Après Yako, la caravane de communication « 100 jours pour convaincre sur la planification familiale » est arrivée dans la province du Tuy, région des Hauts-Bassins où le taux de prévalence contraceptive est de 32,8%. Dans sa tournée, l’équipe s’est rendue à Founzan et c’est là que nous avons rencontré Salimata Ba, une élève tombée enceinte à l’âge de 16 ans.
Une grossesse non désirée qui jette la honte sur sa famille et qui fait d’elle la risée du coin.

Founzan est une localité située à quelques kilomètres de la ville de Houndé, chef-lieu de la province du Tuy. C’est dans cette localité que vit Salimata Ba, une brillante élève qui rêve depuis son bas âge de faire des études de médecine après le Bac. Malheureusement à 16 ans, en classe de 4è, elle a fait la connaissance d’un garçon avec qui elle a eu aventure qui s’est soldée par une grossesse. Une séquence douloureuse dans sa vie qu’elle n’oubliera jamais.
"Tout a commencé pendant les vacances de fin d’année en 2015 quand j’ai quitté mon école à Houndé pour Founza où habitent mes parents. C’est là que j’ai fait la connaissance d’un garçon qui est devenu le père de mon enfant. Il était venu à Founzan avec une équipe pour la construction d’un hôpital ici", raconte Salimata.
A l’époque, les aînées lui parlent de méthodes contraceptives, mais elle n’y prête guère attention, croyant que ça n’intéressait que les adultes, "donc, ça ne me concernait pas".
Résultat, elle est tombée enceinte "et c’est là que mes problèmes ont commencé".
Au début de la relation, se souvient Salimata, elle ne pouvait imaginer un seul instant que ces moments de bonheur pouvaient se transformer en cauchemar. Elle se souvient encore avec nostalgie du début de l’aventure sentimentale, quand "il était gentil et attentionné" et qu’elle croyait qu’il était "venu avec de bonnes intentions".
Les choses se sont mal passées et sa vie a basculé. Dès la grossesse connue, le prince charmant "a tout de suite changé de comportement" , la laissant "seule m’occuper de mon enfant".
A cause de cette grossesse non désirée, Salimata a perdu deux années, son état ne lui permettant pas de bien suivre les cours. "Quand tu es enceinte et que tu veux te concentrer, tu finis par dormir », explique t-elle.
Socialement, la grosses non désirée est mal perçue par l’entourage, y compris par la famille proche. Salimata confie avoir été rejetée par sa famille et "ne sachant où aller, a erré au Mali avec d’autres filles qui y étaient allées chercher du travail. Je dormais dans la rue car je ne connaissais personne là-bas. Puis, j’ai décidé de revenir dans mon pays".
Aujourd’hui en classe de 4è et mère d’une petite fille de deux ans, Salimata regrette cette erreur de jeunesse, mais se console de la joie que sa fille lui procure. Elle jure qu’elle ne commettra plus pareilles erreurs surtout que l’enfant est devenu aussi une charge pour ses parents, ce dont elle n’est pas fière.
"Parfois dans le regard de mon père, je sens de la déception même s’il ne me l’a jamais dit ouvertement. Je le comprends car je suis sa fille aînée et en plus, la seule fille de ses enfants. Je m’en veux vraiment pour ce que j’ai fait », confesse Salimata.
De cette expérience, elle en tire des leçons et invite les jeunes qui se trouvent dans la même situation à ne pas baisser les bras. A l’attention de celles qui viennent de franchir l’âge de la puberté, elle leur conseille d’écouter les aînées afin d’éviter les grossesses non désirées, ou, pis, les maladies sexuellement transmissibles.
« J’invite les jeunes filles à aller dans les centres de santé pour écouter également les conseils des médecins sur les méthodes contraceptives et de se méfier des belles paroles des garçons qui, parfois les conduisent dans des problèmes".

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net