Après leur président la veille, les militants de l’UPC étaient devant les journalistes hier matin au siège du parti. Pour demander aux 13 députés de rendre immédiatement leur démission sous peine d’y être contraints.

Hier mardi 10 octobre, les militants de base du l’UPC comme ils se désignent eux-mêmes, ont animé un autre point de presse après celui de leur président la veille. Ils sont revenus sur ce qu’ils qualifient de complot fomenté par 13 députés qui ont créé un groupe parlementaire, dit UPC/Renouveau démocratique, tout en affirmant être toujours de la famille UPC. Contrairement à leur président Zéphirin Diabré qui qui dit être ouvert au dialogue avec les démissionnaires, les jeunes eux, demandent aux 13 "traitres" de rendre leur mandat en démissionnant de l’UPC.
Pour Jean Leonard Bouda et ses camarades, l’UPC serait victime de trahison de la part de ces députés et il est de leur devoir en tant que militants à la base de demander leur démission, car dit-il, « ce sont les militants qui élisent les membres du bureau politique national. Ce sont les militants qui ont saigné, souffert, dépensé et battu campagne pour que des individus, hier méconnus du grand public, deviennent des députés sous l’étiquette de l’UPC ».
D’après ces jeunes, ces 13 députés ont vendu le mandat du peuple pour leurs intérêts égoïstes, purement alimentaires et cela ne peut être toléré. Jean Leonard Bouda affirme que le fait que ces derniers disent ne pas quitter le parti, mais juste le groupe parlementaire est un cadeau empoisonné qui ne dit pas son nom. « En réalité, ces camarades ne sont plus en phase avec les populations qui les ont mandatés, mais pour ne pas perdre leurs avantages (émoluments voitures de fonctions, missions grassement payées, privilèges divers), ils veulent nous divertir en disant qu’ils sont toujours du parti. Nous ne sommes pas dupes », explique t-il. Puis d’ajouter : « Le député tient son mandat du peuple par rapport à une position défendue par sa famille politique, et dès lors qu’il a trahi cet esprit, c’est qu’il a renié son mandat et devra en supporter les conséquences ».
Lesquelles conséquences n’ont d’ailleurs pas échappé à Korbéogo/ Ouédraogo Fatima, l’une des députés démissionnaires qui a fait l’objet d’agression deux fois consécutives à son domicile qui a failli être brûlé et vandalisée par ces militants en colère. Aussitôt la conférence de presse achevée, une délégation composée de quelques maires, ainsi que de militants se sont rendus au domicile de la députée, non pour une visite de courtoisie, mais pour lui demander de rendre immédiatement son mandat en démissionnant du parti. Devant son domicile, une une foule immense attend, des agents de la police également. Sauf que ceux-ci ne sont pas là pour les même raisons. La police à une mission toute différente, celle d’empêcher l’accès au domicile de la famille Korbéogo. "Nous sommes réunis tous ici dans l’intention de voir Korbéogo Fatima pour quelle nous remette notre mandat », déclare Moustapha Kouanda un des militants de l’UPC, qui poursuit : "Nous avions battu campagne pour cette dernière pensant qu’elle allait subvenir aux besoins des militants que nous sommes, et à notre plus grand étonnement, nous voyons qu’elle ne défend que des intérêts privés, ceux de sa famille. Nous ne sommes donc pas d’accord avec ce comportement. Nous venons retirer notre mandat pour le remettre à quelqu’un qui pourra nous représenter dignement à l’Assemblée nationale. Si nous sommes dehors, c’est par ce que les forces de l’ordre nous l’on demandé et vu que nous respectons la loi, nous n’avons pas désobéi ; nous avons envoyé deux personnes comme l’ont souhaité les forces de l’ordre pour récupérer notre mandat. Si cette dernière ne nous remet pas notre mandat aujourd’hui, nous ferons la garde tous les jours devant sa porte ».
Pour en savoir davantage, Kaceto.net décide de rejoindre les deux militants en conclave avec la députée à l’intérieur du domicile. Sous la terrasse, les deux parties sont sont en concertation sous le regard bien attentif des forces de l’ordre et de sécurité. Après presque deux heures d’échange les choses semblent être rentrées dans l’ordre. Les deux camps se séparent dans le calme.

Interrogée, la députée Korbéogo/ Ouédraogo Fatima s’est longuement confiée :
« Tout à commencé avec l’apparition d’un article de presse dans le journal Courrier Confidentiel du 10 septembre passé. Nos noms sont parus dans le journal comme étant des taupes, comme étant des traîtres qui étaient en train de fomenter un coup pour la création d’un grand parti de gauche avec Salif Diallo. C’est donc sous ce titre que nos noms ont été cités et nous avons été incriminés (7 députés au total). Suite à cela, six députés mis en cause ont écrit une lettre au président du parti, Zéphirin Diabré pour demander ce qui se passe. Moi, j’étais hospitalisée sous le choc de la nouvelle. J’ai même fait deux jour à l’hôpital et quand j’en suis sortie, je me suis rendue au domicile de mon président pour comprendre comment mon nom est paru dans le journal, surtout que nous avions appris que la liste était détenue par lui Zéphirin Diabré, ce qu’il n’a pas nié. Il m’a répondu en disant que mon nom est sur la liste parce que des gens m’ont vu sortir du bureau de feu Salifou Diallo et qu’un député du nom de Kiémdé Elisé cherchait à me voir, et que je ne suis pas venue le lui rapporter. Sur le champ, je lui ai dit que j’ai bien rencontré Salifou Diallo, mais à sa demande. Il voulait me confier une tâche en relation avec l’Assemblée nationale. Quant au député Elysée Kiemdé qui voulait me voir, nous nous sommes jamais vus, raison pour laquelle je n’ai pas jugé nécessaire de lui en faire part. Le président me répond en disant que d’autres sont venus le voir pour la même raison, et il ajoute que d’ailleurs, je mets trop de distance entre nous, et que désormais que lorsqu’il y aura un problème, il faudra venir immédiatement lui faire part. J’ai dit comptez sur moi président, et je suis repartie toute contente croyant avoir levé le malentendu. Le lendemain, j’entends dire que la députée Korbéogo est allée se confesser chez le président. Quand j’ai entendu le mot « confesser », je suis rentrée dans tous mes états et j’ai démenti être allée me confesser, car se confesser, c’est qu’on reconnait avoir fauté et qu’on demande pardon. J’ai écrit même au journal pour démentir.
A partir de ce moment, j’ai jugé dangereux de me désolidariser de mes camarades car nous sommes liés par un même problème. Il faut rester ensemble et travailler à faire éclater la vérité. Et c’est comme cela nous avons commencé à énumérer les problèmes que nous rencontrons au sein du groupe parlementaire, puis décidé de créer un autre groupe parlementaire. Voilà comment les choses se sont passées. La fameuse liste existait depuis plus de deux mois sur le bureau du résident Diabré. Pourquoi avoir attendu tout ce temps avant de la faire sortir ? », s’interroge la députée. Elle se demande pourquoi le président de l’UPC n’a pas appelé les mis en cause pour vérifier les rumeurs. Se voulant positive même après avoir subie des violences physiques, Korbéogo/ Ouédraogo Fatima dit être déterminée à faire éclater la vérité aux yeux de tous et réaffirme au attachement à l’UPC, car le dit-elle, "nous sommes une famille et quelque soit le problème, il faut éviter la confrontation et la la violence. Si nous nous étions assis pour parler, nous aurions pu éviter ce qui nous arrive. Mais il n’est pas tard pour bien faire. Je demande qu’on mette balle à terre afin que nous puissions régler le conflit ».

Frédéric Thianhoun
Kaceto.net