"Avant, quand il y avait un décès, les gens demandaient une voiture bâchée à un voisin pour transporter le cadavre, mais aujourd’hui, beaucoup de gens comprennent que cela n’est pas indiqué. Ils font donc appel aux services de pompes funèbres". Ces mots sont de Jacob Marcelin Ilboudo le directeur de Burkina sépulture (BURKISEP).

Les gens font de plus en plus appel aux services Burkisep pour transporter les cadavres. L’entreprise existe depuis 1991 et est la seule entreprise privée de pompe funèbre reconnue par la mairie de Ouagadougou. En dehors de Burkisep, il y a également les pompes funèbres burkinabè qui sont semi-privés.

"Nous avons procédé à des exhumations de corps sur le chantier de la route Dassasgho, Hôpital Yalgado". L’exhumation de corps est l’un des nombreux services offerts par Burkisep. Au moment de la construction de Ouaga 2000 également, plusieurs corps ont été exhumés pour être enterrés au cimetière. Service méconnue par la plupart des Burkinabè, il est néanmoins de plus en plus demandé surtout par les gens qui veulent vendre leur maison ou leur parcelle qui abrite la tombe de leur parent. "Il n’est d’ailleurs pas conseillé d’enterrer les morts sur les parcelles d’habitation selon le directeur de Burkisep. Pendant que nous échangeons, il est interrompu par la secrétaire qui voulait des détails pour une évacuation du corps d’un ressortissant chinois. Le transfert de corps est l’un des services offerts également par Burkisep. "Nous faisons les évacuations vers les provinces du Burkina mais aussi vers tous les pays du monde. C’est cependant la vente de cercueils qui constitue la principale activité de Burkisep.

Les prix des cercueils commencent à 87.500 CFA et peuvent aller jusqu’à plus de 2.000.000 FCFA. "C’est vrai qu’au moment ou on commençait, il y avait des cercueils de 38.000 ou 45000, mais ce n’est plus possible parce que tout est devenu cher", confie le directeur de l’entreprise.

Une équipe d’employés travaillent en permanence à la confection des cercueils de différents modèles au sein de l’entreprise. Burkisep emploie 14 permanents et 22 occasionnels. "Nous avons du personnel capable d’aller sur le lieu d’un accident grave pour prendre le corps et le mettre dans un cercueil. On vient de nous informer par exemple de la présence de 05 morts dans un incendie et nous allons nous occuper de l’inhumation" explique monsieur Ilboudo. Puis d’ajouter : "Tout le monde ne peut pas faire ça et il faut bien que quelqu’un s’en occupe, parce que certaines personnes font des cauchemars à la simple vue d’un cercueil" .

Les fous qui meurent sur les routes, les personnes sans famille signalée, tous sont pris en charge par Burkisep, à la demande de la mairie centrale, car un contrat lie les deux entités. "Nous avons une représentation aussi à Bobo Dioulasso et nous comptons en ouvrir dans d’autres villes parce qu’il y plein de gens qui viennent d’ailleurs pour solliciter nos services".

La mort est un événement douloureux et parfois les gens sont déboussolés et Jacob Ilboudo tient à les rassurer. "Vous pouvez faire appel à nos services à n’importe quelle heure de n’importe quel jour. Nous pouvons nous occuper absolument de tout depuis l’enlèvement du corps, l’organisation des obsèques, le formol, la mise en bière, le creusage de la tombe, l’enterrement et même la construction de la tombe".

Quant à savoir si l’entreprise marche bien, "c’est une entreprise qui travaille quand il y a mort d’homme, même si des gens peuvent se sentir offusqués par ma réponse. Ce que je peux dire, c’est que, comme toute entreprise, parfois ça va et parfois ça ne va pas".

Le manque de place dans les cimetières demeure le plus gros problème pour les pompes funèbres. "Nous avons demandé depuis longtemps des cimetières dans chacun des 05 arrondissements de la ville, mais quand on parle de mort, les maires n’écoutent plus",confie Jacob Ilboudo. Il ne resterait plus de places disponibles au cimetière de Goughin et il y en a très peu dans celui de Toudoubwéogo. Quand au cimetière de Kamboinsin, Jacob Ilboudo conseille à la mairie de parceller le peu d’espace qui reste afin d’éviter qu’il soit mal utilisé. Il estime d’ailleurs que les nouveaux éventuels cimetière devraient être confiés aux professionnels afin d’en gérer l’espace de façon optimum. Il en va de même pour les morgues, notamment celle de Yalgado dans la quelle se pose un véritable problème de gestion selon Jacob Ilboudo. " Il est arrivé l’an passé que des corps restent deux (02) semaines dans des casiers non fonctionnels", confie t-il, "ce qui n’est pas normal puisque les gens payent 5000 FCFA par jour et 10000 FCFA par jour pour les étrangers afin de conserver leurs corps.

Burkisep espère donc se voir confier la gestion de morgues et de cimetière pour une utilisation plus rationnelle. Jacob Ilboudo confie cependant que cela n’a pas été facile pour ses proches d’accepter son métier. Comptable de formation, il a été embauché par le fondateur de Burkisep avec qui s’établira une véritable relation de confiance. C’est du vivant de ce dernier qu’il a souhaité que Jacob Ilboudo prenne sa succession à sa mort. Sa volonté a été donc été respectée et Jacob Ilboudo continue d’assurer ce service pour "soulager au mieux les parents dans un moment de grande tristesse".

Kaceto.net