Créés début juin 1994 quelques mois après la dévaluation de 50% du F CFA, les Engagements nationaux sont devenus au fil des ans un complément indispensable à l’action de l’exécutif burkinabè. Avec des résultats !

Dans son discours de politique générale prononcé le 5 février 2016 devant l’assemblée nationale, le premier ministre Paul Kaba Thièba avait déclaré à propos de l’éducation nationale : « Pour garantir l’accès à une éducation de qualité à tous, conformément à l’engagement pris par le président du Faso, il sera procédé à la normalisation de toutes les écoles sous paillotes et des écoles à trois classes.
Dès l’année 2016, sur un total de 800 écoles sous paillottes, 160 seront normalisées grâce à l’effet conjugué des efforts de l’Etat complétés par l’investissement humain des populations et l’utilisation des matériaux locaux ». Un peu plus d’un an après, le 17 avril 2017 exactement, à nouveau devant les députés pour son discours sur l’état de la nation, il avait établi le bilan suivant : « Au niveau du préscolaire, les actions menées par le gouvernement ont visé à renforcer l’offre éducative et à améliorer significativement les conditions d’enseignement/apprentissage dans tous les ordres d’éducation. A ce titre, 4 blocs de 2 salles de classe ont été construits et livrés au niveau du préscolaire. Au niveau de l’éducation de base les résultats réalisés portent essentiellement sur : - la construction de 142 écoles en matériaux définitifs sur une prévision de 160 écoles primaires sous paillotes à résorber ».

Dans une interview qu’il a accordée à Kaceto.net le 8 août dernier, le ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Jean Martin Coulibaly s’est voulu rassurant sur la résorption des classes sous paillotes : « Le chef de l’Etat a pris l’engagement de résorber le stock des écoles sous paillotes d’ici 2020, soit la construction de 4353 classes. La cérémonie de lancement du programme de résorption qui a été lancé par le premier ministre en mai 2016 à Fada, se veut être le point de départ de cette promesse.
Sur les 160 écoles que nous avons annoncées en 2016, la plupart de ces complexes ont été réceptionnés et livrés, c’est-à-dire 400 classes, et nous avons privilégié la région de l’Est parce que c’est la plus exposée. Nous avons lancé la construction de 750 autres, en 2017, toujours dans la même dynamique de résorption, car dans l’imaginaire des Burkinabè, les régions de l’Est, du Sahel et le Sud-ouest sont difficiles, et depuis de longues années, il est difficile d’y envoyer des fonctionnaires ». Dans la région des Cascades aussi, les écoles sous paillotes est un casse-tête pour les acteurs de l’éducation. Au cours d’un atelier tenu le 21 septembre dernier, il est ressorti que le nombre de classes sous paillotes est passé de 231 à 285 entre 2012 et 2016 et le phénomène serait en progression.
L’engagement de l’exécutif à réduire considérablement le nombre des écoles de fortune, à défaut de les éradiquer totalement est réel, avec le ministère de tutelle en première ligne dans cette bataille. Pour respecter son engagement, le président du Faso peut aussi compter sur le Secrétariat permanent des engagements nationaux et des programmes d’urgence, une structure logée à la présidence.

Créés début juin 1994 quelques mois après la dévaluation de 50% du F CFA, les Engagements nationaux visaient à mobiliser la population dans les batailles de la préservation de l’environnement, l’accroissement de la production agro pastorale, l’organisation rationnelle du secteur informel et de l’artisanat, et le soutien aux activités rémunératrices des femmes. Faisant le bilan dix ans après, le président Blaise Compaoré avait déclaré que les Engagements allaient entrer dans une étape dite de « maturité », en ciblant désormais les secteurs de l’’éducation, la santé, la lutte contre le chômage des jeunes et la promotion des droits humains. En 2014, à l’occasion des 20 ans des Engagements, un bilan a été établi dans plusieurs secteurs. (Voir Encadré en fin d’article).
Elu en novembre 2015, le président Roch Kaboré a non seulement maintenu les Engagements nationaux, mais il s’est engagé à leur insuffler une nouvelle dynamique. Dans un contexte post-insurrectionnel où la demande sociale est forte, les programmes d’urgence ont été ajoutés aux Engagements.
Depuis le 30 novembre 2016, c’est Boukaré Compaoré qui a reçu la mission d’impulser la nouvelle dynamique et de contribuer à apporter des réponses aux promesses du président Kaboré. « Le Secrétariat permanent ne se substitue nullement aux ministères de tutelle, mais intervient dans des endroits où il y a des urgences, son fonctionnement étant plus souple que les administrations ministérielles », explique une source interne. Comme son prédécesseur, le nouveau patron des Engagements nationaux sillonne les quatre coins du pays pour voir de près la réalité des nombreuses demandes qui arrivent sur son bureau. « Sur place, il arrive que la doléance formulée ne soit pas totalement justifiée ou qu’il faille lui donner un autre contenu », précise la même source. Pas question de rester à Ouaga et se fier aux informations reçues de ceux qui sollicitent un soutien. Les demandes sont d’abord examinées et acceptées par une commission selon des critères géographiques et sectoriels. Autrement dit, un besoin urgent peut être exprimé dans une région, mais dans un secteur qui n’est pas retenu et vice versa.

Selon les documents consultés par Kaceto.net, 8 écoles primaires, 2 CSPS et 84 forages ont déjà été réalisés depuis l’arrivée du Secrétaire permanent Compaoré, en attendant la fin des travaux de construction de CSPS, de CEG et de la salle polyvalente du Namentenga. Pour 2017, le Secrétariat permanent des Engagements nationaux compte réaliser 17 complexes scolaires, 4 CSPS et 200 forages au profit des populations burkinabè, la plupart sous financement de la coopération taiwanaise. Boukaré Compaoré ne manque toutefois pas de souligner à chacun de ses déplacements : les Engagements nationaux viennent en appui aux efforts du gouvernement dans les différents domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures, de la promotion de la jeunesse etc.
Fort de 23 années d’acquis, et afin d’optimiser des interventions, le Secrétariat des Engagements nationaux va à court terme renforcer ses capacités institutionnelles pour mieux assurer son rôle d’encadrement des projets en cours au sein des départements ministériels dans les domaines de l’agriculture, de la formation professionnelle, de la santé, de l’éducation etc. Et être au rendez-vous à l’heure du bilan du mandat du président Roch Kaboré.

JV ; Kaceto.net

A l’occasion du 20e anniversaire des Engagements nationaux célébré en 2014, un bilan exhaustif a été dressé par le secrétariat permanent.
Education
 117 centres d’éducation de base non formelle équipés
 312 écoles satellites construites ainsi que 11 complexes éducatifs
 2 CEG construits
 15000 femmes formées en gestion et techniques de production
 47000 auditeurs alphabétisés
 500 enseignants formés en approche genre et droit ;
 110 conseillers pédagogiques formés en approche bilingue
Santé
 43 CSPS réalisés
 2 centres de prise en charge des femmes victimes de fistules obstétricales construits
 30 forages positifs construits
 250 tradipraticiens formés
Environnement
 44.127.055 plants produits et mis en terre
 58.000 ha de terres incultes aménagées et exploitées
 460 jardins maraichers et forestiers
 9000 guides d’autoformation en éducation environnementale édités
Agriculture
 19.341 ha de bas-fonds aménagés pour la production de riz pluvial
 55, 763 tonnes de riz pluvial produits, soit 20% de la production nationale
 4480,4 tonnes d’engrais, 26672,5 tonnes de NPK, 1807,9 tonnes d’urée, 1076 tonnes de semences améliorées de riz (FKR19 et TS2), 25 batteuses à moteur, 39 batteuses à pédale, 3 trieuses de paddy, 20 épierreuses, 24 testeurs d’humidité, un testeur de qualité et 40 décortiqueuses mis à la disposition des producteurs ;
 349 puits réalisés, un bouli et plus de 85.000 producteurs appuyés sur plus de 400 sites
 Construction d’un barrage à Yakouta et de l’abattoir frigorifique de Ouagadougou
 30 bassins de production d’alevins construits et 5000 alevins produits
 364 tracteurs, 400 motopompes, 3000 pompes à pédale, 200 moulins à grains, 5000 matériel aratoires mis à la disposition des producteurs
Lutte contre le chômage des jeunes
 37.325.000.000 FCFA de crédits octroyés aux promoteurs
 15.365 microprojets financés ; 50.831 emplois crées ou consolidés
 2.889.456.000 FCFA débloqués pour faciliter l’accès des femmes au crédit direct.
Promotion des droits humains
 Contribution à l’exécution de l’opération de délivrance massive d’actes d’état civil ;
 5000 jeunes filles dotées de pièces d’identité
 Sport/Divers
 4 stades avec tribunes couvertes, 62 terrains de football et 21 plateaux omnisports construits ;
 72 maisons de jeunes équipées
 Un palais des sports couvert de 4600 places construit
Au total, plus de 100 milliards de FCFA ont été mobilisés en deux décennies pour le programme (78 milliards de FCFA pour la première décennie et plus de 50 milliards jusqu’en 2014)

Kaceto.net