Devant le bras de fer qui perdure entre le ministre burkinabè de la Santé, Smaïla Ouédraogo, et des responsables de la Centrale d’achat des médicaments essentiels et génériques (CAMEG), des voix s’élèvent de plus en plus pour inviter les protagonistes à ne pas compromettre l’approvisionnement du pays en produits pharmaceutiques.

En mai 2016, le Conseil d’administration de la CAMEG présidé par Bocar Kouyaté a reconduit le Directeur général sortant Jean Chrysostome Kadéba pour un mandat de trois ans.

Le ministre de la Santé Smaïla Ouédraogo contestant cette décision, a mis en place un nouveau Conseil d’administration présidé par Salifou Konfé et a converti le mandat de M. Kadéba en un intérim de trois mois.

Ce nouveau conseil est par ailleurs chargé d’administrer ‘’l’Association CAMEG’’ dont le récépissé a été signé le 24 août 2016 avec toutefois la même adresse que l’entité CAMEG.

Le 25 août dernier, le Tribunal administratif de Ouagadougou a invalidé l’éviction de Bocar Kouyaté car, poursuit-il, son mandat s’achève en avril 2017.

Le Tribunal a déclaré le recours de Jean Chrysostome Kadéba sans objet, vu que le ministre Ouédraogo a annulé le 23 août 2016 son intérim afin dit-il, de permettre au ‘’nouveau conseil d’administration’’ de statuer pleinement.

Les sieurs Kouyaté et Kadéba criant à la victoire, ont estimé que le droit a été dit. Mais le ministère de la Santé dans un communiqué, a indiqué que ces décisions du juge « n’ont pas de conséquences juridiques substantielles sur la situation en cours à la CAMEG ».

Cet interminable bras de fer qui fait les choux gras de la presse burkinabè a suscité de nombreuses réactions au sein de l’opinion publique.

La Confédération générale du travail au Burkina (CGT-B) dit noter « une volonté affichée du ministre de la Santé de passer en force pour rompre le contrat du Directeur Général (Jean Chrysostome Kadéba) ».

Elle a rappelé que « trois ruptures précédentes de contrat de Directeurs Généraux, jugées illégales, ont coûté à la CAMEG plusieurs dizaines de millions de F CFA ».

Pour le syndicat des pharmaciens du Burkina, « la CAMEG qui fait la fierté des Burkinabè » depuis une vingtaine d’années, « ne doit pas s’écrouler sous les décisions hasardeuses de Monsieur Smaïla Ouédraogo ».

Il « prend à témoin le gouvernement et l’opinion publique sur les conséquences sanitaires désastreuses que pourraient entrainer les actes du Ministre de la Santé ».

Selon le contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga, « le vrai problème qui se pose au niveau de la CAMEG (…) est le hiatus entre le statut juridique de la structure et son rôle central au niveau de l’Etat ».

« Nous nous retrouvons avec une structure privée qui a un monopole d’Etat, une association qui se retrouve avoir le pouvoir de commander des médicaments pour le Burkina Faso, sans que cela ne soit mise à concurrence », a t-il expliqué dimanche soir sur la télévision publique.

En rappel, la CAMEG a été créée par décret présidentiel en 1992. Mais, elle a débuté effectivement ses activités en 1994 sous la forme d’un projet avec un statut d’Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC).

En 1997, elle a été transformée en Association à but non lucratif (ASBL), dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.

C’est à ce titre que des administrateurs représentants l’Etat et plusieurs couches socio-professionnelles y siègent.

Source : AIB
Kaceto.net