Il fallait potasser son droit avant de se rendre au Palais de justice ce matin où comparaissent les ministres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré devant la Haute cour de justice. Avocats de la défense, ministère public et juges se sont livrés à une bataille de procédure pour finalement aboutir à un deuxième report du procès, renvoyé au lundi 08 mai prochain. Ce jeudi matin 4 mai, seules les questions de procédure ont été abordées

Décontractés, un brin souriants, les accusés, membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré étaient présents dans la salle d’audience, prêts pour leur jugement devant la haute cour de justice. Seulement 06 sur les 31 accusés étaient absents au terme de l’appel effectué par le président du tribunal. A l’appel de Blaise Compaoré, son avocat, Me Olivier Sûr se présente, mais le président du tribunal lui fait savoir que son client ne s’étant pas présenté, il ne saurait être représenté par un avocat. S’en suit donc des citations de textes de lois de part et d’autre, mais le juge reste ferme. Me Olivier Sûr ne peut pas plaider au procès.
Place ensuite aux exceptions soulevées par les avocats de la défense. Le débat est houleux avec plusieurs avocats qui se relayent à la barre pour notifier au président de la Haute cour, que la juge Elisabeth Bado n’est pas habilitée à siéger dans ce tribunal. Elle est en effet une juge du Conseil d’Etat, donc de l’administration alors que seuls les juges du judiciaire peuvent siéger dans la Haute Cour. Après moult échanges, le tribunal demande à se retirer pour 15 minutes mais fera finalement 30 minutes avant de revenir se déclarer incompétente pour dire si la juge Elisabeth Bado peut siéger ou pas.

Levée de boucliers des avocats qui enchaînent texte de loi sur texte de loi, estimant que les juges n’avaient pas répondu à la question à eux posée. Le président du tribunal restera là encore inflexible. Le procès doit continuer.
« Nous demandons le renvoi du procès », lancent deux jeunes avocats représentants les anciens ministres Baba Hama et Baba Démé. Commis d’office, les deux avocats n’ont eu connaissance du dossier que le mercredi 03 mai, soit moins de 24h avant le procès. Le parquet s’oppose à un renvoi et le président du tribunal aussi apparemment. Mais les avocats se liguent tous pratiquement passant à tour de rôle à la barre pour exiger le report afin que les avocats commis d’office puissent prendre connaissance du dossier. Me Titinga Frédéric Pacéré monte au créneau. « Je vous le demande en tant que doyen et premier avocat du Burkina », dit-il en substance, pour tenter de convaincre les jurés de reporter le procès. S’en suivra une deuxième interruption de 15 minutes, à l’issue de laquelle le président que le tribunal accède à la demande des avocats. Le procès est reporté au lundi 08 mai 2017 à 9h. L’avocat de Baba Démé estimera que ce délai est très court mais la décision a été actée.
Dehors, des parents de victimes mettent la pression sur le tribunal. Ils tiennent des banderoles représentants notamment les photos des 27 victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. P.K. Victor Pouahoulabou, estime que ce n’est pas normal que se soient seulement 07 dossiers qui sont retenus pour ce procès par la Haute cour de justice alors qu’il y a eu 27 victimes. Que e procès soit à nouveau reporté lui importe peu, l’essentiel pour lui est que justice soit rendue et qu’on sache qui a donné l’ordre de tirer sur les populations.

Hermann Wendkouni Nazé
Kaceto.net