Face aux énormes besoins de l’Etat pour faire face à l’insécurité qui frappe plusieurs régions du Burkina et répondre dans le même temps aux attentes sociales, la Banque mondiale a consenti un don d’environ 50 miiliards de F CFA destinés à financer un projet d’urgence des dépenses récurrentes. Un cadeau de Noël avant l’heure !

"Une bouffé d’oxygène pour le gouvernement", c’est ainsi que la ministre de l’Economie, des finances et du développement, Rosine Sori Coulibaly a commenté l’appui budgétaire d’un montant de 100 millions de dollars US, soit environ 50 milliards de FCFA, accordé par la Banque mondiale (BM) sous forme de don au gouvernement burkinabè. La signature de l’accord de financement est intervenue le 3 décembre dernier dans la salle de conférence du ministère entre la ministre et le représentant résident de la BM, Cheick Kanté.
Un cadeau de Noël avant l’heure qui tombe vraiment à pic dans un contexte où les attaques terroristes qui endeuillent notre pays depuis janvier 2016 et les mouvements de revendication des syndicats qui rythment la vie sociale ont considérablement perturbé l’activité économique. L’état s’est vu obligé d’opérer de nouveaux choix budgétaires pour donner plus de moyens aux forces de défenses et de sécurité tout en apportant tant bien que mal des réponses à la fronde sociale alors que dans le même temps, les rentrées fiscales n’ont pas atteint le niveau espéré.
Le 10 octobre dernier, le conseil des ministres a ainsi adopté un budget rectificatif qui s’élève à 1795 milliards de F CFA contre 2018 milliards de F CFA attendus. Les dépenses ont été revues à la baisse, soit 2191 milliards contre 2441 milliards, pendant que l’épargne s’établit à 129 milliards contre 418 milliards prévus.
Près de 93 milliards ont été mobilisés pour faire satisfaire les revendications sociales au moment où les rentrées de ressources intérieures connaissaient une baisse : 918 contre 720 milliards en 2107.

Face à la rareté des ressources, les secteurs prioritaires comme la santé et l’éducation sont plus que d’autres, les plus affectés, particulièrement dans le Nord et le Sahel où plusieurs écoles sont fermées et où l’accès aux soins devient de plus en plus difficile pour les populations.
En attendant le bilan de la campagne agricole 2018, celle de l’an passée a été, on le sait mauvaise, provoquant une crise alimentaire plus ou moins grave selon les régions. Les prix des céréales ont connu une forte hausse, entre 40 et 50% comparativement à 2017, plongeant 2,6 millions de Burkinabè dans l’insécurité alimentaire.
Pour parer au plus pressé, l’Etat a dû lancer un plan d’urgence par le transfert de vivres et de numéraires à destinations des communes frappées par l’insécurité alimentaire et il est apparaît impérieux de reconstituer les stocks de la SONAGESS au moment où les prix des céréales sont un niveau relativement bas.
"Le projet d’urgence pour le financement des dépenses récurrentes (PUFDR) d’une enveloppe de 100 millions de dollars a été conçu pour répondre de manière holistique aux défis auxquels ces régions du pays font face, afin de renforcer leur résilience" a indiqué le représentant résident de la Banque mondiale. L’appui permettra au gouvernement de faire face aux dépenses récurrentes (salaires et autres charges) dans les secteurs de l’éducation en assurant la continuité de la scolarisation des élèves déplacés dans les zones fortement impactées par l’insécurité et d’offrir gratuitement des soins aux populations vulnérables.
Tout en remerciant la banque mondiale pour cet appui budgétaire qui doit entrer dans les comptes de l’Etat d’ici fin décembre, la ministre de l’Economie a indiqué que le PUFDR, qui devrait durer trois ans à partir de 2018, est bâti sur quatre composantes : le paiement des dépenses courantes, le réapprovisionnement du stock de sécurité alimentaire nationale, l’assistance technique ciblée pour un déploiement renforcé des ressources de l’Etat et la gestion du programme. "A travers sa mise en oeuvre, le projet contribuera fortement d’une part, à faire face à la crise actuelle dans les régions du Nord, du Sahel, du Centre et de l’Est du pays, et d’autre part, à améliorer la gestion des fonctionnaires permettant de contenir les dépenses budgétaires pour 2018 et de donner un souffle budgétaire pour l’année 2019", a déclaré Rosine Coulibaly.

Dominique Koné
Kaceto.net