Malgré la loi sur le quota genre de 30%, les campagnes de sensibilisation et de plaidoyers menées par des associations féminines, la présence des femmes dans les instances de décision demeure très faible. La Plateforme "Gagner avec les femmes au Burkina" (GF-BF), a décidé de prendre le taureau par les cornes pour que les femmes aient réellement droit de cité dans notre pays

Elles viennent d’horizons divers (partis politiques, associations de développement, syndicats, etc.), mais ce qui les réunit, c’est la place peu reluisante de la femme burkinabè dans les instances de décision. Le 26 octobre dernier, dans les locaux de l’Association burkinabè pour le management de la qualité (ABMAQ), près d’une cinquantaine de femmes s’y étaient données rendez-vous pour annoncer à la presse nationale le lancement d’une plateforme dénommée "Gagner avec les femmes au Burkina Faso" (GF-BF).
L’idée de cette plateforme est née en juin 2017 suite aux conclusions des travaux des ateliers de réflexion sur la place de la femme dans le développement économique, social et politique et sa juste représentativité dans les instances de décision à tous les niveaux de la société. Ces ateliers, faut-il le préciser, avaient réuni les structures féminines, les partis politiques sans distinction d’idéologies.
Le constat établi depuis des décennies est déplorable. Les femmes sont les plus exposées à la pauvreté parce qu’elles n’ont pas accès aux facteurs de production. Elles souffrent d’un manque de moyens modernes de production qui limite leur productivité dans l’agriculture, un secteur qui occupe pourtant 60% de la population active. Le taux de morbidité qui est de 5,8/1000 concerne plus les femmes et que les hommes. Dans le secteur de l’éducation, l’accès et le maintien au secondaire et au supérieur est relativement plus faible chez les filles que chez les garçons.
"Au plan politique, dire qu’il y a une inégalité sexo-spécifique dans l’accès aux cercles du pouvoir, c’est enfoncer des portes déjà grandement ouvertes", écrivent les animateurs de la plateforme. Pour preuve, entre 1959 et 2002, 537 hommes ont siégé au parlement contre seulement 30 femmes. Aux dernières élections de 2015, la loi sur le quota genre de 30% a été littéralement foulée aux pieds par presque tous les partis politiques. Exception faite de la période révolutionnaire, le nombre de femme dans le gouvernement n’a jamais dépassé plus 2%.

Face à ce constat, que faire ? Bien sûr les associations de défense des droits de l’homme et les syndicats se battent pour améliorer les conditions de vie des citoyens ; mais leur combat est général et ne prend pas assez en compte les discriminations fondées sur le sexe. Il appartient donc aux femmes de prendre leur destin en main.
Selon Germaine Pitroipa, membre de l’UNIR/PS et coordonnatrice de la plateforme, l’ambition de GF-BF est " de promouvoir une société plus juste et équitable où femmes et hommes participent au même titre au développement économique et social du Burkina". En d’autres termes, GF-BF soutiendra toutes les femmes militantes dans les organisations afin qu’elles soient promues à des postes de responsabilité plus importantes que par le passé. "On ne veut plus qu’on nous réserve seulement le poste de trésorière ou de chargée à la mobilisation féminine", explique,Nana née Kaboré Marie-madeleine, coordonnatrice adjointe de la plateforme.
Pour y parvenir, la plateforme, compte organiser des actions de plaidoyer et de lobbying auprès des décideurs, renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles des structures féminines, suivre et évaluer la mise en oeuvre des actions de la plateforme et nouer des alliances stratégiques qui permettront d’atteindre les objectifs. "Nous n’allons plus nous taire ; il faut désormais compter avec " préviennent les militantes de la plateforme.
Conscientes qu’organiser efficacement un groupe de pression ne s’improvise pas, les femmes qui ont rencontré la presse vendredi se disent confiantes, d’autant que parmi elles, il y a des compétences et des expériences qui permettent de penser que "Gagner avec les femmes au Burkina" ne sera pas une organisation féminine de plus.

Composition du bureau
* Coordonnatrice nationale : Germaine Pitroipa
* Coordonnatrice adjointe : Nana, née Kaboré Marie-Madeleine
* Secrétaire générale : Kinda Alizèta
* Secrétaire générale adjointe : Sawadogo Fatimata
* Chargée des ressources financières : Konaté Jacqueline
* Chargée des ressources financières adjointe : Sagnon Assita Vinama
* Chargée de la communication et de l’information : Mme Tangari

Dominique Koné
Kaceto.net