Dans cette note parvenue à notre rédaction, le Centre régional Agrhymet, fait le point sur la situation agrohydropastorale dans les pays membres du Cilss sur la période du 15 au 23 août.

Le centre régional agrhymet est un organisme spécialisé du Cilss créé en 1974 dont la mission est de « contribuer à la sécurité alimentaire et à l’augmentation de la production agricole dans les pays membres du CILSS et de la CEDEAO » et « d’aider à l’amélioration de la gestion des ressources naturelles » de la région.
Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) regroupe treize pays qui sont : Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et le Togo.

Situation Pluviométrique
Des cumuls pluviométriques décadaires déficitaires par rapport à la moyenne sont observés sur l’Ouest du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali), le Centre du Sahel (Burkina Faso, Sud-ouest Niger), l’Est du Sahel (Centre et Sud du Tchad) et sur des localités dans les pays du Golfe de Guinée. Par ailleurs, des cumuls moyens et excédentaires sont observés. L’évolution saisonnière des pluies du 1er mai au 10 août indique globalement des excédents pluviométriques sur la plupart des localités. Les déficits les plus marqués sont observés sur l’extrême Ouest du Sahel notamment sur le Sénégal, la Mauritanie et la Gambie.

Perspectives pluviométriques

Au cours de la semaine du 15 au 23 août 2016, l’ensemble des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pourrait être arrosé par des pluies à quantités variables. Les pays du Golfe de Guinée et de l’Ouest du Sahel vont recevoir les plus grandes quantités avec des pics hebdomadaires pouvant atteindre et dépasser les 100 mm notamment au sud du Nigeria, au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée et au Sénégal. Les quantités reçues seront plus faibles à l’extrême Nord du Burkina Faso et à la partie sahélienne du Niger et du Tchad.

Pour la semaine du 23 au 31 août 2016, les pluies vont s’améliorer sur la partie sahélienne du Niger et du Tchad. Les quantités de pluies hebdomadaires seront importantes avec des pics hebdomadaires pouvant atteindre et dépasser les 100 mm notamment au Nord-ouest et au Sud-est du Nigeria, au Sud-ouest du Niger, au Centre du Burkina Faso, sud du Nigeria, en Guinée, en Guinée Bissau et au Sud du Sénégal.

Situation hydrologique

La situation a été caractérisée par la poursuite de la montée du niveau d’eau au droit de la plupart des stations hydrométriques suivies et la poursuite de remplissage des grandes retenues d’eau au Burkina Faso, des barrages de Manantali et Sélingué. Toutefois, la baisse pluviométrique observée sur la partie Ouest et Centre du Sahel s’est fait ressentir sur certains cours d’eau vers la fin de cette première décade du mois d’août. C’est le cas du bassin du fleuve Sénégal où à la station de Bakel, une tendance progressive à la baisse des débits avec une évolution en dents de scie est observée depuis le pic de 721 cm atteint le 2 août 2016. Sur la Falémé à la station de Kidira, la côte de 615 cm atteinte le 1er août qui est la plus importante enregistrée ces cinquante dernières années à la même période est redescendue à 415 cm le 8 août. Cette situation est aussi observée sur les bassins de la Gambie et de la Casamance mais aussi sur le Niger moyen et plus précisément à la station de Niamey où la baisse des écoulements continue après le pic de 1794 m3/s atteint le 2 août 2016 pour atteindre 835 m3/s le 10 soit une diminution de plus de 50% en une semaine.
Malgré ces baisses observées au niveau de ces stations, la situation pourrait rapidement évoluer en fonction de la pluviométrie qui sera observée pendant la deuxième et troisième décade du mois d’août.

Situation Agricole

En ce qui concerne les cultures pluviales comme le mil et le sorgho, à la date du 11 août 2016, leurs besoins en eau sont à prédominance satisfaits à plus de 90%, sur toute la zone agricole de l’Afrique de l’Ouest, excepté certaines localités du Niger (Tillabéry, Ouest Tahoua et Centre Maradi), du Burkina Faso (Dori et alentours) et du Sénégal (la partie Nord). Les zones de déficit hydrique sont encore plus larges pour la culture du maïs, avec des niveaux de satisfaction des besoins en eau moyens à très mauvais sur toute la bande agricole du Niger (excepté la région de Dosso et l’extrême Sud Tahoua et Zinder), certaines localités Nord de la zone agricole du Tchad, le Nord Burkina Faso, élargi à la zone du Mopti au Mali, le Sud-Ouest Mauritanie et le Nord Sénégal.
Dans les zones à régime pluviométrique bimodal des pays du Golfe de Guinée (où la grande saison des pluies tire actuellement à sa fin) et dans les zones soudaniennes et sahélo-soudanienne où les semis étaient réalisés depuis mars-avril-mai, les céréales non photopériodiques (dont le maïs) ont déjà bouclé leur cycle.

Situation Pastorale

La situation pastorale est marquée par une importante disponibilité de pâturages verts dans les unités administratives des pays du front sahélien. Cependant, il est observé par endroits, des plages dont la productivité du pâturage ne dépasse guère 5 kg.MS/Ha/jour. Il s’agit notamment : au Tchad dans l’unité administrative de Ntiona ; Au Niger dans les unités administratives de Nguigmi et Tchighozerine ; au Mali dans les unités de Ménaka, de Gao et de Guondam ; en Mauritanie dans les unités administratives de Moudjeria, de Boutilmit, de Magta-lahjar et d’Aftout. Dans 60 % de la zone pastorale, l’offre moyenne en biomasse fourragère est suffisante pour alimenter entre 10 à 50 unités bétail tropicale par ha ; Sur 25 % de cette zone à vocation pastorale, la capacité d’accueil varie entre 5 et 10 UBT ; sur les 15 % restant cette capacité d’accueil est inférieure à 5 UBT. Un bon remplissage des mares et une situation globalement favorable au développement de la végétation sont observés à la suite des importantes pluies enregistrées, un peu partout, pendant tout le mois de juillet et par endroit pendant la première décade du mois d’aout.

Centre Régional AGRHYMET
Kaceto.net