Lettre ouverte à monsieur Xavier Lapeyre de Cabanes, ambassadeur de France au Burkina Faso suite à son interview dans le journal Bendré

Monsieur l’Ambassadeur de France au Burkina Faso,

Vous avez accordé une interview au journal Bendre dans sa parution numéro 998 du 21 janvier 2019. Dans cette interview qui a essentiellement porté sur la coopération de la France avec le Burkina Faso aux plans politique, économique, judiciaire et militaire, vous avez fait fi bien souvent de règles de bienséance qui caractérisent votre fonction. L’ambassadeur de France en poste au Burkina que vous êtes est sensée savoir qu’il y’a des questions touchant à la souveraineté du pays d’accueil qui requièrent un devoir de réserve. Mieux, notre étonnement et indignation pendant l’entretien sont totales sur votre conception du devoir de réserve dans la mesure où vous faites montre de ce principe cardinal relatif à la diplomatie que sur la question ayant trait à l’actualité en France. Il y a comme du deux poids deux mesures, et cette situation pourrait bien conforter la position des intellectuels qui affirment que les puissances occidentales considèrent les chefs d’État Africains comme des " valets à leur service".

Monsieur Xavier Lapeyre de Cabanes, nous revenons sur des extraits de votre interview qui illustrent à merveille nos propos énoncés ci dessus.
À la question du journaliste sur le pourquoi de l’immobilisme du G5 Sahel, voici un extrait de votre réponse sur le sujet : "Au Burkina Faso, on s’est rendu compte qu’après Nassoumbou, l’armée burkinabè avait du mal à s’organiser pour lutter contre le phénomène. Parce que c’est la première fois que le Burkina Faso doit faire face à ce phénomène. On s’est rendu compte que le régime du président Blaise Compaoré n’avait pas une armée digne de ce nom. Le président Compaoré a laissé l’armée régulière sans armes, sans entraînement, sans rien. Je n’invente rien. Ça se constate".
Par contre, lorsque le journaliste vous pose la question de savoir si la France n’est pas trop en marche du fait des Gilets Jaunes, vous vous souvenez brusquement que vous êtes soumis à un devoir de réserve. Et nous vous citons : "Écoutez, ce n’est pas la république qui n’est pas trop en marche en France. Je ne suis pas un analyste de mon propre pays. Souvent on voit des choses. Je me garderai bien d’analyser cette question". En guise de conclusion à cette question sur l’actualité brûlante en France, vous affirmez sans ambages :"En tant qu’ambassadeur, j’ai un impératif de neutralité politique. Je ne suis pas bien placé pour commenter cela. Je vois cela de loin".

Monsieur l’Ambassadeur de France, nous trouvons tout aussi simpliste votre opinion sur le mal de l’armée Burkinabè à s’organiser pour lutter contre le terrorisme. Nous puissions vous affirmer que ce mal de l’armée burkinabè pourrait être le fruit de la faillite du système néocolonial mis en place au lendemain des indépendances formelles de 1960 sous la conduite de l’impérialisme notamment Français. N’oublions pas d’ajouter l’effet dévastateur qu’à pu jouer sur l’organisation de notre armée l’application sans état d’âme des Programmes d’ajustement Structurel (PAS) imposés par les institutions de Breton Woods, instruments d’exploitation et d’appauvrissement de l’Occident impérialiste.
Nous tenons surtout à vous rappeler que le chef de la diplomatie Française avait exprimé sans détour son mécontentement quand le président Trump avait donné un jugement de valeur sur la crise des Gilets Jaunes.

Monsieur Xavier Lapeyre de Cabanes, Ambassadeur de France au Burkina Faso, tout en vous souhaitant une bonne réception de cette missive, veuillez agréer l’expression de nos salutations distinguées.

Burkina Faso, le 1er février 2019.

Ousmane So

Président Association Convergence Citoyenne et Panafricaine (CCP)