Une vingtaine de mouvements d’opposition et syndicats béninois ont organisé jeudi une marche à Cotonou pour "exiger le retrait immédiat" d’un projet de révision de la Constitution qui fait polémique depuis plusieurs mois dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.

Les manifestants, qui ont marché sur plusieurs kilomètres dans la capitale béninoise, étaient "plus de 10.000", selon les organisateurs - quelques milliers selon un vidéaste de l’AFP, les autorités n’ayant pas donné d’estimation.

"Non à cette révision opportuniste", ou encore "Non à cette révision sans le peuple", pouvait-on lire sur des pancartes de manifestants.

Rassemblés sous la bannière du "Front pour le sursaut patriotique", un mouvement né la semaine dernière pour faire barrage au nouveau texte, ils réclamaient "le retrait immédiat du projet de loi autocratique de la révision de la Constitution".

Le nouveau "Front" rassemble des partis d’opposition mais aussi des syndicats comme la Confédération générale des travailleurs du Bénin, qui reprochent aussi au gouvernement sa politique sur les "questions touchant aux libertés et à la cherté de la vie".

Le président Patrice Talon, qui porte cette réforme, a décidé de faire approuver le texte par l’Assemblée nationale - 4/5e des députés doivent voter pour - plutôt que d’organiser un référendum, comme il l’avait promis l’an dernier.

Les détails du nouveau projet de Constitution ne sont pas connus du grand public, mais il prévoit notamment une discrimination positive en faveur des femmes dans le monde politique, un financement public des partis, ainsi que la mise en place d’un mandat présidentiel unique, une mesure historique sur le continent africain et qui fait débat.

Le fait de ne pas soumettre la réforme au vote populaire, l’opacité des textes, et l’idée d’un mandat présidentiel unique ont suscité de vives protestations au Bénin.

Si les partisans du mandat unique y voient le moyen de ne pas être soumis à la pression des électeurs pendant son mandat, et donc de ne pas recommencer une campagne dès son élection, d’autres estiment que le risque est que "le chef de l’Etat n’aura de comptes à rendre à personne", selon un député de l’opposition.

Lundi, le ministre de la Défense Candide Armand-Marie Azannai, fort soutien du président jusque-là, a démissionné à la surprise générale, justifiant sa décision par le contexte social et économique tendu.

D’autres marches sont prévues dans les prochains jours à venir, ont affirmé à l’AFP des responsables syndicaux.

AFP