Le discours sur l’état de la nation prononcé par le premier ministre Paul Kaba Thiéba le 12 avril continue de susciter des polémiques. Ci-contre, la réaction de l’ADP et du CCP/BF

LETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE PAUL KABA THIEBA
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Le jeudi 12 Avril 2018, la représentation nationale a accueilli pour la troisième année consécutive votre discours sur la situation de la nation. Acte politique de redevabilité majeure consacré par la constitution, la tribune du parlement vous a servi de cadre pour faire le point sur la gestion actuelle du pays à la nation entière. Il peut être retenu de ce discours votre satisfaction béate personnelle d’avoir pu remettre le Burkina Faso sur ‘’les rails du développement’’. De l’appréciation de votre exposé par les différentes sensibilités à l’assemblée nationale, il est à souligner que deux tendances se dégagent : une majorité au pouvoir qui applaudit à tout rompre les résultats engrangés par votre gouvernement et une opposition qui peint un tableau noir. Toutefois, votre bilan élogieux mis à l’épreuve de la vérification sur le terrain, biens de vos déclarations mirobolantes se sont révélées inexactes. Nous citons pour exemple votre réponse sur la question de la résolution du chevauchement des années académiques dans les universités publiques surtout le point relatif à la rentrée effective des classes des étudiants de la promotion 2017 à l’université de Ouagadougou. Rappelons que cet exercice à lieu à un moment crucial où le pays traverse une crise multidimensionnelle profonde.
Excellence Monsieur Paul Kaba Thieba,
Dans l’euphorie de votre discours, pour expliquer la situation désastreuse et le retard actuel de notre pays sur les chantiers du développement avant l’arrivé du ‘’messie Paul Kaba Thiéba’’ aux affaires en 2016, vous avez pointé du doigt ceux qui ont géré le Burkina Faso pendant 37 ans. Déduction faite des 37 ans de 2016, nous nous retrouvons en 1979. Ainsi, selon vous, ceux qui ont dirigé le pays de 1979 à 2015 sont la cause de son retard actuel.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Savez-vous que le régime révolutionnaire (1983-1987) conduit par le Président Thomas Sankara dont les vêtus en termes de progrès sont salués dans les quatre coins du monde s’inscrit dans ce canevas de période que vous avez dégagé comme étant celle du retard du pays ?
Quelle frasque de votre part ! Vous aurez réussi l’exploit au détour d’un discours de quelques heures à récrire l’histoire du Burkina Faso. Peut être que votre longue absence du territoire national vous joue bien souvent des mauvais tours.
En faisant le décompte de la période que vous avez indiquée, nous remarquons qu’elle touche aussi en plein cœur le régime conduit par le Président Blaise Compaoré (1987-2014). Cependant, nous tombons des nus quand votre excellence fait semblant d’ignorer que vos patrons du moment ont été parmi les hommes forts qui faisaient la pluie et le beau temps sous ce régime. Nous citons le cas précis de votre chef supérieur, le Président Roch Marc Christian Kaboré, à travers cet énoncé des fonctions qu’il a occupé sous le régime du Président Blaise Compaoré : Ministre du transport et de la communication, ministre d’état, ministre chargé de l’action gouvernementale, ministre des finances, ministre chargé des relations avec les institutions, premier ministre, conseiller spécial du Président Blaise Compaoré, vice-président de l’assemblée nationale, président de l’assemblée nationale sous la couleur CDP, secrétaire exécutif du CDP et président du CDP.
Excellence, ne pensez-vous pas qu’à travers votre déclaration vous mettez mal à l’aise ce monsieur, le Président Roch Kaboré, qui après avoir joué les premiers rôles pendant 26 ans sous le régime Blaise Compaoré est allé vous chercher dans votre lit douillet de la BCEAO pour faire de vous son Premier Ministre ?
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Voilà les quelques interrogations que votre exposé a pu susciter à notre niveau et qui tient notre esprit en pinces de crabes. Tout en vous souhaitant bonne réception, veillez recevoir l’expression de notre salut fraternel.
Fait à Ouagadougou, le 18 Avril 2018

Abraham Badolo (ADP)
Ousmane So (CCP/BF)