (et un peu partout en Afrique subsaharienne) des phénomènes socialement perceptibles et économiquement handicapants ? Qui peut nier que ces questions occupent désormais une place de choix dans le vécu quotidien des populations des villes et des campagnes, au point de s’ancrer dans leur inconscient collectif ? Je vous laisse méditer…

Je disais tantôt qu’il était nécessaire de faire la distinction entre l’image que l’on cherchait à montrer, à donner à voir et celle qui était effectivement perçue. Eh bien, si le sponsoring sportif entretenu par la SONABEL, la SONABHY et l’ONEA leur est potentiellement bénéfique en termes d’image, de notoriété, cela suffit-il à masquer les problèmes du cœur de leurs métiers qui affectent sans aucun doute leurs clients ? Ces entreprises se posent-elles vraiment la question de la mentalisation, c’est-à-dire au fond, de l’image que ces derniers se construisent d’eux-mêmes lorsqu’ils sont en relation directe avec elles pour le service auquel ils ont droit et pour lequel ils paient le prix (souvent fort) au sens propre comme au sens figuré ? Vous me direz que quand on est estampillé « société d’Etat » opérant sur des secteurs stratégiques et qu’à ce titre on dispose de l’arme absolue du MONOPOLE, on ne s’encombre pas de ces questions… C’est oublier que « le devoir d’un bon pasteur est de tondre le troupeau, non de l’écorcher »... Car la rébellion n’est jamais loin et les conséquences peuvent être lourdes au plan socio-économique !

Ousmane Sawadogo, expert en text mining et web content mining
Kaceto.net