L’’indignation suscitée par l’affaire dite de recrutements frauduleux d’agents de la Caisse nationale de sécurité sociale n’est pas près de retomber. Dans cette déclaration, la Coalition Ditanyè, créée pour défendre les acquis de l’insurrection populaire et de la Transition exige l’annulation pure et simple du concours et l’interpellation des responsables impliqués dans cette affaire qui porte atteinte à l’égalité des citoyens.

Concitoyens, frères et sœurs

Nous avons tous suivi, cette semaine, l’inexplicable "affaire du concours à la CNSS, Caisse nationale de sécurité sociale", de laquelle suinte en effet l’odeur d’une fraude de recrutement d’agents de cette institution.

Ce concours est le énième du genre, selon des candidats, à être entaché d’irrégularités criardes et de faits grotesques, notamment des admissions d’innombrables proches et membres de familles d’agents de la CNSS dont le directeur des Ressources humaines (l’admission suspecte de la nièce, du neveu, de l’épouse du DRH, etc.).

Chose que la section du syndicat CGTB de la Caisse a dénoncée puis a engagé des procédures d’enquêtes pour élucider ce scabreux recrutement. C’est le lieu ici de saluer le syndicat pour sa vigilance, l’esprit d’équité et républicain et surtout pour son courage d’avoir levé le lièvre !

En même temps, nous dénonçons l’attitude de certains agents véreux de service qui, par leurs attitudes suspectes, tentent d’encourager le favoritisme et de couvrir les fautifs dans un tel scandale national.

Nous avons appris que sous la pression du syndicat, le DRH a été démis de ses fonctions. Cela n’est pas suffisant et ne doit en aucun cas divertir les Burkinabè et les candidats à ce concours. Nous exigeons, par mesure conservatoire, que tous les responsables de la chaîne du concours, depuis l’ANPE à la direction de la CNSS y compris son directeur général déjà cité dans des cas précédents, soient tous interpellés et mis à la disposition de l’enquête judiciaire, en attendant que la vérité éclate.

Du coup, ce concours vraisemblablement frauduleux doit être annulé et repris dans des conditions idoines. Nous nous étonnons de l’attitude assez terne du gouvernement qui, dans cette situation scandaleuse, devrait avoir une réaction instantanée, forte et ferme !

Cette fermeté devrait être immédiate, surtout que nous entrons probablement dans la grande période des concours de la Fonction publique. Quant à la réaction des Burkinabè, elle est légitime quand on sait les efforts déployés par les familles pour scolariser leurs enfants et leur garantir une compétence dans l’espoir qu’ils trouvent du travail.

Mieux, après les leçons de l’insurrection populaire, tout citoyen attendait et espérait bien mieux que de telles attitudes de la part de soi-disant serviteurs de l’Etat. Cette situation à la CNSS cache bien des arrangements népotiques dans plusieurs autres institutions de notre pays qu’il ne faut point omettre.

En effet, il est couramment mis en cause des pratiques multiformes de fraudes dans des épisodes de concours ou d’octroi de bourses d’études dans notre pays, pénalisant ainsi de nombreux fils et filles méritants du pays.

On peut citer : le récent cas de recrutement des assistants d’enseignement et de recherche d’université et du CNRST en 2017. Malgré les nombreuses plaintes et dénonciations publiques dans la presse de candidats intérieurs, de candidats hors du pays, et y compris les écrits d’expert en gestion des ressources humaines sur les irrégularités des procédures du recrutement, aucune autorité n’a levé le doigt pour donner des explications. Celles-ci ayant préféré se terrer dans un silence assourdissant et très suspect.

Le cas des bourses "chasses- gardées des autorités" révélé par la publication du 6 mars 2018 dans le journal « Le Reporter » tiré d’un rapport de l’ASCE-LC : des bourses d’études pour l’étranger, Etats-Unis, Canada, France, Belgique , Maroc, Tunisie, Sénégal ont été attribuées aux enfants de haut-placés n’ayant que des mentions passables et non la moyenne requise au détriment d’autres ayant obtenu de bonnes mentions.

Le profil de leurs parents ou protecteurs concernés étaient, entre autres, « chercheurs, ministre, Premier ministre, député, directeur général, vice-gouverneur, conseiller à la présidence, conseiller économique dans une ambassade, fonctionnaire international, professeur d’université, secrétaire général de ministère, régisseur de bourse CIOSPB, etc.…) ».

Encore plus récente, la nomination, dans une mine, à un poste inhabituel, du fils d’un dignitaire de la présidence n’avait pas fini de troubler la conscience des internautes dans les réseaux sociaux dont un d’eux est déposé à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) en attendant son procès en appel.

Malgré le buzz provoqué par cette affaire sur les réseaux sociaux, les critères de ces types de nominations demeurent méconnus.Tous ces faits corroborent la persistance du népotisme, du favoritisme et des arrangements injustes par des responsables qui utilisent leur position institutionnelle pour magouiller pour leurs protégés et parfois pour des règlements de compte.

Cela est inacceptable dans un Etat républicain, surtout suite à une insurrection où tout le peuple est sorti pour exiger une gouvernance vertueuse et la morale au sommet de l’Etat. Ces pratiques enlèvent l’égalité de chances entre tous les fils et filles du Burkina face à l’emploi ou toute autre compétition qui se veut nationalement ouverte. Elles encouragent la culture de la médiocrité, inhument la passion pour des études et la culture de l’excellence, détruisent le goût de l’effort.

D’ailleurs, l’article premier de la Constitution stipule que « tous les Burkinabè naissent égaux en droits et en devoirs ». Ces pratiques constituent de graves discriminations qui peuvent nuire à l’unité de la nation. Ce népotisme fait régner les médiocres plutôt que les méritants et finit par anéantir l’efficacité des institutions et les fait sombrer.

Ces méfaits récurrents traduisent un mépris à l’endroit des parents, des élèves, étudiants, paysans et de tout le peuple ; illustrant ainsi le manque de patriotisme au "sommet" ou du reste, ceux qu’on appelle "élite du pays", car qui aime ce pays, aime le mérite de ses filles et fils.

Camarades, frères et sœurs

La coalition Ditanyè, créée pour la sauvegarde et le renforcement des acquis de l’insurrection populaire, rappelle que nous devons veiller et rester éveillés car les mauvaises habitudes du régime chassé par l’insurrection, sont de retour et de façon plus têtue. Afin de sauvegarder les valeurs du mérite, d’unité et des diversités nationales, afin de sauver l’avenir des enfants du peuple, de nos frères et sœurs dans l’équité et dans la justice sociale, notre coalition :

 appelle le peuple burkinabè à une vigilance populaire dans l’organisation des concours, tests et toutes autres compétitions nationales et internationales ;

 encourage les structures organisées, les syndicats, OSC et les candidats à poursuivre et à multiplier les dénonciations afin que tous les Burkinabè prennent en charge ces questions pour rétablir l’égalité de chances entre les candidats ainsi qu’entre les filles et fils du pays ;

 propose aux acteurs, syndicats, OSC, partis politiques, etc., l’organisation d’une conférence publique unitaire sur la problématique de la "diversité et de l’égalité des chances".

Non au népotisme, au favoritisme et à la culture de la médiocrité !

En avant pour l’égalité des chances et le renforcement des valeurs républicaines !

En avant pour la défense des acquis de l’insurrection populaire. !

Nan Laara, an Saara !

La Coalition Ditanyé