Le groupe français Bolloré s’est déclaré mardi "déçu" et a réclame des indemnisations, après une demande l’encourageant à se retirer d’un grand projet de chemin de fer qui doit relier le Bénin au Niger.

Le président béninois Patrice Talon a demandé au groupe français Bolloré et à son concurrent béninois Pétrolin de se "retirer, à l’amiable, du projet" ferroviaire et assure qu’ils seront "indemnisés de façon équitable".

"Il semble aujourd’hui que la présence même du groupe (Bolloré) dans le projet en gêne la réalisation", a déclaré à l’AFP Philippe Labonne, directeur général de Bolloré transports et logistiques.

"On est un peu déçu de ne pas le réaliser. Mais in fine, si cette boucle se réalise, ce sera aussi une bonne nouvelle pour la région", a poursuivi M. Labonne, en marge de l’Africa CEO-forum, réunissant les patrons, qui se tient depuis lundi à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.

Bolloré affirme qu’il sera "satisfait" de la réalisation de ce grand projet "dans la mesure où il (le groupe) aura été indemnisé des investissements qu’il a déjà réalisés, notamment la construction de 140 kilomètres de ligne".

"Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons", a fait savoir le chef de l’Etat béninois, dans un entretien accordé au magazine français Challenges, qualifiant le projet voulu par le groupe Bolloré de "bas de gamme".

"En général on nous a reproché sur ce projet d’avancer trop vite", alors que "le projet est bloqué du fait d’un imbroglio juridique" a ironisé M. Labonne.

"La Chine dispose des moyens financiers nécessaires", a souligné M. Talon, pour assurer des travaux estimés à 4 milliards de dollars. "Elle (la Chine) a démontré son savoir-faire technique" en ce qui concerne les infrastructures en Afrique, a ajouté le président, qui s’adresse très rarement à la presse.

En 2008, le Bénin et le Niger avaient lancé un appel d’offre en commun pour construire et gérer la construction et la gestion d’un réseau ferroviaire de 740 km reliant Cotonou à Niamey.

Il avait été remporté par Petrolin, la société de l’homme d’affaires Samuel Dossou, avant d’être confié en 2013 au groupe Bolloré, via la société Bénirail, un partenariat privé-public.

En octobre dernier, la justice béninoise a donné raison au Béninois, déboutant Bolloré. Après des années d’imbroglio judiciaire, et des mois de négociations, le projet béninois est toujours au point mort, dans un pays de 10 millions d’habitants, dont l’économie dépend de son port.

AFP