A Ouagadougou, la célébration de la journée internationale de la femme au Burkina a été marquée ce matin par une cérémonie organisée sur l’avenue de l’indépendance, en plein centre ville. Vêtues de leur pagne spécial 8 mars, des groupes de femmes venues des arrondissements de la commune de Ouaga et de villages environnants ont défilé au rythme de la fanfare nationale, sous le regard admiratif de Sika Kaboré, l’épouse du chef de l’Etat, de Laure Zongo/Hien, ministre de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille, de personnalités politiques et publiques ainsi que de nombreux badauds, massés le long de l’avenue. Placée sous le thème "la valeur morale de la personne humaine : responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes", cette journée se veut une invite à regarder de près cette situation où des milliers de femmes sont exclues de la vie sociale, stigmatisées, mises en quarantaine parfois sur de simples allégations de sorcellerie. Il faut se rendre au centre Delwindé de Tanghin pour comprendre l’indignité dans laquelle notre société maintient des compatriotes le plus souvent âgées, sur la simple base de croyances ancestrales qui ne fait pas honneur à une société qui se veut civilisée. C’est le sens du contenu des discours qui ont été prononcés ce matin aussi bien par Sika Kaboré que par Laure Zongo/Hien. Au 17 décembre 2016, 926 personnes pour la plupart des femmes exclues sociales ont été enregistrées dans 13 centres d’accueil, a révélé la ministre.
L’autre groupe social mis à l’indexe concerne les jeunes filles qui ont eu le malheur de tomber enceinte hors mariage. Une honte pour certaines familles ! Se sentant déshonorés, des pères n’hésitent pas à prononcer la sentence, l’exclusion de la famille de la "fautive", laquelle n’a pas non plus systématiquement le soutien du père supposé de la grossesses. Les jeunes filles qui tapissent nos rues dès la nuit tombée, obligées de vendre leurs charmes à des amateurs de "chair fraîche" ne sont des victimes de cette intolérance.
Bien sûr, il y a de plus en plus une prise de conscience de ce phénomène par les pouvoirs publics, comme le souligne la première dame. Elle a toutefois noté les défis qui restent à relever pour soigner cette plaie qu’est l’exclusion sociale des femmes qui ne fait pas honneur à l’humanité toute entière. Au delà des lois votées par les parlements ou des centres d’accueil destinés aux femmes bannies, il est de la responsabilité de tout citoyen de veiller à protéger ces proches, tout en prêchant l’inclusion totale de tous les membres dans la communauté nationale.
L’individu est différent de la personne. Le premier terme désigne un être dans sa singularité pendant que la personne implique une appartenance à une communauté. Exclure une partie des membres de la communauté sociale, c’est mutiler l’humanité que chaque personne incarne.

Bonne fête à nos mères et épouses

Kaceto.net