Les médias de façon générale, ceux en ligne en particulier, participent de la construction sociale de notre réalité, de nos perceptions, de la formation de nos opinions, représentations, attitudes et même comportements. Les choix thématiques (« on est là pour communiquer à propos de quoi ? », la mise en scène (« comment on va en parler ? »), tout cela construit un « contrat médiatique » tacite entre les médias et leurs publics.

Dans cet article, je voudrais partager avec vous quelques indications sur les univers sémantiques associés à l’évocation des femmes dans les titres des actualités burkinabè en ligne et dans ceux des actualités sénégalaises en ligne. Pour les actualités burkinabè, des sites Internet tels lefaso.net, aouaga.com, burkina24.com, bayiri.com, fasozine.com, lepays.bf, aib.bf, zoodomail.com, etc. ont été explorés. Quant aux actualités sénégalaises, des sites Internet tels seneweb.com, leral.net, xibar.net, rewmi.com, lesoleil.sn, igfm.sn, senego.com, pressafrik.com, etc. ont été mis à contribution.
L’analyse du contenu des deux corpus pertinents et significatifs de titres d’actualités de la « presse en ligne » (burkinabè versus sénégalaise) centrés sur les femmes donne les résultats suivants :
Le graphique ci-après montre la répartition de 19 références sémantiques centrales.

De ce graphique ci-dessus, j’identifie les singularités de chaque corpus que je présente sous forme d’un tableau :

Par rapport aux médias sénégalais, on peut observer que les médias burkinabè en ligne ont tendance à mettre plus l’accent sur l’ACTION de promotion, d’aide (soutien), de protection des femmes. Plusieurs domaines ici concernés par cette action - inscrite par ailleurs dans des projets et des programmes - marquent des saillances significatives : les formes de violence et d’exclusion dont les femmes sont victimes, l’éducation et la formation des femmes, le droit des femmes de façon générale, la prise en compte de la problématique du genre (différences non biologiques entre les hommes et les femmes : sociales, psychologiques, mentales, économiques, démographiques, politiques, etc.), la question du travail et de l’emploi des femmes. Deux types d’acteurs sont ici particulièrement mis en avant : les « instances et acteurs politiques » (premiers ministres, membres des gouvernements, chefs d’Etat, assemblées nationales, députés, élus locaux, etc.) et les « associations et Ong ».
Quant aux médias sénégalais en ligne, par rapport à ceux du Burkina, ils se singularisent d’abord par le recours massif à l’image et au son (photos, vidéos, audio) pour mettre en scène les femmes. Le recours à l’image donne l’impression que la « réalité, c’est ce qui vous est montré ». Cette volonté de monstration, d’exposition (pour ne pas dire d’exhibition), est confortée par la mise en scène du « corps » des femmes (il est beaucoup question de leurs seins (poitrines), de leurs fesses, de leurs visages, de leurs peaux, de leurs parties intimes, etc.). Dans le même ordre d’idée, on notera l’inscription significative du sujet des femmes dans les rubriques « people » ou la mise en scène discursive de la thématique « sexe et sexualité » (pas besoin de vous faire un dessin…) Monstration et captation donc… On soulignera, pour être complet, la saillance du thème de la « famille » (père, mère, époux, épouse, mari(e)s, fiançailles, mariages, divorces, polygamie, etc.) et dans une moindre mesure celle de la « santé » des femmes de façon générale.
Pour aller vite, je dirai qu’au sujet des « femmes » les médias burkinabè en ligne semblent plutôt s’inscrire dans une visée d’information qui est plus de l’ordre du « faire savoir » un peu austère… Quant aux médias sénégalais en ligne, ils semblent déployer une visée plus marquée de captation qui est de l’ordre du « faire voir et ressentir » à travers des mises en scène jouant sur les émotions individuelles et collectives. Mais je ne juge pas ici de la qualité ou de la pertinence de l’une ou l’autre démarche.

Ousmane SAWADOGO, expert en Text Mining et Web Content Mining,
kaceto.net