La coordination des Comités de défense des acquis de l`insurrection populaire (CDAIP) de Ouaga interpelle le gouvernement sur l’urgence de mettre fin à l’impunité des crimes de sang et économiques

L’actualité nationale ces derniers temps est marquée, notamment par l’aggravation de la vie chère, la morosité économique, l’absence de perspective pour la jeunesse en matière d’emplois, l’insécurité, le manque criard d’eau et d’électricité, qui frappent les gens du peuple de la ville de Ouagadougou. A cette situation s’ajoute la poursuite de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques que tentent, par diverses manœuvres et parades, d’imposer le pouvoir MPP et alliés et les autres partis dits de l’opposition. En effet le pouvoir MPP et alliés montre ses limites objectives à apporter la justice sociale réclamée à cor et à cri par notre peuple insurgé et résistant. Les annonces répétées pour le début des jugements des dossiers de l’insurrection et de la résistance populaires avant la fin de l’année 2016 n’ont donné lieu qu’à des jugements de menus fretins comme les soldats impliqués dans l’attaque de Yimdi et dans la fameuse tentative d’attaque de la MACA. Pourtant, le pouvoir et la justice savent bien que les dossiers qui tiennent à cœur notre peuple sont ceux des martyrs de l’Insurrection et de la Résistance. Le procès du dernier gouvernement de Blaise Compaoré qui s’est ouvert le 27 avril 2017 est présenté comme celui devant rendre justice aux martyrs de l’Insurrection. Le pouvoir veut sans doute s’en servir pour montrer au peuple sa volonté d’aller dans le sens de la justice. Mais notre peuple n’est pas dupe ! Des rapports d’enquêtes ont indiqué que le Premier ministre de la transition, Yacouba Isaac Zida, et d’autres officiers de l’ex-RSP ont été les superviseurs de la tuerie des 30, 31 octobre et du 2 novembre 2014. L’on sait également que Yacouba Isaac Zida a quitté le pays avec l’autorisation du Président Roch Kaboré et n’est plus rentré pour répondre de ces actes et du pillage record du pays qu’il a organisé avec son équipe de partis politiques (dont ceux au pouvoir actuellement) et d’OSC en une année de gouvernance catastrophique. Il n’est même pas cité comme témoin dans le procès en cours ! Et qu’en est-il de ceux qui ont exécuté les ordres criminels de tuer les enfants du peuple qui se sont insurgés légitiment pour réclamer la justice, la liberté et le changement véritable en faveur de notre peuple ? Autant d’éléments qui montrent que ce procès risque fort d’aboutir à une mascarade et servir l’objectif de réconciliation entre les différentes fractions de la bourgeoisie réactionnaire au mépris de la vérité et de la justice. Et que dire des dossiers Norbert Zongo, Dabo Boukary, Thomas Sankara et bien d’autres ? Si trois ans après l’Insurrection et près d’un an et demi après l’arrivée au pouvoir du MPP et alliés, la justice n’est pas encore dite sur certains de ces dossiers judiciaires emblématiques, on peut en conclure que les tenants du pouvoir actuel y ont des choses à se reprocher. Comme le dit l’adage, on ne scie pas la branche sur laquelle on est soi-même assis ! Mais tôt ou tard tous répondront de leurs actes.
L’on retrouve aussi, dans les manœuvres politico-judiciaires pour couvrir d’impunité ceux qui ont tué les dignes filles et fils de notre peuple et qui ont pillé les ressources du peuple à leur compte et à celui de leurs maitres impérialistes, les gesticulations de certains partis dits de l’opposition. En effet, certains de ses leaders, toute honte bue, se sont démarqués de l’insurrection dont ils ne veulent plus entendre parler et appellent à réhabiliter Blaise Compaoré. D’autres ont même franchi les lignes rouges de la provocation de notre peuple combatif et digne : ils se pavanent en Côte d’Ivoire pour frimer devant les caméras avec Blaise Compaoré et ses amis, chassés par l’insurrection populaire et contre qui des mandats d’arrêts sont en cours pour leurs responsabilités présumées dans de nombreux crimes de sang et économiques. Et comme si cela ne leur suffisait pas, certains, comme Ablassé Ouédraogo de Le Faso Autrement, osent évoquer publiquement que « Blaise a pardonné ». On en est à se demander si c’est le peuple burkinabè qui a été victime du pouvoir de Blaise Compaoré ou si c’est l’inverse ? Tout porte à croire que cette agitation politico-médiatique de l’opposition s’inscrit dans le cadre d’une réconciliation et d’une réunification de la bourgeoisie néocoloniale fortement ébranlée par l’Insurrection et la Résistance populaires dirigées contre elle. Visiblement, majorité et opposition, à travers notamment la CODER et alliés, y ont intérêt au regard de leur lourd passif commun et de l’imbrication de leurs intérêts économiques. Mais sur ce point précis de la réconciliation que veulent concocter pouvoir et opposition sur le dos de notre peuple et de nos martyrs tombés pour la justice et la liberté, les CDAIP de la ville de Ouagadougou réaffirment leur position de principe livrée à la conférence de presse de sa coordination datée du 26 octobre 2016 en ces termes : « …l’histoire récente de notre pays avec la journée nationale du pardon organisée suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo nous conforte dans la position selon laquelle il ne peut y avoir de réconciliation nationale véritable sans vérité et justice véritables. Notre peuple mature ne se laissera pas duper. Les pardons et réconciliations concoctés sur le dos du peuple ne passeront pas. Leurs auteurs et complices les payeront en une nouvelle insurrection ».
Face à l’approfondissement de la crise socio-économique et politique, la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou appelle le peuple de Ouagadougou, les femmes, les hommes et la jeunesse populaire à :
  Se démarquer des manœuvres politiques actuelles de tous les bords qui visent à consacrer l’impunité et à sacrifier la vérité et la justice sur l’autel des intérêts des classes dirigeantes et de leurs maîtres impérialistes ;
  Poursuivre la lutte pour le jugement des dossiers de crimes de sang notamment ceux des martyrs de l’Insurrection et de la Résistance populaires, de Dabo Boukary, de Norbert Zongo, Thomas Sankara ;
  Mettre en place des CDAIP dans les secteurs, quartiers et yaars pour poursuivre la lutte pour la défense et l’approfondissement des acquis de l’Insurrection et de la Résistance populaires et pour un véritable changement politique en faveur du peuple.
Tous les criminels de sang et économiques doivent rendre gorge ! Ni pardon, ni réconciliation sans vérité et justice véritables !
Ouagadougou, le 6 mai 2017

Pour le bureau de la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou,
Elie TARPAGA
Président.