Après New-York en marge de l’AG de l’ONU mis septembre, les cinq pays du G5 Sahel ont à nouveau rendez-vous le 14 décembre prochain à Bruxelles : boucler le budget de la force conjointe.

Le 14 décembre 2017 se tiendra à Bruxelles, en Belgique, une table-ronde des contributeurs au budget du G5 Sahel, l’organisation créée par 5 pays du Sahel (Burkina, Mali, Niger, Tchad, Mauritanie) pour mutualiser leurs moyens dans la lutte contre le terrorisme. Un rendez-vous sur lequel fondent beaucoup d’espoirs les dirigeants du G5 Sahel pour boucler le budget estimé à 423 millions d’euros, loin d’être bouclé. Hier 6 novembre, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, était face aux journalistes pour faire le point des discussions menées fin octobre à New-York lors d’une session spéciale du Conseil de sécurité
Présidée par la France, la session a porté sur l’examen du rapport du SG de l’Onu, António Guterres, sur le financement conséquent et pérenne du G5, en présence des ministres des Affaires étrangères des pays concernés (Burkina, Mali, Niger, Tchad Mauritanie), ainsi que du président de la Commission de l’Union africaine, Faki Mahamat.
Le poste de commandement central de cette force conjointe des cinq pays a été inauguré le 9 septembre dernier par le président malien Boubacar Keïta à Sévaré, près de Mopti. Elle devrait compter environ 5000 hommes fournis par les pays membres, un renfort important aux forces nationales déjà sur le théâtre de la lutte contre le terrorisme.
Au plan organisationnel, la force conjointe va se déployer sur trois fuseaux : le fuseau central basé à Niamey, couvre les frontières du Burkina, du Mali et du Niger ; celui central à l’Ouest couvre les frontières de la Mauritanie et du Mali et enfin, le troisième fuseau sera logé à l’Est, dans le Tibesti au Tchad.
Sur le papier, tout est prêt, sauf qu’il manque l’essentiel pour mener à bien la guerre contre les terroristes et qui risque d’être très longue : l’argent !
Le ministre Barry a rappelé l’état de la mobilisation des fonds destinés au financement de la force conjointe : sur un besoin estimé à 423 millions d’euros, soit 270, 470 F CFA, milliards de F CFA, seulement 108 millions d’euros annoncés, (plus de 70,243 milliards de F CFA), y compris les contributions des cinq qui apportent chacun 10 millions d’euros, non pas en numéraires, mais calculé sur la base du déploiement sur le terrain en hommes et en équipement sur le terrain.
« On est très loin du compte », a commenté le patron de la diplomatie burkinabè. La table-ronde de Bruxelles est donc très attendue, mais sans trop d’optimisme, sachant que les Européens estiment que 250 millions d’euros devraient suffire.

Lors de l’interview accordée aux médias français le week-end dernier, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a indiqué que les forces du G5 Sahel devraient être traités au même niveau que les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Le budget de 423 millions d’euros proposé par les Africains permet de maintenir le niveau de motivation des forces en présence, sachant que les terroristes opèrent selon un mode opératoire qui se joue des frontières.
Très sceptique sur l’efficacité des opérations placées sous le commandement onusien, les Etats-Unis rechignent à contribuer au financement du G5. Selon le ministre Barry, ils ont néanmoins apporté 70 millions de dollars sous forme d’appui bilatéral aux 5 pays, et pour le Burkina, 15 millions de dollars en soutien à nos forces armées, déjà présentes au sein de la Minusma avec 1760 hommes.
« Il ne s’agit pas de mendicité internationale », a répliqué le ministre à la question d’un confrère. « On pose un problème qui concerne l’ensemble du monde. La Libye a été touchée et les conséquences débordent dans d’autres pays ; donc il faut que ceux qui ont plus d’argent contribuent plus pour que nous puissions combattre le terrorisme qui n’épargne aucun pays. Assurer la sécurité de l’Afrique de l’Ouest, c’est assurer la sécurité de l’Afrique, de l’Europe et du monde ».
En attendant de boucler le budget du G5 Sahel, chaque pays mène des opérations de sécurisation de ses frontières. Depuis 2015, le Burkina a subi 80 attaques qui ont fait 130 et dans le Nord, 2000 enfants ne vont plus à l’école, conséquences des menaces terroristes qui pèsent sur cette partie du pays.
« Avec ou sans les 108 millions déjà annoncés, mais pas encore disponibles, des opérations ont déjà commencé », a commenté la ministre.
La pauvreté étant une des causes du terrorisme, Alpha Barry a rappelé que le gouvernement burkinabè a lancé en août dernier le Plan urgence Sahel (PUS) « pour faire des investissements massifs dans les services de base et des activités de production visant à créer de l’emploi et éviter que les gens soient enrobés par les terroristes ».
Le G5 Sahel bénéficie bien évidement du soutien de l’UEMOA, de la CEDEAO et de l’Union africaine, mais « sans contribution financière ».

JV ; Kaceto.net