Un affrontement entre les groupes d’auto-défense Koglwéogos de Nioko2 et la population de Arb-yaar dans l’arrondissement 4 de Ouaga a fait deux morts cet après-midi.
La tension, qui reste vive parmi les jeunes de l’arrondissement risque de perdurer encore demain

Deux morts. C’est le bilan macabre de l’affrontement entre les groupes d’auto-défense Koglwéogo de Nioko2 et les habitants de Arb-Yaar, dans l’arrondissement N°4 de Ouagadougou. La première victime s’appelle Harouna Ouédraogo, boucher de profession, la cinquantaine bien sonnée, il est marié avec deux femmes et est père de neuf (9) enfants. Il aurait été abattu à bout portant par les Koglwéogos. La deuxième victime est un Koglwéogo, lynché par les populations pour venger Harouna Ouédraogo. Son corps gisait dans un caniveau lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, la tête ensanglantée.
Selon les témoins rencontrés sur place, les faits se seraient déroulés aux environs de 16 heures. "J’étais dans le marché en train de vendre de la viande quand j’ai entendu un coup de feu de l’autre côté du marché. Puis, quelqu’un est venu m’interpeller de venir parce que les Koglwéogos ont tiré sur mon frère", explique Daouda Ouédraogo, le frère cadet de Harouna Ouédraogo.

*
Soumaïla Tapsoba, un des amis du boucher défunt se veut plus précis. "Nous étions ensemble vers 14 heures quand nous avons vu un groupe de Koglwéogos passer devant nous. Quelque temps après, ils sont revenus très nombreux et un d’eux a crié : c’est lui Harouna, en indexant mon ami. Puis l’autre a tiré sur lui. Après, ils ont voulu s’enfuir et c’est là que la population s’est lancée à leurs trousses. Un Koglwéogo n’a pas pu s’échapper avec les autres ; comme les gens le pourchassaient, il a sorti une sorte de pistolet traditionnel qu’il a tenté de charger de munitions, sans succès. Les gens l’ont donc lapidé à mort", a t-il confié à Kaceto.net
Mais quel crime a bien pu commettre Harouna Ouédraogo pour mériter un tel traitement de la part des Koglwéogos ? Explications de Soumaïla Tapsoba et Daouda Ouédraogo.
Un différend oppose depuis un an le défunt boucher aux Kogwéogos. Ces derniers l’accusent d’avoir acheté trois (3) chèvres volées. Ils le somment de rembourser le prix des bêtes, soit 600 000 F. Sous la pression, Harouna paie. "C’est moi-même qui ait compté cash les 600 000 F pour leur remettre", insiste Daouda Ouédraogo.
Mais ne reconnaissant pas les faits, son frère décide de porter plainte contre les Koglwéogos auprès du commissariat de police de Wemtenga. Le dossier atterrit sur le bureau du procureur qui commet un juge d’instruction. Une première audience est fixée le 23 avril 2018, puis une seconde le 13 septembre. "A tous ces rendez-vous, les Koglwéogos ne sont pas venus. A cause de la grève de la garde de sécurité pénitentiaire (GSP), la prochaine audience a été fixée au 9 janvier 2019", explique toujours le frère cadet du défunt, convaincu que "c’est pour faire taire définitivement l’affaire que ces gens ont décidé de tuer mon frère".

Sur place à Arb-Yaar, la tension était très vive. Un périmètre de sécurité a été installé pour permettre d’enlever les deux corps. Mais, la population ne l’entend pas de cette oreille. Visiblement en colère, les jeunes ne veulent pas qu’on mette dans le même corbillard le corps de leur parent et celui du Koglwéogo. Le maire de l’arrondissement 4, Anatole Bonkoungou, arrivé sur les lieux, tente d’apaiser les esprits. Une rumeur envahit la foule : les Kogwéogos sont partis avec trois jeunes. "On ne sait pas ce qu’ils deviennent et il faut que la gendarmerie aille à leur siège pour vérifier", exige la foule. "C’est absolument faux, aucun jeune n’a été enlevé par les Koglwéogos" rétorque le maire Anatole Tiendrebéogo. Des amis et parents de la victime entrent dans la négociation pour que les jeunes acceptent de laisser passer les deux corps. Peu après 18 heures, les corbillards transportant les deux cadavres peuvent démarrer, précédés par les véhicules de la police et de la gendarmerie.

Les jeunes se regroupent pour passer des messages : "demain matin, tous à la mairie de l’arrondissement 4 pour demander des explications au maire.

* Crédit Photo : AIB

Joachim Vokouma
Kaceto.net