La dernière étape de la compétition "je slam pour la planification familiale" s’est déroulée le 9 novembre dernier à Tenkodogo, dans le Centre-Est, une région où le taux de grossesses nom désirées en milieu scolaire est le plus élevé.
Pourquoi une telle particularité ? Tentative d’explication.

Le taux de grossesse en milieu scolaire dans le Centre-Est reste l’un des plus élevés du Burkina Faso. Lors de la dernière étape de la compétition "Je slam pour la planification familiale" qui s’est déroulée le 9 novembre dernier sur la Place de la Nation à Tenkodogo, Kaceto.net a interrogé les habitants de la localité sur les causes de ce phénomène. Les autorités de la ville ainsi que des représentants du Réseau africain jeunesse santé et développement(RAJS), structure initiatrice de la compétition et du projet Autonomisation des femmes et dividende démographique, étaient présentes.
La situation des grossesses en milieu scolaire est très préoccupante dans la région du centre-Est. Selon le Dr Said Yacine Ouédraogo de la direction régionale de la santé, "nous avons noté 100 grossesses non désirées dans les établissements scolaires dans la seule la ville de Tenkodogo rien que durant le premier trimestre de l’année 2018 !"
Concernant la planification familiale, il a expliqué que le taux d’utilisation des méthodes contraceptives est encore bas, 16% contre un taux national de 22,3%.
Pour le Dr Said Ouédraogo, il est impératif que des mesures idoines soient rapidement prises pour faire barrière au phénomène. Il a félicité l’initiative de la compétition « Je slam pour la PF" qui vise à sensibiliser les jeunes sur les grossesses non désirées en faisant la promotion des méthodes planificatrices auprès de la jeunesse.
Sur les causes de cette situation déplorable, Ouandaogo Mohamed habitant la cour du Naaba Guigemdepolé de Tenkodogo accuse les filles qui seraient attirées par le gain facile. « Les filles de Tenkodogo aiment trop l’argent et les hommes profitent de cela pour les attirer dans leur lit", dit-il, avant de poursuivre : "Moi-même qui vous parle, il suffit juste que j’aborde une fille en lui disant que je suis riche ou que je viens d’une famille riche pour l’avoir". Il accuse les parents qui ne jouent pas aujourd’hui et qui laissent leurs enfants à eux-mêmes alors qu’ils côtoient souvent des gens de mauvaise compagnie.

Ouandaogo Mohamed pointe également du doigt "les instituteurs qui sont pour la plupart des cas, les auteurs des grossesses de nos petites sœurs qui sont à l’école". Visiblement en colère, il s’interroge : "Avec de tels comportement, comment voulez-vous lutter contre le phénomène des grossesses en milieu scolaire quand ceux-là mêmes qui doivent donner l’exemple en sont les auteurs ?".
Boussim Jacques estime que les filles de Tenkodogo sont de moins en moins préoccupées par leur avenir, ce qui explique ce fort taux de grossesse. « Lorsque tu sais ce que tu veux dans la vie, tu ne peux pas te permettre de faire des rapports sexuels sans protection étant jeune", opine t-il. Un point de vue que ne partage pas
Bancé Alimatou. Elle estime que les filles ne sont pas des coupable, mais plutôt des victimes. « Les garçons sont tellement forts dans le mensonge, ce qui fait que souvent, nous nous donnons à eux sans réserve. Un garçon peut venir vers toi en te faisant croire qu’il vient avec de bonnes intentions alors que c’est le diable en personne. C’est quand il va t’enceinter que tu vas découvrir qui il est en réalité, mais c’est déjà trop tard", explique t-elle.
Du côté des autorités municipales, le 1er adjoint du maire de Tenkodogo dit être conscient que le phénomène est criard dans la ville et compte aussi sur des initiatives comme la compétition "Je slam pour la PF" pour faire reculer le phénomène. Sachant que la mairie organise souvent des campagnes de sensibilisation visant à éradiquer les grossesses non désirées, mais le combat est loin d’être gagné.

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Frédéric Tianhoun
Kaceto.net