Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré était l’invité de Savane FM ce matin de 8h à 10 heures. Il a été interrogé durant 100 mn par les journalistes et les auditeurs sur divers dossiers et préoccupations des Burkinabè.

Première séquence d’une opération de communication sur le bilan d’étape de son mandat, le président du Faso, Roch Kaboré était l’invité de la radio Savane FM ce matin de 8h à 10 heures. Il a répondu aux questions des journalistes et des auditeurs en mooré, une des langues nationales parlées au Burkina, un choix qui a d’ailleurs suscité des récriminations, certains estimant qu’en tant que président du Faso, il devait s’abstenir de parler dans une langue. Sur ce point, le président a expliqué que c’est dans cette langue qu’il s’exprime le mieux, mais que le choix du mooré n’a rien de discriminatoire et ne procède en rien d’une volonté de hiérarchiser les Burkinabè.
Durant 100 mn, il a répondu aux questions des journalistes puis des auditeurs sur divers sujets, allant des proches de famine qui frappent plusieurs régions du Burkina à la participation des équipes africaines au Mondial de foot Russie2018, en passant par la lutte contre le terrorisme, la situation de l’école dans le Sahel, la grève des agents du ministère de l’Economie et des finances, des conflits terriens entre Zorgho et Sapaga, la rupture des relations avec Taïwan.
D’entrée de jeu, le président a été interrogé sur la situation des écoles dans le Sahel où les examens n’ont pas pu se tenir comme dans les autres régions. Le président a indiqué que des mesures seront prises pour que les élèves de cette partie du pays puissent passer les examens dans des conditions de sécurité, mais s’est abstenu d’en dire plus. Sur la lutte contre le terrorisme, il a salué le courage des forces de défenses et de sécurité qui se battent sur le terrain et espère qu’avec les pays du G5 Sahel, le phénomène sera considérablement réduit, à défaut de l’éliminer totalement.
Il a été ensuite interrogé sur les fermetures d’usines à Bobo et son engagement de rouvrir Faso Fani à Koudougou. Sur les usines de Bobo, il a annoncé que le gouvernement travaille a créer les conditions pour que les investisseurs s’installent à Bobo ; deux cimenteries vont bientôt ouvrir dans la capitale économique, a t-il révélé. Concernant Faso Fani, il a révélé que dans deux jours, des investisseurs indiens sont attendus à Ouaga pour étudier les possibilités de relance de l’usine qui a fait la fierté des Burkinabè.

Répondant aux questions sur les délestages récurrents et les écoles sous paillotes, il a indiqué que le gouvernement travaille à ce que nous produisons et transportons suffisamment d’électricité pour faire face aux besoins de la population.
La saison pluvieuse n’ayant pas été bonne, de nombreuses familles sont frappées par la famine, et pour leur venir en aide, le gouvernement débloqué 14 milliards de F CFA pour instaleré 250 boutiques témoins où les vivres peuvent être achetés moins chers ; il demandé à ses compatriotes d’être exemplaires dans cette affaire et ne pas revendre les vivres qui leur sont cédées à un prix social.
D’autres questions sur l’abolition de la peine de mort, l’incarcération de Naïm Touré, le procès du putsch qui traîne, le manque d’eau dans les quartiers périphériques de Ouaga lui ont été posées.
Relativement à l’abolition de la peine de mort, le président Kaboré a rappelé que la question a été tranché dans l’avant-projet de constitution qui reste à être adopté par référendum et que ça n’a rien à voir avec la demande d’extradition de François Compoaré comme certains le pensent. Sur l’incarcération de Naïm Touré, le président a rappelé que les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non droit, et que si les cyberactivistes ont le droit d’interpeller les dirigeants sur la mauvaise conduite des affaires publiques, ils doivent le faire dans le respect du droit.
Dans cette affaire comme dans celle concernant Auguste Denise Barry, ancien ministre incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées pour tentative des déstabilisation, il appartient à la justice de faire son travail. Lui, en tant que président n’a pas à s’immiscer dans le traitement des ces dossiers au nom de la séparation des pouvoir et de l’indépendance de la justice. Sue le procès du putsch, il croit qu’en dépit des péripéties, le procès aura lieu pour que le peuple connaisse la vérité.
Depuis des mois, les agents du ministère de l’Economie et des finances ont en grève contre la volonté du gouvernement de revoir le versement du Fond commun. Le président a insisté sur le fait que la richesse nationale doit être équitablement partagée et qu’il n’y a pas de raison que certains bénéficient davantages en plus de leurs salaires que d’autres. Il a appelé les grévistes qui viennent de reconduire leur préavis du 25 au 29 juin à discuter avec le gouvernement pour trouver une solution de sortie de crise.
L’opinion s’est récemment émue en apprenant que le gouvernement a décidé d’acheter des véhicules de luxe pour les ministres, alors que les finances publiques ne sont pas en bon état. Réponse du président : les ministres se déplacent beaucoup à Ouaga et dans les provinces et ce n’est pas honorable qu’ils tombent en panne ; et puis, ajoute t-il, nous recevons des étrangers et devons présenter une bonne image de notre pays.
Remis à plus tard à maintes reprises, le président a été catégorique : les Burkinabè de la diaspora vont voter en 2020 ; reste à se mettre d’accord avec l’opposition pour relire le code électoral.
Pourquoi le Burkina a t-il rompu ses relations avec Taïwan au profit de la Chine populaire après 24 ans de coopération ? Tout en reconnaissant que Taïwan nous a beaucoup aidés- l’hôpital Blaise Compaoré qui est par exemple financé par Taïwan et que nous remboursons-, le président Kaboré a relevé que l’aide de Taïwaqn ne permettait toutefois pas de financer de grands travaux nationaux et que dans la sous-région, le Burkina était le seul a entretenir des relations avec Taïwen, ce qui bloque le soutien de la Chine populaire dans le financement de projets comme la boucle ferroviaire.

D’autres questions sur les lotissements dans les zones périphériques de Ouaga, les conflits agriculteurs éleveurs, les cotonculteurs tentés d’abandonner le coton au profit d’autres spéculations, le dossier des militaires et policiers radiés suite aux mutineries de 2011, etc., ont été posées par les auditeurs de la radion auxquelles le président a apporté des réponses. Il a terminé l’interview en souhaitant que les représentants africains à la coupe du monde de football, notamment le Sénégal et le Nigeria fassent un bon parcours parce qu’ils ne jouent pas seulement pour leur pays, mais pour l’Afrique entière.

Georges Diao
Kaceto.net