Les hommes et femmes de la chaîne de valeur du secteur du textile et de l’habillement ont égrené, ce dimanche, devant Sa Majesté le Mogho Naba Baongho, les difficultés qui sont susceptibles de miner leur secteur d’activités si rien de conséquent n’est fait, aussi bien de la part des décideurs politiques que des autorités morales, pour le booster.

En septembre 2015, sous la période de la Transition, décision avait été prise de faire du Faso dan Fani, le pagne officiel du 8-mars, journée internationale de la femme. Cette volonté a été réaffirmée en février 2017.

Mais, las d’attendre la prise de dispositions pour optimiser le concept « Consommons burkinabè », ils (les acteurs du Faso dan Fani) entendent monter au créneau et ils l’ont fait savoir au cours d’une présentation de vœux au Mogho Naba Baongho.

« Les organisations de tisseuses se sont mobilisées pour accompagner la mesure gouvernementale en engrangeant des résultats significatifs en cinq (5) mois d’activités en 2016 », a expliqué l’expert en textile africain, Désiré Maurice Ouédraogo.

En effet, ce sont, entre autres, 5000 balles de fils vendus à hauteur de 450 millions de FCFA, seulement 385500 pagnes produits et vendus à 2 milliards et demi de FCFA pour un marché de 20 millions de personnes. A cela, il faut ajouter les retombées pour les autres acteurs que sont les vendeurs d’intrants (encre, colorants, etc.).

« C’est pourquoi, il n’est opportun pour aucun Burkinabè, sur la base de la recherche effrénée d’argent, de ternir cet élan national en allant faire reproduire ces produits en Asie », a martelé M. Ouédraogo.

Car agir ainsi, c’est contribuer, selon lui, « à faire disparaître le Faso dan Fani de notre patrimoine culturel et saper une des bases réelles d’un développement durable pour notre pays ».

Mieux, les hôtes de l’Empereur des Moose ont souhaité que « dorénavant, chaque année, la journée du 7-janvier ou tout au plus le premier dimanche de janvier, soit consacré au port du Faso dan Fani.

Le Faso Dan Fani (FDF), rappelle-t-on, est un tissu et un pur produit du savoir-faire africain et adopté par les Burkinabè. C’est pour sacraliser cette vision des choseset valoriser le FDF que l’ensemble des groupes socioprofessionnels ont sollicité et obtenu une audience auprès du Mogho Naba Baongho, afin qu’il soit leur porte-flambeau au nom del’ensemble des chefs coutumiers du pays.

Le Mogho Naba Baongho a réitéré à ses hôtes ses vœux de santé et de prospérité et les a assurés qu’il agira dans la limites de ses possibilités tout en rappelant que la « fierté nationale » qui entoure le port du Faso dan Fani.

« Nous sommes attentif à toute recherche de solutions, et c’est pourquoi les portes du palais vous restent toujours ouvertes », a-t-il dit.

— 1% [seulement] du coton transformé—

Pour leur part, les acteurs de la filière ont rassuré Sa Majesté de leur engagement constant à soutenir toutes les actions du gouvernement visant à augmenter le taux de transformation du coton qui stagne à moins de 1% actuellement ; le reste de la production étant purement et simplement exporté.

Le secteur du textile compte, de nos jours, sur le plan industriel, une seule usine, notamment La filature du Sahel, qui emploie environ 250 personnes. Dans son ensemble, près de 300000 acteurs interviennent dans l’artisanat textile.

« Les acteurs ont hâte d’être soutenus et accompagnés par des formations et des crédits d’investissement pour passer à la phase semi-industrielle et industrielle et devenir de véritables Etalons dans le domaine du textile en Afrique comme ce fut le cas pour les Dragons en Asie », a ajouté l’expert en textile africain, Désiré Maurice Ouédraogo.

Le FDF est passé aujourd’hui d’une production traditionnelle à une production contemporaine grâce aux efforts de l’ensemble des acteurs. Cette ingéniosité des artisans burkinabè a mis le Faso dan Fani en vedette à travers des Fashion Weeks au Burkina, en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis.

M. Désiré Maurice Ouédraogo, rappelle également que « le Faso dan Fani a été désigné meilleure tenue des délégations lors du défilé d’ouverture des Jeux olympiques de Rio 2016 au Brésil ».

« Mêmes nos enfants, de la maternelle aux universités en passant par les lycées et collèges, ont des journées dédiées au port du Faso dan Fani », a ajouté M. Ouédraogo qui ne perd pas de vue le fait remarquable que le président du Faso, les membres du gouvernement et de nombreux Burkinabè, comme Sa Majesté, « en portent majestueusement et avec fierté ».

AIB