Opposé au vaccin obligatoire, David Rachline lie "immigration massive" et retour des maladies disparues. Une affirmation inexacte qui a provoqué une vive émotion dans l’hémicycle.

C’est une vieille obsession de l’extrême droite que le sénateur Front national David Rachline a exprimé dans l’hémicycle ce mercredi 5 juillet. Alors que le débat portait sur la mise en place de la vaccination obligatoire annoncée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, l’élu de Fréjus a affirmé que le retour des maladies disparues étaient dues à "l’immigration massive".

"Vous-êtes vous demandé pourquoi les maladies disparues de notre sol depuis longtemps refaisaient surface ? Il faut avoir le courage de dire que l’immigration massive dans ce domaine est la meilleure piste de réponse", a affirmé le sénateur FN. Une affirmation inexacte qui a provoqué une vive émotion sur les bancs du Sénat, phénomène assez rare dans cette assemblée pour être souligné :

Alors, qu’en est-il ? Contrairement à ce qu’affirme David Rachline, les experts attribuent la responsabilité du retour des maladies disparues, comme la rougeole (concernée par la réforme annoncée), à une couverture vaccinale insuffisante. Dans notre pays, champion du monde de la méfiance envers les vaccins, le retour de cette maladie a été constatée dès 2008, avec un pic en 2011.

"Sa diffusion et l’épidémie qu’a connue la France sont la conséquence d’un niveau insuffisant et hétérogène de la couverture vaccinale", notait l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES).

Les populations immigrées venant d’Afrique sont souvent associées au "retour de la tuberculose en France". Or, comme le montrait Le Monde l’an passé, la maladie n’avait jamais disparu du territoire et sa tendance baissière s’observe depuis plusieurs années.

Pour autant, il est vrai que les migrants sont les plus exposés une fois arrivés. "Les données en population générale montrent ainsi que la proportion des ménages immigrés habitant dans un logement de mauvaise qualité est plus élevée que chez des ménages non immigrés, et qu’ils sont aussi plus touchés par la pauvreté en termes de conditions de vie", notait l’InVS en 2013. Les migrants "ne sont pas forcément arrivées malades. Ce sont les conditions de la précarité qui précipitent le déclenchement", confirmait au Figaro Jeanine Rochefort, déléguée Ile-de-France de Médecins du monde. Le vaccin contre la tuberculose est par ailleurs recommandé par les autorités de santé.

Malgré ces faits et les avis des experts, le Front national reste opposé à l’obligation de la vaccination et continue de voir dans le retour des maladies dites "disparues" la responsabilité de l’immigration. Sur France Inter ce mercredi 5 juillet, Marine Le Pen s’est dite "tout à fait opposée" à cette disposition proposée par la ministre de la Santé. "Ça oblige les parents, dont une grande partie sont opposés à cette vaccination multiple dont nous connaissons assez peu les conséquences à long terme", a-t-elle ajouté. Ce qui est, là encore, inexact, comme l’ont montré de nombreux spécialistes.

Romain Herreros Journaliste politique
Huffingtonpost.fr