Pour renforcer les liens entre salariés et avec la direction, inculquer l’esprit de groupe et imprimer la philosophie de l’entreprise, rien ne remplace une excursion, loin du siège de l’entreprise, rassemblant tous ceux qui y travaillent, le temps d’une détente de quelques heures. Hors de l’entreprise, les codes habituels s’effacent, les positions de domination s’affaiblissent pour laisser place à un groupe de bons copains qui trouvent du plaisir à être ensemble. C’est à cette forme de communication que s’est livré CIM METAL GROUP le 27 janvier 2018, sur le Pic du Nahouri, dans la province du même nom.
Comme d’autres journaux, Kaceto.net était de la partie. Retour sur une journée destinée à « découvrir quel visage se trouve derrière les mails, les notes de services et les demandes de congés », selon le mot du DG de CIMFASO, Inoussa Kaboré

La deuxième édition de « Immersion », la sortie sportive et récréative organisée par CIM METAL GROUP sur le Pic du Nahouri à l’attention du personnel a eu lieu samedi 27 janvier dernier. Le départ avait été fixé à 6h, au siège de Kanis, une des sociétés du GROUP, sis Avenue Kwamé Nkrumah. Mais manifestement, beaucoup n’avaient pas bien réglé leur réveil. A l’heure du départ, à peine une vingtaine de salariés sur 400 qui ont finalement pris le départ étaient présents. Mais très vite, le parking de l’entreprise s’est rempli d’engins à deux et quatre roues. Habillés de polo blanc, un bas sportif bleu et d’une casquette floqués aux couleurs de l’entreprise, ceux qui font tourner la boite au quotidien sont manifestement heureux de se retrouver un samedi matin de bonne heure. On se rassemble par affinités. Des salariés qui n’ont pas encore leur équipement pressent des responsables pour obtenir, qui un polo, qui une casquette, qui un pantalon de bonne taille. « Mais, patron, le pantalon que vous m’avez donné-là est trop petit ; regardez comment je suis », insiste un salarié auprès d’une dame.

A 6h50, les cars loués pour transporter les sportifs d’un jour se positionnent : 6 de la compagnie Elitis, inaugurée il y a quelques semaines et qui propose aux voyageurs ce qu’il y a de meilleurs sur le marché burkinabè, voire sous-régional, et 2 de Rahimo, une autre compagnie qui occupe une place importante sur ce segment de l’économie burkinabè. Les voyageurs sont invités à y monter, le départ étant annoncé via un mégaphone. Comme il fallait s’y attendre, on se précipite vers les cars Elitis, histoire de découvrir ce qu’une passagère considère comme étant un « avion par terre ». Tout le monde est presque monté. Encore quelques minutes pour charger des sacs de riz dans la soute.
A 7h12 précise, le long cortège s’ébranle en direction de Pô, dans la province du Nahouri. Comme dans un avion, une hôtesse souhaite la bienvenue aux voyageurs et donne des consignes de sécurité en même temps qu’est diffusée une vidéo sur le même sujet : interdiction de fumer dans les toilettes, comment casser les vitres en cas de nécessité, obligation de porter la ceinture de sécurité, etc. Elle rappelle que les toilettes, qui n’ont effectivement rien à envier à celles d’un avion, doivent être utilisées uniquement en mode urinoir, pas plus, et enfin, l’accès au WIFI en couverture réseau.
On quitte Ouagadougou au moment où les rues sont déjà encombrées par les usagers, tous moyens de transports confondus. A la sortie de la capitale, il faut payer le péage avant de passer, une formalité vite accomplie et le conducteur appuie le champignon. Pour celui qui a déjà emprunté les cars de transport interurbain, il comprend toute la philosophie qui anime ses promoteurs. Pas d’excès de vitesse. De toute façon, les nombreux ralentisseurs, les fameux gendarmes couchés, érigés sur le parcours empêchent de rouler vite. Comme pour donner un avant-goût de l’ambiance dans laquelle allait se passer la journée, des DJ s’improvisent dans le car, en proposant une variété musicale avec une part belle réservée à la musique burkinabè. Le « consommons burkinabè » s’applique aussi et surtout aux produits culturels, à commencer par la musique.

A 8h30, le car en tête du convoi s’immobilise quelques minutes, le temps d’un réglage technique. Le paysage qui défile sous les yeux montre une zone de forte végétation, en contraste avec ce qui est donné à voir dans le centre du pays. Par endroits, de larges espaces sont recouverts de cendre, signe que des incendies sont passés par là. « En fait, ce sont les gens qui mettent volontairement le feu pour que l’herbe repousse vite. Il y a beaucoup d’animaux ici et on a besoin de ça pour qu’ils broutent », explique mon voisin
Deux heures et quart de route et nous sommes devant le pont Nazinon, à l’entrée de Pô, ville dont l’évocation rappelle le célèbre camp commando, là où l’élite de l’armée burkinabè est formée. Pour faciliter la traversée de la ville, une escorte de gendarmes est affectée au convoi. « On est presque arrivé, le Pic du Nahouri n’est plus loin, mais il faut descendre du goudron et rouler un peu », indique toujours mon voisin. Il faudra quand même 30 mn avant d’arriver à destination, exactement à 11h09. De loin, le Pic est à peine visible, enveloppé par un épais nuage de poussière.

Les choses sérieuses vont bientôt commencer. Tout le monde est aux couleurs bleu blanc. Nous sommes accueillis dans un maquis improvisé, puis une troupe de danse kassena souhaite la bienvenue aux visiteurs du jour. On range des sacs et autres objets encombrants.
Avant de donner le top départ de la compétition, le DG de CIMFASO, Inoussa Kaboré a un mot pour les participants. « Nous sommes ici parce que le fondateur du groupe, Inoussa Kanazoé est un leader pour les jeunes ; notre objectif en venant ici, c’est renforcer l’esprit de groupe du personnel, nous rapprocher les uns les autres. L’important, c’est la fraternité, pas la compétition ; ce que nous voulons, c’est mettre un visage sur un nom et savoir qui est derrière les mails qu’on s’échange », a-t-il lancé, sous des applaudissements. Puis, enfilant le costume de coach sportif, il conseille : « Chacun va à son rythme, parce que chacun a son sommet. Si le sommet du Pic est l’objectif pour certains, pour d’autres, c’est peut-être seulement au pied et il ne faut pas forcer ». Le soleil est déjà haut et la chaleur ne fait que monter.

Sans doute pour impressionner les autres, un concurrent se lance dans une séance d’échauffement digne d’un professionnel de la course en montagne : des allers retours sur 60 m au sprint !
Le moment de vérité est arrivé. « Tout le monde derrière moi », crie le DG de CIMFASO, foulard rouge en main. Sans être entendu. C’est tohu-bohu. Chacun veut être placé pour le départ. C’est parti, les concurrents sont à présents lancés. A peine une minute après, et les premiers ont déjà avalé une bonne partie de la montée au pied du PIC. Le concurrent qui s’échauffait à l’instant fait partie de ceux qui mènent la course. Le comité d’organisation a eu la bonne idée de disposer des bouteilles d’eau tout au long du trajet, balisé par la peinture. Il ne faut pas s’en écarter sous peine de faire des distances supplémentaires. Sur le parcours, des concurrents ne sont pas loin d’abandonner. Ce qui fait la différence en de pareilles circonstances, ce n’est pas forcément l’endurance physique, mais la force mentale. « Allah, il faut m’aider pour que j’arrive en haut ; je ne cherche pas le prix, mais un type m’a promis 50 000 si je vais jusqu’au bout. Toi qui a la puissance, fais quelque chose », supplie un concurrent, adossé à une roche. On n’ignore si Allah a exaucé ses prières !

Quelques mètres plus loin, un autre est complètement affalé, immobile, ne répondant à un appel. On apprendra plus tard qu’il s’agit de celui qui s’était livré à la séance d’échauffement. Il ne faudra pas moins de trois personnes pour l’aider à descendre et regagner le point de départ.
Beaucoup de gens sont déjà sur la ligne d’arrivée. Au total, 130 concurrents sont arrivés au sommet du PIC, haut de 447 m. Le premier a franchi la ligne d’arrivée en 8mn50s, le second à 8mn 55s et le 3è à 8mn56s, tous salariés de CIMETAL, une société de CIM METAL GROUP. Le 4è vient de SOCOCIM et le 5è de CIMFASO.
Pour ceux qui sont parvenus au sommet, il faut immortaliser l’événement ; on prend des photos souvenir et on se félicite en comparant son chrono avec l’autre. « Tu dois me respecter hein ! Tu as vu, je suis arrivé avant toi, alors que je suis ton aîné », lance, taquin, Poko Tapsoba, directeur général GROUP à un jeune concurrent.
Le responsable technique de la compétition a arrêté son chronomètre au 100è arrivant ; les autres sont donc hors compétition. Du coup, c’est devenu un critère de performance. « Attends, toi et moi, on n’est pas pareil ; est-ce que tu as un numéro ? », demande, chahuteur un jeune homme à son camarade.

De retour à la base, les concurrents ont pu se restaurer pour reprendre des forces.
Puis, déroulant la suite du programme, le MC du jour annonce le concours de danse kassena opposant les salariés des différentes sociétés du GROUP. Moments de détente et de convivialité. Pour terminer, les différents prix sont remis aux concurrents les plus méritants. Le premier a reçu son prix, un scooter d’une valeur de 1,300 millions de F CFA, le deuxième, un billet d’avion Ouaga-Abidjan Ouaga avec une prise en charge de 3 jours d’une valeur de 800 000 FCFA ; le 3è est reparti avec une tonne et demi de fer à béton (500 000 F CFA), tandis que le 4è s’en tire avec une tonne de riz (400 000 F CFA), le 5è trois tonnes de ciment (300 000 F CFA).
D’autres prix ont été décernés, notamment le prix du 1er DG, du concurrent le plus lourd, du concurrent le plus âgé, et de la première femme arrivée en haut du PIC.
Il faut à présent reprendre la route pour Ouaga. Chacun rejoint sa place à bord du car dans lequel il est venu. Une escale est prévue dans la ville pour une visite à un orphelinat. Le DG de CIMFASO, Inoussa Kaboré explique l’objet de la visite : « Nous ne pouvions pas venir ici à Pô pour une journée de détente et repartir sans marquer notre solidarité avec ceux qui sont dans la difficulté. Notre patron, Inoussa Kanazoé est un homme d’affaires, qui cherche à gagner de l’argent, mais c’est aussi un humaniste qui n’est pas insensible aux personnes nécessiteuses. C’est pourquoi, il nous a chargés de vous encourager dans le travail que vous faites en vous remettant une tonne de riz. ; ça ne réglera pas tous vos problèmes, mais c’est une façon pour nous de vous témoigner notre solidarité », a-t-il dit.

Dirigé par le pasteur Bruno Zoundi et son épouse, parents de 7 enfants, l’orphelinat est gérée par l’Association pour la sauvegarde de l’enfance et de l’adolescent en difficulté et prend en charge 32 pensionnaires, avec le soutien de l’Action sociale, la mairie et MCC.
« Merci infiniment à nos bienfaiteurs qui viennent de nous apporter un cadeau inattendu. Que Dieu les bénisse abondamment », a simplement dit le pasteur qui a officié longtemps en Côte d’Ivoire avant de rentrer au pays voici maintenant plus de dix ans.

Il est 17 h pile quand le convoi reprend la direction de la capitale. Le soleil a rejoint son lit et l’obscurité s’installe progressivement. Dans le car, c’est le silence total. La majorité des occupants roupille. Après l’effort, c’est le temps de la récupération. Du coup, le trajet a semblé moins long qu’à l’aller. Aux environs de 20 heures, les cars s’immobilisent à nouveau sur le parking du groupe Kanis. Les passagers en descendent. Chacun se dirige vers sa monture. Fin de l’édition « Immersion 2018 ».

Joachim Vokouma
kaceto.net