Moi, Kayouré Sambo, je vous le dis !

Cette fois, moi, Kayouré Sambo, je ne vous le dis pas, je vous le demande : est-ce qu’il y a encore une morale en politique ?
L’opinion populaire a toujours soutenu que la politique c’est du mensonge et que les politiciens sont des menteurs. « Bof ! C’est la politique », pour caractériser au quotidien ce qui n’est pas clair. Est-ce à dire que faire la politique c’est pêcher contre la vérité et que par conséquent l’homme ou la femme honnête devrait s’en abstenir ?
L’actualité tend malheureusement à accréditer cette opinion :
François Fillon, candidat de la droite à l’élection présidentielle en France est empêtré dans le « penelopegate » (vocable emprunté au « Watergate » du président Richard Nixon en 1974 aux Etats Unis) ou l’affaire des emplois dits fictifs de son épouse Pénélope et de deux de ses enfants. Le vent en poupe qui devait le mener tout droit à l’Elysée en avril-mai 2017 a plutôt soufflé sur son passé qui l’a rattrapé.
Donald Trump, le tout nouveau président républicain des Etats Unis, lui aussi pris dans l’affaire du supposé et incongru coup de pouce de l’adversaire de toujours, la Russie, pour se faire élire, par voie de piratage informatique. Sans doute par calcul d’intérêts énormes.
Au Bénin, en 2012 l’entourage de l’ancien président Thomas Boni Yayi, a monté une histoire d’empoisonnement contre Patrice Talon pour lui barrer la route du palais présidentiel. La suite, on la connait : les Béninois ont porté cet « empoisonneur » à la magistrature suprême par les urnes en 2016. Moralité : ils n’y ont vraisemblablement pas cru.
L’actualité au Burkina Faso est dominée ces derniers jours par les débats sur les propos contradictoires de Me Halidou Ouédraogo entre 1991 quand il était président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), et 2017 alors qu’il préside la commission pour la révision constitutionnelle. Ce, au sujet de la disparition en 1990 de l’étudiant Dabo Boukary et du rôle qu’aurait joué Salif Diallo, à l’époque conseiller de Blaise Compaoré, aujourd’hui président de l’Assemblée Nationale.
Comment démêler l’écheveau, délier le vrai du faux dans toutes ces histoires et bien d’autres ? Faut-t-il croire que la manipulation et les voltes faces sont inhérentes à la vie politique ? Que l’on peut y faire feu de tout bois en faisant fi de toutes les bonnes manières ?
Autant de questions que se pose de plus en plus l’opinion publique, notamment sa frange jeune, chez nous comme ailleurs. Avec souvent un certain dépit, sinon un certain dégoût pour la chose politique. « On nous prend pour des idiots » ou encore « qui veut-on tromper ? », entend-on dire par-ci par-là. Si fait que ceux qui rêvent d’idéal ne veulent pas s’engager de peur de désillusions. A l’inverse, c’est la course de vitesse vers les partis politiques pour les chercheurs de parts du gâteau à la table du festin, autour des pouvoirs politiques, pour assurer leur pouvoir d’achat. Peu importent les méthodes et conditions.
Pourtant, la politique est non seulement un art mais aussi, d’une certaine manière, un métier avec ses règles éthiques. En plus de devoir penser des projets de société, de pouvoir les mettre en œuvre au profit du grand nombre, l’homme ou la femme politique a un devoir de vérité vis-à-vis de ses militants et des sympathisants qui se reconnaissent dans ses idées. Il est également tenu au respect des électeurs qui lui font confiance.
Certes on n’est pas sur un terrain religieux et les politiciens ne sont pas des saints. Ils vendent parfois des valeurs et des programmes auxquels eux-mêmes ne croient pas : plaire et convaincre à tout prix. Mais la constance, la cohérence et la conséquence devraient être les maitres mots de leur comportement dans le temps et dans l’espace, c’est-à-dire partout et toujours.
Moi, je vous le dis : ces constats et analyses induisent que notre époque aurait bien besoin d’une remise en cause, d’un relooking de la pratique politique pour regagner la confiance de l’opinion publique blasée, en résorbant le fossé qui ne cesse de se creuser avec les bases pour cause de fausseté des discours et des attitudes.

Kayouré Sambo pour
Kaceto.net