Présent à Kigali où il participait à l’Assemblée générale annuelle de la Banque Africaine d’Import-Export (AfreximBank) pour le compte de son pays, le ministre camerounais en charge de l’économie, du plan et de l’aménagement du territoire, a confié en marge de cet événement, que la question du FCFA n’était pas la plus urgente de l’heure pour les économies de la CEMAC dont le Cameroun fait partie.

« C’est une question très importante, mais actuellement, cela ne constitue pas le plus gros de nos défis. Nous devons renforcer notre système de production et la diversification de nos économies », a commenté brièvement Louis Paul Motaze. Une réponse qui reste en cohérence avec la résolution prise par les chefs d’Etats de la CEMAC lors d’une réunion extraordinaire à Yaoundé, en décembre 2016, de ne pas dévaluer le FCFA utilisé dans cette zone économique.

Sa précision intervient aussi, alors que, dans l’opinion publique, notamment en Afrique centrale, se diffuse l’idée selon laquelle un risque de dévaluation du FCFA Afrique centrale à 1300 l’euro, aurait fait l’objet discussion entre le président français Emmanuel Macron, celui du Sénégal (Macky Sall) et de Côte d’Ivoire (Alassane Ouattara). Le soutien de l’Afrique de l’ouest aurait été sollicité.

La conjoncture semble donner raison au responsable camerounais. Selon des indicateurs du marché monétaire international, le FCFA Afrique centrale, lié à l’euro, a repris des couleurs sur le dollars US depuis son plus bas niveau de décembre 2016 (631 FCFA vs1$), et se négociait à 577 le dollar le 3 juillet 2017.

Si des mesures de réformes ont été mise en œuvre, tant aux niveaux nationaux que sous régional, on ne peut s’empêcher de lier cette embellie, à un facteur extérieur, notamment l’amélioration de la parité de l’euro (auquel le CFA est lié), sur le dollar.

Le ministre camerounais a de nouveau invité à croire aux Accords de Partenariat Economiques. « Vous ne verrez pas dans des pays développés une préparation de budget où on dit que la Douane doit rapporter tant de ressources. Cette administration a davantage un rôle de protection du marché. Avec l’APE intérimaire, le Cameroun dont les exportations sont plus diversifiées, a voulu protéger ses parts sur le marché européen et pour l’instant, on s’en sort plutôt bien », a-t-il indiqué.

Mais il faut encore que ces différentes ouvertures du pays sur le marché international, se traduisent par des situations positives de la balance commerciale des marchandises.

Selon le rapport annuel d’Afrexim Bank sur le commerce international de biens, les exportations camerounaises ont de nouveau baissé en 2016 quoique de manière plus modérée (1%) pour atteindre seulement 4,2 milliards $ contre 4,3 milliards $ en 2015.

Dans le même temps, les importations de biens ont augmenté de 5,7% à 7,7 milliards $, occasionnant un déficit commercial de 3,5 milliards $, soit le plus important depuis 2014 où il était de seulement 2,7 milliards $. Par ailleurs on note que le volume total du commerce des marchandises du Cameroun a progressé de 3,2% en 2016, à 11,9 milliards $. Mais la part du pays sur le marché mondial demeure à 1,1%. C’est ce positionnement du pays sur le marché international, qui fait dire à des analystes comme Dieudonné Essomba, qu’à terme, une dévaluation sera inévitable si les choses ne changent pas.

ECOFIN