Au sujet du nouveau Code pénal, je souhaite que la loi indexe toutes les catégories socio-professionnelles qui sont actuellement à la base des grossesses précoces et non désirées des filles. Mais, je suis aussi pour le ciblage du corps enseignant en particulier pour les raisons qui suivent

1) Les enseignants sont formés pour éduquer les enfants et non les enceinter. Dans tous les pays, ce corps de métier, comme celui de la santé et les autres, a un Code de déontologie qui proscrit toute relation entre élèves/apprenants et enseignants ou personnel éducatif ;
2) Parmi tous les corps de métier, les enseignants sont les seules personnes étrangères aux familles à qui les parents confient leurs enfants de tous âges sans s’inquiéter. Ils ont confiance à la moralité et au professionnalisme de ces acteurs qui sont formés pour EDUQUER les enfants. Les enseignants passent plus de temps avec les enfants (8h/jr) que les parents eux-mêmes. Plusieurs générations d’enseignants consciencieux et dévoués se sont comportés en parents pour éduquer de manière intégrale les enfants à eux confiés. Il en existe encore des milliers ;
3) Cette proximité entre le personnel éducatif et les enfants n’est pas sans risques car ce ne sont pas tous les acteurs qui ont la moralité requise pour être autorisés à s’occuper des enfants. Au fil des décennies, certains acteurs de l’éducation se transformés en loups dans la bergerie. Et cela ne concerne pas seulement les cycles primaires et secondaire mais aussi le supérieur. Il n’y a pas d’enquête de moralité lors des recrutement et pas de dispositif de suivi des comportements sexuels impliquant les élèves après les affectations ;

4) Le rajeunissement du personnel suite aux recrutements massifs a fait entrer dans le corps des enseignants des jeunes en quête d’emploi et non matures pour enseigner à d’autres enfants. Ils sont célibataires et certains pensent que les jeunes élèves (filles et garçons) sont à leur disposition pour satisfaire leurs besoins alimentaires et sexuels ;
5) Depuis les années 1980, les cas de violences et d’abus sexuels d’enseignants sur leurs élèves sont rapportés sans que les syndicats ne prennent à bras le corps la question pour extirper les brebis galeuses. La solidarité du corps a souvent pris le dessus au détriment du devoir de protection des jeunes filles et garçons victimes ;
6) Pour éviter la stigmatisation du secteur de l’éducation et jeter le discrédit sur tous les enseignants vertueux, il faut que les ministères de tutelle fassent les enquêtes approfondies pour situer l’ampleur du problème afin de prendre les mesures disciplinaires requises contre les fautifs. Aucune peine de justice n’est trop lourde pour ces individus qui sont de vrais prédateurs sexuels qui nuisent à la qualité de l’éducation.
7) L’exposé des motifs du nouveau Code pénal doit comporter certainement des données expliquant pourquoi l’accent a été mis sur les enseignants. Une enquête couvrant les différents cycles de l’éducation pourrait lever cette impression de stigmatisation du corps enseignants ;
8) Le Code pénal ne doit pas se limiter au cas des relations sexuelles avec mineurs mais couvrir tous les cycles de l’éducation de la maternelle à l’agrégation ;
9) Le Code pénal doit prendre en compte les relations sexuelles entre élèves qui devient un phénomène grandissant avec beaucoup de dérives rapportées (viols collectifs) dans les médias ;
10) Les corps habillés, les orpailleurs, les commerçants, les fonctionnaires affectés sans leurs épouses, etc sont cités parmi les auteurs des grossesses précoces qui doivent être indexés par le Code pénal ;

11) La question de l’homosexualité doit être clairement adressée dans le Code pénal (comme au Ghana et au Sénégal) pour permettre à la société d’y faire face car les cas se multiplient dans les écoles et dans les quartiers ;
12) Au-délà de la loi elle-même, ce sont les mécanismes prévus pour son application qui méritent d’être précisés. Comment les victimes doivent procéder pour déposer les plaintes et se faire entendre par la justice en cas de violation des dispositions de la loi ? Il faut que l’Etat mette en place un dispositif adéquat permettant aux élèves et étudiants des deux sexes qui sont harcelés et victimes d’abus sexuels de dénoncer les coupables sans risque de représailles de la part des autres collègues.
13) Comme prévu dans la loi 061 de 2015 portant sur les violences faites aux femmes et aux filles, il s’agit de lutter contre toutes les formes de violences qui existent dans la société et pas seulement celles qui ont lieu en milieu scolaire.

Dr Nestorine SANGARE, spécialiste du Genre, ancienne ministre de la Promotion de la femme et du Genre