Une vingtaine de policiers d’un commissariat du nord du Burkina Faso ont abandonné leur poste pendant 24 heures pour protester contre leur manque de moyen face aux attaques jihadistes, a appris mercredi l’AFP de sources concordantes.

Le commissariat du district de Déou, une ville de quelque 20.000 habitants près de la frontière du Mali, a été fermé lundi, puis a rouvert le lendemain.

"Le commissariat a été fermé lundi soir. Le commissaire et l’ensemble de ses hommes ont quitté la ville", a déclaré à l’AFP un habitant de Déou.

"Les éléments de la police, une vingtaine avec en tête leur commissaire, ont effectivement quitté la ville, sous escorte", a confirmé une source sécuritaire, précisant que "les autres corps militaires et paramilitaires y sont toujours en poste".

"Ils évoquent des raisons sécuritaires liées au manque de matériels et estiment être eux-mêmes exposés", a précisé cette source.

Après le départ des policiers, plusieurs enseignants ont également abandonné leurs postes, entraînant la fermeture de nombreuses écoles, ont indiqué des sources policières.
Cependant "des dispositions ont été vite prises et le commissariat à de nouveau été rouvert dès le lendemain" (mardi), avec les "mêmes hommes", a confié un source policière, sous le couvert de l’anonymat.

Interrogé hier, le ministre de la Sécurité a expliqué qu’il s’agit d’un repli tactique.
Le 3 février, des policiers du commissariat de Déou étaient tombés dans une embuscade lors d’une patrouille. Un assaillant avait été abattu, d’après une source sécuritaire.
Fin janvier, deux policiers avaient été abattus à Baraboulé, une autre localité près de la frontière du Mali, à 175 kilomètres de Déou.
Le nord du Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est le théâtre d’attaques jihadistes depuis trois ans, qui ont fait 133 morts en 80 attaques, selon un bilan officiel.

Sous-équipées, les forces de sécurité ont du mal à enrayer les attaques récurrentes dans cette région du sahel burkinabè.
Un couvre-feu de 20h00 à 5h00 du matin a été instauré à Déou où la circulation nocturne est interdite depuis avril 2017, tout comme dans la majeure partie de la région du Sahel.

En décembre 2016, une attaque contre un bataillon du groupement des forces antiterroristes, stationné à Nassoumbou, près de la frontière malienne, avait fait douze morts. Cette attaque, la plus meurtrière contre l’armée burkinabè, avait choqué le pays.

AFP/Kaceto.net