Le 3 juillet 2018, Naïm Tourév a été reconnu coupable d"incitation de troubles à l’ordre public" condamné à deux mois de prison ferme par le tribunal de grande instance de Ouagadougou. Une décision qui suscite l’indignation des utilisateurs des Technologies de l’information et la communication. Ils demandent sa libération.

Le 13 juin 2018, l’activiste Naïm Touré a été interpellé par les services de la gendarmerie suite à une publication sur son profil Facebook. Il lui était reproché, à travers ladite publication, les charges ci-après : participation à une opération de démoralisation des Forces de défense et de sécurité ; proposition aux forces de défense et de sécurité de former un complot contre la sureté de l’Etat ; incitation à troubles à l’ordre public. Rappelons que dans la même publication, Naïm Touré attirait l’attention des Forces de défense et de sécurité à prendre leurs responsabilités quant à leurs conditions de vie et de travail suite au sort du gendarme Henry Traoré, blessé lors de l’opération anti-terroriste de Rayongo. Le Burkina Faso étant un pays démocratique avec une séparation des pouvoirs, nous avons fait confiance à la Justice avec le secret espoir que le Tribunal allait le relaxer de tous les chefs d’inculpation retenus contre lui. C’est donc avec consternation que nous avons appris, ce mardi 3 juillet, la condamnation à deux mois de prison ferme de Naïm pour : « appel à trouble à l’ordre public non suivi d’effet ». Cette condamnation manque d’élégance pour notre pays et sonne comme un recul démocratique et une atteinte à la liberté d’expression et d’opinion au Burkina Faso. Nous, organisations du monde des TICs, tout en reconnaissant quelques dérives par moment dans l’usage des réseaux sociaux, regrettons cette décision de justice. En tant que structures de défense de la liberté d’expression, réseau de blogueurs, web activistes, journalistes, incubateurs, tiers-lieux, fablab, acteurs de la société civile, nous n’avons de cesse de nous préoccuper du sort des acteurs de l’information et des utilisateurs des réseaux sociaux en général. Par voie de conséquence, nous leur rappelons leur responsabilité à chacune des occasions, notamment dans l’utilisation utile et responsable de ces supports numériques. Cependant, nous ne saurions cautionner toute violation des principes si chers à notre démocratie que sont la liberté d’expression et les libertés individuelles et collectives. Au regard de ce qui précède, nous appelons à la libération de Naïm Touré.

Fait à Ouagadougou, le 4 juillet 2018

Ont signé : Pour l’Association des blogueurs du Burkina (ABB) Bassératou KINDO Pour Béogo-Neere Malik Lingani Pour Les Nouvelles du Quartier Sharaf Omar Coulibaly Pour Protaf Wangnin Zerbo Pour Ouagalab Gildas Guiela Pour Africtiviste Bassératou KINDO (membre) Pour Zamalab Edmond Tiendrébeogo Pour Jokkolabs Cheick-Omar Ouédraogo

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