A quelques jours de l’ouverture de son procès prévue le 27 février, la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), le parti de Djibril Bassolé doute de l’impartialité de la justice militaire dans cette affaire

Le 27 février s’ouvre le procès des putschistes de septembre 2015 où comparait l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, Djibril Bassolé, aux côtés du Gl Gilbert Diendéré. Mais les membres de son parti, la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) ne sont pas rassurés quand à l’impartialité des juges amenés à conduire le procès. Ils l’ont dit hier 6 février devant des journalistes lors d’une conférence de presse qu’ils ont animée au siège du parti. "La justice militaire ne saurait-être impartiale et ne pourrait donner les garantis d’un procès équitable à quiconque le pouvoir exécutif aurait dans son viseur", a déclaré le président du parti, Mamoudou Hama Dicko. Pour lui et ses camarades, les nombreuses tracasseries dont le général Djibril Bassolé est l’objet sont l’oeuvre du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Ils considèrent que dès lors que le groupe de travail des Nations Unies avait jugé la détention du Gl Bassolé arbitraire, contraire aux dispositions de la déclaration universelle des droits de l’homme et du pacte international relatif aux droit civils et politiques, il fallait tout simplement le libérer. Mais, au contraire, l’ancien ministre des Affaires étrangères est maintenu en résidence surveillée, chose que Mamoudou Hama Dicko qualifie de « délit flagrant ».
Le président de la NAFA soutient également qu’au cours d’une audience le 10 octobre 2017, le président de la chambre de contrôle du tribunal militaire de Ouagadougou a décidé la mise en liberté provisoire du Général Bassolé, afin qu’il puisse se soigner. "Une décision qui a provoqué un branle-bas dans les rangs du pouvoir en place et de leurs partisans déguisés en organisations de la société civile. En témoigne les agitations sporadiques de quelques individus et la déclaration du MPP qui qualifiant cette décision de justice de trahison ». Au vu de tout cela, la NAFA estime que tous ces agissements sont l’expression de manœuvres politiciennes contre le Général Djibril Bassolé.
Autre signe qui inquiète la NAFA, c’est le remplacement le 24 janvier du président de la chambre de contrôle, Jean Marie Ouattara, celui-là même qui a été chargé du dossier dès le début de l’affaire. Pour la NAFA, cette révocation est due au fait que ce dernier a jugé illégal l’arrêté d’assignation à résidence pris par le ministre de la Défense. "La révocation du magistrat qui était en charge du dossier pose un problème par ce qu’il est la mémoire du dossier et au point où nous en sommes, je me demande bien si justice sera rendue ? », se demande le président de la NAFA, révélant que "d’autres membres du tribunal militaire acquis au respect strict du droit ont été révoqués".
La NAFA appelle dénonce donc ce qu’elle considère comme de l’immixtion de l’exécutif dans le judiciaire et appelle les magistrat et tous les acteurs de la justice burkinabè à travailler pour consolider l’indépendance de la justice, "parce qu’il en va de la crédibilité de l’institution et du renforcement de l’Etat de droit".

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net