Harouna DICKO s’inquiète des conséquences que la crise qui affecte la CENI depuis des mois pourraient avoir sur le processus électoral et le bon déroulement des futures consultations démocratiques

La crise à la CENI est un risque de blocage de l’institution chargée d’un des fondamentaux de notre fragile processus démocratique, à savoir les élections honnêtes et transparentes.

Scènes du film :
Le 27 août 2018 le Président de la CENI fait un TWEET personnel pour annoncer la tenue du référendum ;
Le 28 août 2018 la Direction de la communication du MATD publie un communiqué pour annoncer qu’aucune date n’avait été arrêtée par le conseil des Ministres seul habilité en la matière ;
Le 17 septembre 2018 tous les cinq 05 commissaires représentant l’opposition à la CENI signent un mémorandum accusant entre autres la gestion solitaire autocratique du Président de la CENI ;
En réponse au mémo des commissaires, le Président anime une conférence de presse le 25 septembre 2018 ;
Le 1er octobre 2018 les 05 commissaires réagissent par une déclaration de presse pour réaffirmer d’avantage leurs accusations ;
Le 30 octobre 2018 le Président convoque une assemblée plénière sur un des points d’accusation par ses pairs à savoir le mode d’enrôlement des électeurs. Dès l’ouverture de la séance, il livre un message et quitte immédiatement la salle sans désigner un intérimaire pour la séance ;
Ce même jour 30 octobre 2018, sur les 15 commissaires que compte la CENI, 14 signent un procès verbal de cette plénière et saisissent le MATD ;
Le 02 novembre 2018, le Président de la CENI revient à la plénière et la séance est renvoyée au 08 novembre 2018 ;
Le 08 novembre 2018, la plénière met en place une sous-commission ad hoc de réflexion sur le mode d’enrôlement des électeurs.
Critiques des scènes à ce stade :
Par son TWEET le Président de la CENI a empiété non seulement sur une prérogative du Gouvernement mais aussi sur le principe de collégialité des membres de la CENI ;
Par son communiqué de presse, le MATD a autorisé toute autre personne à fouetter ce Président d’institution pour ses fautes ou erreurs.
Par leur mémo, les commissaires ont porté sur la place publique des affaires qui pouvaient et devaient trouver leurs solutions lors d’assemblées plénières souveraines ;
En animant tout seul la conférence de presse, le Président s’est certainement justifié publiquement mais s’est aussi, à l’instar des commissaires accusateurs, écarté de la voie réglementaire propice en de telles circonstances ;
La déclaration de presse des commissaires n’est que la confirmation de la crise interne qui n’a pas eue de solution en interne.
Plutôt que de se retirer de la plénière, ça aurait été de la responsabilité pour le Président de rester défendre son point de vue sur la question ;
La signature d’un procès verbal par 14 commissaires dont un P/O, interprétant l’attitude du Président comme une démission de son poste, est révélatrice d’une situation préoccupante pour une institution comme la CENI ;
Le retour du Président à la plénière est à saluer quelque soit l’origine de l’initiative ;
Les conclusions de la plénière du 08 novembre 2018 sont de nature à calmer la situation. Dieu merci.
A ce stade, je croise les doigts pour un dénouement heureux au bonheur de la démocratie.

Ouagadougou, le 11 novembre 2018

Harouna DICKO