Dans son livre sorti il y a quelques et qui s’annonce comme un best-seller, "Je sais qui je suis", l’ancien premier ministre Isaac Zida dresse un portrait peu flatteur de Fatou Diendéré, l’épouse du Gl Gilbert Diendéré qui attend de passer devant les juges du tribunal militaire pour répondre du rôle qu’il a joué dans la préparation et l’exécutif du putsch de septembre 2015

Députée du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) depuis 1997 jusqu’à l’insurrection populaire d’octobre 2014, l’épouse du Général Gilbert Diendéré s’est réfugiée au Togo depuis le coup d’état manqué de septembre 2015. Une séquence douloureuse de notre histoire politique récente, 14 morts et beaucoup de blessés, dont l’ancien premier ministre Isaac Zida attribue en partie la responsabilité, à Fatou Diendéré, notamment son désir presque névrotique de devenir première dame du Burkina.
Après l’insurrection populaire, suivie de la mise en place de la Transition et le vote de la "loi Chérif" de nombreux dignitaires déchus du régime Compaoré, dont Fatou Diendéré, nourrissaient l’espoir de reconquérir le pouvoir par tous les moyens.
Ambitieuse, elle rêvait grand et s’était donné les moyens d’y arriver.
Exrait
"Il était clair désormais que Fatou avait un plan de récupération du CDP, du moins ce qui en restait, et que son mâle de Général allait lui servir de Joker", écrit Isaac Zida dans son livre "Je sais qui je suis". Pour lui, "Fatou avait bien choisi son homme, celui dont elle s’était attaché les services comme époux était un tremplin pour accéder à la plus haute sphère de la société burkinabè. Son mariage avec le jeune lieutenant nouvellement sorti de l’école militaire spéciale de Saint-Cyr en 1978, promu à une belle carrière, n’était rien d’autre qu’une échelle courte pour se faire une place au soleil.
Originaire de Barkoundba, situé à une cinquantaine de km du Nord-est de Ouagadougou, Fatou est née d’une famille polygame et pauvre comme la plupart des familles de Nonsin, ce quartier d’éleveurs peuls dans le secteur périphérique ouest de Ouagadougou.
Ayant échoué à l’école où ses parents avaient fait l’effort de l’envoyer, elle réussit tout de même son admission au concours d’entrée à la police nationale comme agent ; le seul concours auquel son premier et unique diplôme, le Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE) lui permettait à l’époque de postuler.
Son mariage donc avec cet officier de l’armée était une opportunité pour connaitre l’ascension sociale, que ses propres capacités intellectuelles ne lui permettaient pas".

On le sait, à la suite de l’épisode sanglant du 15 octobre 1987, Gilbert Diendéré est devenu le bras droit de Blaise Compaoré et "Fatou en profitera pour côtoyer les plus influentes personnalités du pays, dont la première dame, Chantal Compaoré".
Aux municipales de 1992, Fatou Diendéré est élue maire de Baskuy où elle n’exerce qu’un mandat, puis se présente aux législatives dans le Passoré, la province de son époux.
Zida en est convaincu, être députée à l’assemblée nationale ne suffit pas à satisfaire Fatou ; il lui faut devenir un jour première dame du Burkina, une ambition "qui n’était plus un secret pour personne", surtout pas dans les milieux qu’elle fréquentait, puisqu’elle "voyait son mari comme le potentiel successeur de Blaise Compaoré".
Mais au fil du temps, le processus démocratique se consolide sur le continent africain comme dans notre pays ; les coups d’états apparaissent désormais anachroniques et sont fortement rejetés par les citoyens et la communauté internationale. Reste la voie démocratique pour éventuellement succéder au président Compaoré. Dans cette optique, pourquoi Gilbert Diéndéré ne renoncerait-il pas à la carrière militaire pour se lancer en politique en se faisant d’abord élire député, puis président de l’assemblée nationale, c’est à dire le dauphin constitutionnel du président en exercice ?
L’auteur de "Je sais qui je suis" reste cependant convaincu que le Général n’a jamais eu une ambition politique, et qu’être celui qui a la totale confiance de Blaise Compaoré suffit à son bonheur. Au grand désespoir de son épouse.
Puis survint le 15 septembre 2015 avec l’arrestation du président, du premier ministre et de certains ministres de la Transition, la proclamation du 17 septembre annonçant la prise du pouvoir par le Général Gilbert Diendéré et la mise en place d’un Conseil national pour la démocratie (CND). "Son épouse Fatou est aux anges", écrit Zida, rapportant les propos que la nouvelle première dame aurait tenus à ses amis au téléphone : "Allô ! C’est la première dame qui te parle, comment vas-tu ? C’est pour t’informer que j’organise une réception samedi à ma résidence et je voudrais que tu sois présente...tu as compris !"

Ca y est ; son rêve vient de se réaliser et Fatou vient enfin d’atteindre "l’objectif pour lequel elle s’était toujours battue". Sauf qu’elle a oubliée une sagesse que celui qui a été président pendant 21 jours se charge de le lui rappeler : "Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué".
On connait la suite !

Dominique Koné
kaceto.net