A l’occasion de l’an III de l’insurrection populaire, une cérémonie officielle a été organisée devant le Monument des martyrs, en présence du président du Faso et son gouvernement

Il y avait foule hier 31 octobre devant le Monument des Martyrs à Ouaga 2000, à l’occasion de la cérémonie organisée en mémoire de ceux tombés devant les barricades lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Le président du Faso, Roch Marc Kaboré et son gouvernement étaient là, ainsi que des ambassadeurs accrédités dans notre pays.
Il est 10h00 quand la sirène retentit au monument des martyrs. Aujourd’hui est un jour de deuil. Un jour de tristesse. Il rappelle à de nombreuses personnes présentes un événement très douloureux qui les a privés à jamais de leurs proches, fauchés alors qu’ils étaient sortis pour demander plus de liberté et de démocratie.
Mais c’est également un jour anniversaire, celui du renversement du régime de Blaise Compaoré qui, après 27 ans de pouvoir, en voulait davantage.
Une minute de silence a été observée en hommage aux morts et aux blessés, suivie de dépôt de gerbes de fleurs par le président du Faso. Enfin, l’hymne nationale, le Ditanyè a été entonné, marquant en même temps la fin officielle de la cérémonie.
Pour le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, le 31 octobre représente un jour de victoire pour le peuple burkinabè, et qui est désormais inscrit dans l’histoire de notre pays. "Nous sommes ici pour rendre hommage à nos martyrs tombés lors de cette insurrection qui a changé l’histoire du Burkina Faso. Notre devoir c’est de faire en sorte que ce qui est arrivé ne se reproduise plus. Nous demandons à Dieu d’accueillir au près de lui les martyrs tombés pour la bonne cause", a t-il déclaré.

Quant à Victor Pouachoulabou, président de l’Association des parents de l’union des martyrs des 30 et 31 octobre, il exprime un sentiment contrasté : "Nous sommes très contents de cette célébration, mais ce qui nous inquiète, c’est la justice qui traîne et nous ne savons pas pourquoi. Nous voulons demander le soutient de l’ensemble du peuple burkinabè. Si ces enfants sont morts pour libérer ce pays, ce n’est pas nous qui allons nous laisser faire", comment t-il.
Safiatou Lopez, présidente de la coalition des OSC quant à elle qualifie cette commémoration de mascarade.

« Nous avons eu un espoir entre-temps, mais aujourd’hui, nous sommes déçus de voir que trois ans après rien, n’a toujours été fait pour juger les coupables de cet acte. En tout cas, moi, j’ai perdu espoir. Tout le monde a vu quelle a été la part de la société civile dans cette lutte, et aujourd’hui ils n’ont nullement mentionné le nom de la société civile dans cette commémoration. Au contraire, nous voyons tout ce qui est fait derrière pour anéantir la société civile. C’est alarmant ».

Frédéric Thianhoun
Kaceto.net