Pour beaucoup de Burkinabè, la période de la transition politique est quasiment sacrée. Fruit d’une lutte populaire qui aura occasionné plusieurs dizaines de morts, l’insurrection et la transition politique qui a suivi sont vues comme une victoire du peuple sur la politique politicienne. Le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré ne semble pas l’avoir compris. Malgré les révélations faites sur une gestion peu orthodoxe des deniers publics sous la transition, il suffit de faire un tour sur les fora ou d’écouter les émissions interactives sur les radios nationales, pour comprendre que Zida et Kafando bénéficient toujours d’un grand soutien dans l’opinion publique.

Prise de pouvoir à Blaise Compaoré, mandat d’arrêt contre Blaise Compaoré, instruction des dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo, résistance au coup d’Etat de Diendéré, démantèlement du Régiment de Sécurité Présidentiel, indépendance de la Justice, mandat d’arret contre Guillaume Sorro, etc. Tout ceci et plus encore, est arrivé sous la transition politique. Les Burkinabès ont encore en mémoire que certains dirigeants de la transition ont failli perdre la vie pendant le coup d’Etat et beaucoup ont une certaine empathie à leur endroit et ne comprennent pas cette sorte d’acharnement sur les acteurs de la transition, notamment le Général Yacouba Isaac Zida.
Il y a surement eu des manquements à la gestion du pouvoir puisque l’Autorité de contrôle d’Etat le dit, mais le commentaire qui revient le plus est : Quand est ce que Roch va oublier la transition et commencer à travailler. A ceci s’ajoute également une incompréhension face à l’annulation du mandat d’arrêt contre Guillaume Sorro qui selon des écoutes téléphoniques auraient comploté contre le Burkina ou encore la libération des anciens dignitaires du régime Compaoré accusés de diverses malversations. Ce sont peut-être là des décisions indépendantes de justice mais elles confortent une grande frange des insurgés dans l’idée que la transition à mieux gérer le pays que ce que le pouvoir de Roch fait en ce moment.
L’insurrection populaire au Burkina Faso a été saluée un peu partout à travers le monde, par des anonymes et par des personnalités dont des dirigeants de différents pays. Cette insurrection a fait l’objet d’un long métrage fiction et d’un documentaire qui tourne depuis lors dans les salles et festivals du monde. Le Balai Citoyen qui est l’organisation de la société civile ayant le plus mobilisé avant, pendant et après l’insurrection a été récompensé moult fois durant l’année écoulée et a même été invité à partager l’expérience de la lutte burkinabè au Congo, e, France, en Norvège, en Belgique, etc.
Il est temps que le président Roch Marc Christian Kaboré et ses proches comprennent qu’une grande frange de la population dont plusieurs militants du MPP est fière de l’insurrection, de la transition et de la résistance au coup d’Etat de Diendéré. Qu’ils arrêtent de se focaliser dessus afin de concentrer leurs efforts sur le développement réel du Burkina Faso.

Wendkouni