Comme promis, la marche meeting du CED a bel et bien eu lieu ce samedi 21 octobre malgré le fait que ses organisateurs n’ont pas obtenu l’autorisation. Elle n’a pas eu lieu à la Place de révolution comme annoncé, mais au Rond-point des Nations Unies. Elle fut de courte durée, les forces de l’ordre ayant dispersé les manifestants. Pascal Zaïda et trois de ses camardes sont arrêtés

Il est 8h, quand quelques pro- Zaida arrivent au rond-point des Nations Unies et se forment par petits groupes . Les consignes de la police sont claires : pas plus de quatre personnes ensemble, sauf les journalistes. Chose que les manifestants n’apprécient guère. Au loin, un homme lance un cri de colère :
« Personne ne bouge ; que ces policiers veuillent ou pas, nous allons manifester. Ils n’ont même pas honte. Au lieu d’aller au Sahel arrêter les terroristes, ils sont ici. Vous n’êtes même pas fichus de nous rapporter un seul terroriste ». Son voisin renchérit : "Nous n’allons pas bouger car, dans le pays, plus rien ne vas. Ils refusent qu’ont aillent voir le Mogho Naaba. Est-ce qu’ils lui ont dit que le prix des denrées a augmenté ? Est-ce qu’ils lui ont dit qu’il n’y a pratiquement plus de terres dans les zones non-loties parce qu’un certain Abdoul Services a tout raflé ?"
Les pro-Zaïda sont déterminés à marcher, advienne que pourra. Les forces de l’ordre sont également sur le qui-vive.
Il est 9h et toujours pas de Pascal Zaida à l’horizon. Las d’attendre, on se résout à l’appeler pour s’entendre dire que « la marche aura lieu devant l’ex assemblée nationale et qu’il y a déjà une forte mobilisation des militants ». On y accourt et sur place, on constate la présence d’une dizaine de jeunes munis de bidons d’essence, klaxonnant et sifflant. « Nous avons faim et nous ne voulons plus de tout ça ! Rendez-vous au front pour la marche », lance l’un d’eux avant d’inviter la presse à se rendre au Rond-Point.
Retour donc à la case départ. il est exactement 10h 08 minutes quand celui que tout le monde attendait arrive en compagnie de quelques gros bras.
La police lui barre le chemin. « Monsieur Zaida, repliez », ordonne le commandant de l’équipe de police. « Laissez-nous passer, nous allons à l’ex assemblée voir quelqu’un », réplique un proche de Zaida.
Subitement, les coups de matraque commencent à pleuvoir, suivis de bousculades. Finalement, Zaïda et ses amis reprennent la direction opposée, direction RAN Hôtel où ils comptent improviser une conférence de presse.
Après quelques mètres parcourus, Zaida se rétracte et veut coûte que coûte retourner devant le Rond-point des Nations Unies pour prononcer son discours. Ses camarades tentent de l’en dissuader. Il obtempère et continue sa marche dans la direction de RAN Hôtel. « Zaida, Zaida, Zaida », crient ses partisans, excités.

A hauteur de la maison du peuple, un véhicule de police en pleine vitesse se dirige vers la foule. C’est la panique et la débandade totale. Aussitôt garé, les policiers font usages de violence par des matraques et jettent du gaz lacrymogène sur la foule ainsi que sur les journalistes, qu’ils confondent avec les manifestants. Un confrère reçoit du gaz en plein visage et votre serviteur un coup de matraque. « Dispersez-vous », hurlent la police. Les acolytes de Zaida tentent bien que mal de protéger leur héro, malgré les coups de matraques violents qui continuent de pleuvoir sur lui. Devant l’immeuble Telmob, les choses prennent une autre tournure. Des marchands de téléphone munis de bâtons et de ceintures s’en prennent à Zaida. "fils de p..., ne vient pas te réfugier ici. On t’a dit d’annuler la marche et tu a défié l’autorité. Ne le laissez pas, frappez-le, bastonnez-le », crient des commerçants qui assènent des coups de bâtons et de ceintures sur la personne de Zaida. Ils le couvrent également d’injures. La bastonnade devient plus violente. Tous les soutiens ont fui, l’abandonnant à la vindicte de la foule. Comme un vulgaire malfrat, il est copieusement rossé. La police intervient, le saisit et le jette dans un véhicule pour une destination inconnue. « Nous n’étions même pas venus dans l’intention d’assister à la marche, mais par finir, tout cela nous a énervé et c’est pour cela que nous l’avons tapé », explique un marchand de téléphone portable. Les avis divergent. « De mon point de vue, ce qu’ils ont fait à Pascal Zaïda doit être puni parce qu’il n’a pas violenté quelqu’un. Il est sorti juste pour dire non à la manière dont le pays est gouverné et la police qui devait le protéger a contribué à le violenter. Pourquoi ?" Question à laquelle le ministre de la sécurité répondra certainement dans les jours à venir.
Plus loin, un autre lance, « tôt ou tard, l’histoire donnera raison à Zaida. Pendant que le terrorisme sévit dans le Sahel, le gouvernement déploie tous ces policiers pour une simple marche. Nous ne pouvons qu’être choqués par cet agissement »

Frédéric Thianhoun
Kaceto.net