A la veille de l’arrivée du président français au Burkina, notre chroniqueur décortique les thèmes les thèmes qui sont évoqués dans la presse française en ligne lorsqu’on parle du Burkina. Saisissant !

Dans notre monde traversé de part et d’autre par des flux continus d’informations, il va sans dire que les médias, tout en nous informant, participent de façon significative à la construction de notre réalité : celle de nous-mêmes, celle du monde et celle d’autrui en particulier. Aussi, à l’occasion de la venue du président Macron au Burkina Faso, j’ai voulu savoir de quoi parlait la presse française en ligne quand elle évoquait le « Burkina » dans ses titres.
Pour ce faire, deux corpus pertinents et significatifs de titres d’articles publiés en ligne ont été recueillis et analysés : un corpus de titres issus des sites Web de la presse régionale française en ligne (plus d’une quarantaine de sites visités : ouest-France.fr, sudouest.fr, lavoixdunord.fr, ledauphine.com, leprogress.fr…) et un corpus de titres issus des sites Web de la presse nationale (et à vocation internationale) en ligne (une vingtaine de sites fouillés : lefigaro.fr, lemonde.fr, liberation.fr, humanite.fr, tempsreel.nouvelobs.com, lexpress.fr, lepoint.fr, mediapart.fr, france24.fr, rfi.fr…). Je précise par ailleurs que chacun des corpus regroupe des titres d’articles publiés en ligne entre 2013 et 2017.
Le graphique ci-après présente les taux de liaison (en %) des principales thématiques associées à l’évocation du mot « Burkina » dans les titres des publications de chacun des deux corpus analysés. Il autorise quelques observations :

1. La thématique « sécuritaire » est de loin la plus structurante dans les deux corpus, même si l’on note que la presse nationale (et à vocation internationale) française accentue davantage cette thématique. Mais des singularités signifiantes méritent d’être soulignées :

2. La presse nationale (et à vocation internationale) française en ligne (PNL-France) met nettement plus en scène les thématiques « politiques/géopolitiques » et de « droit/justice » que ne le fait la presse régionale française en ligne (PRL-France).

3. La presse régionale française en ligne, à la différence de la presse nationale en ligne, met clairement plus l’accent sur l’action des « associations, Ong et fondations », sur les questions « d’ « éducation et de formation », sur les thématiques du « sport », des « arts, culture et spectacles » (danses, musiques, théâtre, cinéma, festivals, sculptures, littérature…), des « enfants, jeunes, filles et femmes », de la « santé » et de l’ « aide/assistance ».

4. Enfin, il apparaît que des questions non moins importantes comme celles de la « finance », des « entreprises et industries » et de l’ « agriculture & élevage » sont évoquées, mais de façon marginale dans les deux corpus (même si les deux dernières sont plus présentes dans les titres de la presse nationale en ligne).
Il y aurait donc, pour aller vite, deux intentions de communication différentes sur le Burkina Faso dans la presse française en ligne : celle qui privilégie la mise en scène de questions politiques, judicaires et sécuritaires en particulier ; C’est celle que manifeste la presse nationale française en ligne. Et celle qui met préférentiellement le projecteur sur les questions sociales, sur les acteurs associatifs et de la solidarité internationale pour le développement ; C’est celle qu’exprime la presse régionale française en ligne. L’écho du « monde vécu intersubjectif » pour emprunter un concept cher au philosophe allemand Jürgen Habermas…
Ce double « point de vue » français comme on dirait dans le domaine photographique, je l’avais déjà identifié dans un précédent article publié ici-même. Le 29 Août 2017, lors d’un discours à l’Elysée devant les Ambassadeurs français, Emmanuel Macron annonçait ainsi sa prochaine visite au Burkina Faso : « L’Afrique, disait-il, n’est pas seulement le continent des crises, c’est un continent d’avenir. Nous ne pouvons pas le laisser seul. (…). Je me rendrai prochainement à Ouagadougou pour porter ce message. » Je fais confiance à l’homme du célèbre « en même temps » quant à trouver les mots pour concilier les enjeux urgents (sécuritaire et migratoire) et le message de l’espoir et de renouveau cette fois devant la jeunesse burkinabè et africaine. Une chose est sûre, il aura un accueil chaleureux, digne et mémorable au « pays des hommes intègres », car bien accueillir l’étranger, cela fait partie des valeurs cardinales du « burkindi ».

Ousmane SAWADOGO, Expert en Text Mining et Web Content Mining
Kaceto.net