De gauche à droite Sipho Moyo (Chef du Personnel et Directrice de Cabinet), Charles Lufumpa (Economiste en Chef et Vice-président par intérim), Kapil Kapoor (Vice-président par intérim, Opérations sectorielles), Abebe Shimeles (Directeur par intérim/Chef de Division) et Nadège Désirée Yaméogo (Economiste de Recherche Supérieure)

Les économies africaines connaissent une période de croissance inédite depuis une décennie, mais la pauvreté et les inégalités n’ont pas pour autant diminué en proportion inverse de cette croissance, indique l’édition 2015 du Rapport sur le Développement en Afrique du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD). Le rapport a été lancé le 26 juillet 2016 au siège de l’institution à Abidjan en Côte d’Ivoire. La cérémonie était présidée par Kapil Kapoor, vice-président par intérim, Opérations Sectorielles, représentant le président de la Bad, Akinwumi Adesina.
Depuis une dizaine d’années, les économies africaines connaissent une période de croissance inédite dans l’histoire du continent. Pour autant, la pauvreté et les inégalités n’ont pas diminué en proportion inverse de cette croissance. D’où ces questions : Quel est l’effet de la croissance sur la pauvreté et les inégalités ? L’Afrique est-elle en mesure de relever les défis du développement durable, aujourd’hui et demain ?
Cette édition 2015 du Rapport sur le développement en Afrique entend répondre à ces questions par des analyses, des synthèses et des recommandations. Son objectif est de guider la prise de décisions politiques et de contribuer au débat en analysant ce qui s’est passé ces dernières années – notamment pour voir ce qui a réussi et ce qui a échoué – et en s’interrogeant sur les solutions capables de faire tomber les obstacles qui continuent d’entraver le développement durable en Afrique.
Le fait est que la croissance économique récente de l’Afrique ne s’est pas accompagnée d’une véritable transformation structurelle. Résultat : des millions d’Africains, notamment des femmes et des jeunes, restent les grands oubliés de la croissance. Le rapport souligne le rôle indirect des diverses formes d’inégalités, qui empêchent la croissance de l’Afrique de se traduire en une prospérité pour tous. L’inégalité d’accès aux ressources économiques et aux opportunités se reflète dans les fortes inégalités des revenus, dans les écarts entre les sexes, dans la fracture entre les villes et les campagnes, dans le sous-emploi des jeunes et dans la priorité limitée attribuée aux secteurs les plus à même de réduire la pauvreté, à savoir l’agriculture, les agro-industries et l’industrie manufacturière.
Dans l’Avant-propos, le président Adesina dit : « Je suis convaincu que le développement du continent passe par des améliorations réelles des conditions de vie dans toute la société. L’analyse menée dans le rapport montre qu’une généralisation des inégalités limite le potentiel de croissance et compromet les efforts de lutte contre la pauvreté. Avec des écarts de revenus qui demeurent considérables depuis des décennies, l’Afrique reste l’une des régions les plus inégalitaires au monde. »
Pour maintenir les succès de la croissance récente et, en même temps, rendre la croissance de demain plus inclusive, il faut des politiques adaptées, capables de diversifier les sources de la croissance et de garantir la participation la plus large possible de tous les segments de la société. Il importe donc que l’Afrique adopte une nouvelle trajectoire de développement axée sur une véritable transformation structurelle. Les travailleurs doivent abandonner les secteurs à faible productivité pour se concentrer sur les secteurs plus productifs et mieux rémunérés. Il importe aussi qu’elle accorde une attention particulière aux secteurs les mieux à même de réduire la pauvreté, comme l’agriculture et les industries manufacturières, qui devront bénéficier en priorité des investissements publics et privés.
En ajoutant de la valeur à ses exportations de produits de base, l’Afrique peut améliorer sa compétitivité sur les marchés internationaux tout en répondant aux besoins du marché domestique, notamment sur le plan de la sécurité alimentaire. S’il insiste sur le besoin de cibler certains secteurs en priorité, le rapport formule aussi des recommandations portant sur la nécessité de réduire les écarts de revenus, les inégalités entre les sexes et les disparités entre les villes et les campagnes, ainsi que de promouvoir l’emploi des jeunes.
Ces objectifs s’inscrivent d’ailleurs parfaitement dans la Stratégie décennale du Groupe de la Banque africaine de développement (2013-2022), qui entend, en collaboration avec ses pays membres régionaux, stimuler une croissance inclusive et de plus en plus verte. Plus récemment, les cinq domaines prioritaires du Groupe de la Banque ont porté sur les actions que doit mener la Banque pour être beaucoup plus efficace dans son action en faveur des pauvres. En veillant à ce que la croissance de l’Afrique soit à la fois durable et inclusive, la Banque continuera de mobiliser des soutiens en faveur des efforts déployés sur l’ensemble du continent pour améliorer la vie de tous les Africains.

Source : Banque africaine de développement