L’Imam Ilboudo Alidou est le directeur du Centre islamique culturel du Burkina (CICB). Nous l’avons rencontré pour évoquer avec lui les publications qui ont circulé sur les réseaux sociaux affirmant que les musulmans ne devraient pas souhaiter un joyeux Noel aux chrétiens ou fêter le nouvel an. Pour l’imam Ilboudo, il faudrait donner beaucoup plus d’enseignement religieux aux populations.

Kaceto.net : Quelle appréciation faites-vous des publications disant que les musulmans ne devraient pas souhaiter un Joyeux Noël aux chrétiens ?

Imam Ilboudo Alidou : Noël, il est vrai, est une fête chrétienne et en ce qui concerne les actes de la célébration, il est évident que le musulman ne peut pas y participer ; mais pour ce qui est de souhaiter la bonne fête, il n y a aucun problème. Cela fait partie des bonnes mœurs et est même souhaité pour des relations de bon voisinage. Le Prophète Mohamed a accepté que des chrétiens prient dans sa Mosquée, donc la liberté de culte existe. Il est demandé de respecter les pratiques religieuses des autres.

Pourquoi selon vous donc, il y a de telles publications ?
S’il y a des gens qui véhiculent de tels messages, c’est que les réseaux sociaux véhiculent ce qui vient d’ailleurs. Dans certaines parties du monde où il y a des guerres et des conflits entre les différentes religions, certains leaders religieux peuvent prendre de telles mesures mais ça ne nous concerne pas.

Qu’est ce qui peut être fait selon vous pour empêcher la propagation de ce genre de message ?
Les leaders religieux que nous sommes, avons une lourde responsabilité dans les messages que nous délivrons. C’est aux leaders religieux de montrer l’exemple. Nous devons beaucoup enseigner la liberté de culte, la tolérance et l’union face au terrorisme. Malheureusement, l’internet peut véhiculer de mauvaises choses très rapidement.

Le Burkina fait justement face au terrorisme. Quelle est la solution selon vous ?
Je crois que nous devons être unis. Les terroristes ne recrutent pas sur la base de la religion. Ils surfent sur la paupérisation et la marginalisation de certaines personnes dans la société. Pour moi, comme le dit le Libanais Kalyl Djibran : ‘’La terre est ma patrie, l’humanité ma famille’’. Nous sommes donc une seule et même famille. Si Dieu a créé une seule terre et un seul ciel pour tous nous abriter, c’est que nous sommes une seule famille.

Avez-vous l’impression qu’il y a une réelle entente entre les religions au Burkina ?
Oui il y a une entente et la vocation première des religieux est de rechercher la paix. C’est ainsi que sous la Transition, vous avez vu les religions s’impliquer avec à leur tête le responsable de la religion traditionnelle, le Mogho Naaba ; ce fut également le cas pour le Collège des sages. Les leaders religieux s’entendent mais il faut un cadre permanent de concertation pour qu’ils parlent tous la même voix et qu’il y ait des représentants dans les régions et les provinces afin que l’entente ne soit pas seulement à Ouagadougou, mais sur l’ensemble du territoire national.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que les musulmans ne devraient pas célébrer le nouvel an ?
Les étoiles, la lune et le soleil sont des astres de la création divine ; vivre selon le calendrier des astres est très bien. Nous ne demandons pas aux musulmans de faire la fête mais la nouvelle année est une occasion de se présenter les vœux et se souhaiter le meilleur. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de souhaiter pour les Burkinabè, la paix du cœur et la paix physique, le bonheur et la relance économique et social ; je souhaite aussi beaucoup de succès pour votre journal kaceto.net

Pouvez-vous nous présenter votre centre ?
Le Centre islamique culturel du Burkina (CICB) est un centre culturel qui dispense des cours d’instruction islamique et des formations en Arabe parlé et écrit. Nous faisons également des débats avec les jeunes de toutes les confessions religieuses et des prières de délivrance. Le centre mène également des activités culturelles comme le chant, et est ouvert à tout le monde sans distinction de croyance religieuse. Toute personne voulant se renseigner sur la religion ou autre chose, est la bienvenue.

Propos recueillis par Wendkouni Nazé