La période des vœux de nouvel an étant toujours ouverte, les Burkinabè vivant en France se sont retrouvés dimanche 29 janvier pour se souhaiter bonne et heureuse année 2017. Comme les précédentes années, la salle des fêtes au premier étage était pleine et certains ont dû suivre la cérémonie dans le hall d’entrée.

Venus de l’île de France et des provinces, ceux qui n’avaient pas pris part à la première rencontre de contact avec le nouvel ambassadeur en novembre dernier ont profité de l’occasion pour faire sa connaissance.
C’est par l’hymne de la victoire, Ditanyè que la cérémonie a débuté, suivi de la décoration de Abdou Karim Ouédraogo au grade de Chevallier de l’ordre du mérite, en récompense du combat qu’il mène avec ses camarades pour la régularisation d’une centaine de sans-papiers Burkinabè. Même si sa situation personnelle est réglée, il continue de soutenir ceux dont le séjour demeure encore irrégulier. Le consul général du Burkina à Paris, Ousman Nacambo et l’ambassadeur ont assuré l’assistance qu’ils continueront de plaider la cause de ceux qui avaient espéré que leur situation administrative serait régularisée après la signature en 2009 de l’accord entre la France et le Burkinabè sur la gestion des flux migratoires. « Nous allons réactiver le comité de concertation sur la question », a déclaré l’ambassadeur Ilboudo.

Le consul a exprimé son souhait qu’à l’occasion du mois de la solidarité nationale qui sera organisée cette année, les Burkinabè de France soient au rendez-vous à l’heure du bilan.
On passe la parole au vieux Pascal Kafando, désigné pour adresser au nom des sages, les vœux à l’ambassadeur et à la communauté diasporique. Connu pour sa discrétion, l’homme n’aime pas la lumière. Son discours a donc été très bref. Juste le temps de souhaiter une bonne santé à tout le monde et un retour dans « vos foyers respectifs ».
Prenant la parole, le coordonnateur des délégués du Conseil supérieur des Burkinabè de l’extérieur (CSBE), Sibiri Célestin Nabaloum, a noté que « l’année 2016 qui s’est achevée a été marquée par des événements heureux et douloureux, dont les multiples attentats dont notre pays a été victime, et les promesses de souscriptions massives au Plan national de développement économique et social (PNDES) qui augurent d’un avenir radieux pour notre peuple, pour ne citer qu’eux ». Il a ensuite demandé à l’ambassadeur de bien vouloir plaider auprès des autorités burkinabè et françaises en vue d’obtenir « la régularisation de la situation de séjour de certains de nos compatriotes ». Reporté en 2010 et 2015, le vote des Burkinabè de l’extérieur devrait enfin être organisé en 2020. Le coordonnateur CSBE souhaite que les conditions soient réunies afin que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions, tout comme l’acquisition d’une maison de la culture, évoquée depuis plusieurs années et qui tarde à voir le jour. Il a terminé son discours en demandant l’accompagnement de l’ambassade pour l’organisation des assises de la diaspora, une initiative portée par des compatriotes depuis 2013 à laquelle souscrit à titre personnel Sibiri Nabaloum. Mais on peut douter que les autres délégués CSBE soient sur les mêmes longueurs d’ondes que lui.

Dernier à prendre la parole, l’ambassadeur Ilboudo a demandé une minute de silence en mémoire des victimes du terrorisme, et du consul honoraire du Burkina à Lyon, Jean-Paul Grollemund, décédé le 25 janvier et dont les obsèques ont lieu aujourd’hui 1er février. Il s’est réjoui aussi du succès de la conférence sur le financement du PNDES les 7 et 8 décembre dernier, et a exhorté la diaspora burkinabè de France « à jouer sa partition dans l’œuvre de construction de notre nation ».
Sur le vote des Burkinabè de l’extérieur en 2020, il a invité ses compatriotes de l’Hexagone « à se mettre en règle auprès des services du consulat, et en vous faisant immatriculer », premier acte qui facilitera le moment venu l’établissement du fichier électoral. A propos de la maison de la culture, l’ambassadeur a promis que la requête sera à nouveau transmise aux autorités. Sur ce sujet comme sur d’autres, il a exprimé sa volonté et celle de la représentation diplomatique à les prendre en charge, avant d’inviter les Burkinabè de France à plus de solidarité et de dialogue qui « doivent être notre credo et guider toutes nos actions ».

Précédemment en poste au Brésil, Alain Gustave Ilboudo a été nommé ambassadeur du Burkina à Paris le 14 septembre 2016, un retour dans une maison qu’il connait pour y avoir séjourné en tant que ministre conseiller entre 2001 et 2006. Si son visage est familier à beaucoup de Burkinabè vivant en France, on ne peut pas en dire autant de ses collaborateurs. Il a donc profité des présentations des vœux pour les faire connaitre et permettre à ceux qui étaient présents de mettre enfin un visage sur chaque nom. Sauf que le patron du 159 Bld Hausmann n’a présenté que les chefs de service, soit au total 14 personnes, ambassade et consulat compris. Pas un mot pour leurs collaborateurs et du personnel dit local, dont certains ont près de 30 ans de service. Un oubli mal vécu par les « petites mains » qui contribuent pourtant à faire tourner la maison et à donner de la représentation diplomatique, une image positive auprès des usagers.
La cérémonie s’est prolongée par la dégustation de mets, boissons et de sonorités musicales burkinabè.

Joachim Vokouma
Kaceto.net