L’anacarde, noix de cajou, nouvel or agricole de l’Afrique ?
Valorisation et transformation industrielle

Madame Massogbé Touré Diabaté et sa marque « noix de cajou Miadi »
L’anacardier est un arbre rustique qui peut atteindre 10 à 15 m à l’âge adulte, une espèce spontanée, utilisée pour le reboisement et de plus en plus cultivée pour son fruit commercialisé sous la forme de pomme ou de noix de cajou. La noix de cajou comporte plusieurs usages, alimentaires, hygiène et santé, cosmétique, huiles, biocarburants.
L’anacarde est la coque qui contient la noix de cajou.
La période de mars à juin 2016 voit affluer de nombreux acheteurs et industriels indiens, vietnamiens, européens, etc., dans les différentes filières d’anacarde, de Côte d’Ivoire, Bénin, Nigéria, Guinée-Bissau, Burkina Faso et autres pays, afin de se fournir en noix de cajou. Ce produit agricole constituerait-il le nouvel or d’Afrique au regard de l’engouement international qu’il suscite ?
La production d’Afrique de l’Ouest va croissant et pourrait atteindre 1 600 000 millions de tonnes en 2016, soit 110 000 tonnes de plus qu’en 2015, selon les associations de producteurs d’Afrique de l’Ouest, alors que le potentiel réel de production en 2016 serait de plus de 2 000 000 de tonnes. La consommation d’amande de noix de cajou va augmenter de 12 % aux États-Unis, 9 % en Europe et de plus d’environ 13 % en Asie, par rapport à 2015, mais l’offre de produits ne devrait pas dépasser les 8 % par rapport à 2015.
Le chiffre d’affaires de l’ensemble de la filière anacarde est passé de 200 milliards de F CFA en 2013 à 337 milliards de F CFA en 2015 (514 millions d’euros), soit une augmentation de 68,5 %. Mais s’il y avait ne fusse que 50 % de transformation industrielle, ces revenus pourraient être multipliés au minimum par 5, soit environ 2,6 milliards d’euros.

Les défis de la valorisation et de la transformation

La production des pays africains représente 36 % de la production mondiale de noix de cajou brutes mais, comme il est difficile de les décortiquer, 90 % de cette production sont exportées sous forme brute, principalement vers l´Inde. Les pays africains qui font l’impasse sur cette phase de transformation perdent donc la possibilité d´avoir des secteurs économiques hautement rentables tels que celui de l´aéronautique. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial en 2015 avec 700 000 tonnes (elle a dépassé l’Inde qui en produit 600 000 tonnes) et qui devrait atteindre 750 000 tonnes en 2016 , ne transforme qu’à peine 10 % de sa production
ivoirienne alors que l’Inde, le Vietnam, troisième producteur mondial, transforment la totalité de leurs productions.
De surcroît, ces pays achètent les productions africaines, les transforment industriellement, et vendent les produits transformés aux USA, en Europe, avec des valeurs ajoutées allant d’une échelle de 1 à 8.
Les gouvernants politiques et économiques de Côte d’Ivoire se sont donc donné comme objectif d’accroître la transformation locale de 10 % à 35 % en 2017. Des initiatives telles que la lancement d’un « Salon International afin de promouvoir les équipements et les technologies de valorisation de l’anacarde », devrait permettre aux investisseurs locaux de saisir des opportunités d’achats de matériels et de maîtrise de process de production industrielle.
En Côte d’ivoire, des acteurs locaux et internationaux se sont déjà lancés depuis quelques années dans la voie de la transformation industrielle. Mme Massogbé Touré Diabaté a monté depuis 2000 la Société ivoirienne de traitement
d’anacarde (Sita), avec un investissement de 10 milliards de FCFA, pour une capacité de production de 3 000 tonnes/an. Elle emploierait directement et indirectement plus de 1 000 personnes, dont 80 % de femmes. En 2012,
c’est l’incontournable géant agro-industriel de Singapour, le Groupe Olam qui est venu faire la concurrence à SITA avec beaucoup plus de moyens financiers et techniques ! Son usine à une capacité de 30 000 t/an, avec un investissement
de 17 milliards de FCFA. La noix de cajou est transformée en pâte alimentaire, biscuits, huile, biocarburants, acides et cosmétiques.

Roland Portella