Les étudiants de la promotion 2016-2017 du département Sciences économiques et de gestion (SEG) de l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, sont à couteaux tirés avec leur administration. En effet, des divergences entre étudiants et personnel académique, qui ont abouti à l’ajournement des 1 596 étudiants ayant pris part à la session normale du premier semestre (S1).
Quel est le scénario qui a conduit à la situation qui y prévaut actuellement ? Lisez !

Le climat est tendu ces dernières semaines à l’Université Nazi Boni, et plus précisément au département des sciences économiques et de gestion (SEG). Les étudiants de la première année de ce département (SEG1) sont, en effet, opposés à leurs responsables académiques. Contestant les conditions d’administration de leurs évaluations, ladite promotion a refusé de prendre part à sept évaluations. Ce refus leur a valu au bout du compte, de récolter « sept zéros » dans les matières dans lesquelles ils ont refusé de composer. Mais le comble dans cette série pour les étudiants en question, c’est sans doute la délibération faite par l’administration le 16 décembre 2017, malgré les sept devoirs non composés. Un tour sur les lieux d’affichage des résultats nous a permis de constater qu’aucun des 1 596 étudiants concernés n’a pu valider la session normale du premier semestre (S1). Depuis lors, il n’y a plus de cours, ni d’évaluation, pour ladite promotion.

Non-respect de la charte

Nous avons pris le soin de rencontrer les deux délégués de la promotion. Abdoul Aziz Ouédraogo et son adjoint Aurel Somé ont tous confié que tout est parti du non-respect de « la charte des modalités d’administration des contrôles des connaissances ». Ladite charte qui date de mai 2014, ont expliqué les délégués, stipule que la date d’un contrôle est proposée par l’enseignant ou l’administration, en concertation avec les étudiants. Cette même charte précise que le contrôle doit être organisé au plus tard dans les deux semaines suivant la fin du cours. Ce qui n’a pas été le cas, à entendre les représentants de la promotion. Selon eux, ils ont terminé les cours de huit matières sur les neuf du semestre, avant d’avoir leur première évaluation, le 21 juin 2017. Et de tiraillement en tiraillement, racontent Aurel Somé et Abdoul Aziz Ouédraogo, ils partiront en vacances le 31 juillet, avec le seul devoir composé. Selon les deux délégués, l’administration, non contente de ne pas tenir les évaluations dans les intervalles de temps prévus par la charte, a sorti un programme le 1er août 2017, à l’insu des étudiants. Ce programme fixait les évaluations du 3 au 6 octobre 2017, à raison de deux devoirs par jour (matin et soir). Les étudiants ont souhaité un réaménagement du calendrier, qui soit plus relaxe. Chose que l’administration va refuser.

La médiation du ministre

C’est de là qu’est né le bras de fer ayant conduit au refus de participer aux évaluations. Les délégués ont assuré avoir cherché, juste avant et après le « boycott » des devoirs, à dialoguer avec les dirigeants de l’UFR. Pour preuve, ils ont affirmé avoir demandé maintes fois des audiences avec l’administration, mais leur main tendue n’a jusque-là pas été saisie. Leur seule lueur d’espoir, ils l’ont eue avec le ministre en charge de l’enseignement supérieur. Le Pr Alkassoum Maïga, ont-ils souligné, qui était présent à Bobo-Dioulasso à l’occasion de l’installation du nouveau président de l’UNB, leur aurait promis de solutionner le problème, de concert avec leur administration. Cette promesse, ont regretté les étudiants, est restée sans suite. Les deux représentants des étudiants disent être convaincus que c’est un piège qui leur a été tendu, pour éventuellement faire venir une police universitaire. « Ils s’attendent à ce que nous réagissons de manière violente, pour pouvoir nous coller l’étiquette de vandales », a laissé entendre le délégué adjoint, Aurel Somé. Pour le moment, la session de rattrapage est programmée du 11 au 20 janvier 2018. Mais la promotion n’entend pas respecter ce calendrier. En tout cas, pas avant que leurs zéros collectifs soient levés et les devoirs boycottés repris. Dans le souci d’équilibrer l’information, nous avons cherché à rencontrer les responsables de l’Unité de formation et de recherche en sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion (UFR/SJPEG). Joint au téléphone une première fois, le directeur, le Dr Joseph Bayara nous a d’abord promis de prévenir son supérieur hiérarchique, avant de nous filer quelque version que ce soit de la situation. Mais recontacté une deuxième fois, il a jugé inopportune une intervention dans la presse en ce moment. Car l’administration, nous a-t-il dit, serait toujours en concertation sur le sujet. Il a donc promis de nous revenir dès qu’il sera prêt.

AIB