Annoncé depuis plusieurs jours,une centaine de policiers ont manifesté hier 28 juin à Ouagadougou pour demander leur réintégration dans les effectifs. S’estimant injustement sanctionnés, ils ont marché avec leurs épouses sous une pluie battante de la Place de la nation jusqu’à la direction générale de la police nationale où ils ont lu une déclaration à destination du président du Faso. Sur les banderoles, on pouvait lire "juste un peu de justice, pour les policiers radiés" ou encore "au nom de l’unité nationale, les 136 policiers révoqués doivent être réintégrés".
Selon leur porte-parole Mahamadi Tidiga, la réintégration de 136 policiers rayé de la police en 2012 est une injustice qui doit être réparée. En 2011, au plus fort des mutineries qui secoué plusieurs casernes militaires, des policiers avaient également manifesté pour dénoncer la mal gouvernance de leur hiérarchie et demander plus de justice, notamment dans la rétribution des services payés. Le porte-parole des radiés a rappelé que les résultats d’une enquête couvrant la période de janvier 2016 à février 2017 leur donnent raison et fondent la justesse de leur revendication. Demandé par le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, un rapport sur les services payés publiés en mai dernier a mis à nue des malversations dont se seraient rendue coupable la hiérarchie de la police. Pendant que les policiers commis à la sécurité des sociétés privées touchaient 12500 F CFA tous les deux mois, leurs chefs ont empoché au total 130 millions, dont 22 millions pour l’ex direction général, Lazare Tarpaga et 1 400 000 F CFA pour trois directeurs de province. Or, explique, Mahamadi Tidiga, c’est cette mal gouvernance que lui et ses camardes avaient dénoncé et qui leur a valu d’être rayés des effectifs de la police.
Après plusieurs interpellations sans suite, ils ont saisi le Haut conseil pour la réconciliation nationale (HCRUN), sans plus de résultat.

Hier, les ex-policiers ont bénéficié du soutien de la Coordination des comités de défenses et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire de la ville de Ouagadougou (CDAIP). Dans un texte remis à la presse, cette structure de veille citoyenne "exige que les chefs de la police, exploiteurs de leur troupe et mis en cause dans le rapport d’enquête sur les services payés, soient arrêtés et traduits en justice".
Cette affaire, comme bien d’autres font partie de l’héritage encombrant légué par les différents gouvernements sous l’ère du président Blaise Compaoré.

Salam Sondé
Kaceto.net