Contre les terroristes, le premier ministre Christophe Dabiré appelle à "un sursaut national" dans son discours de politique générale prononcé aujourd’hui 18 février devant l’assemblée nationale.

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Vous pouvez aisément deviner toute l’émotion qui est mienne de me
retrouver devant vous, dignes représentants du peuple, pour accomplir
ce devoir républicain, conformément aux dispositions de l’article 63 de
notre Constitution. C’est à la fois un grand honneur, un privilège et un
agréable devoir pour moi, de présenter à votre auguste Assemblée, ma
déclaration de politique générale.
Au-delà du rituel, je mesure toute la valeur que revêt cet exercice auquel
je me prête : celui de vous présenter la feuille de route de ma
contribution à la réalisation du Programme de société du Président du
Faso, Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE, dont la
vision est de : « Bâtir, avec le peuple, un Burkina Faso de démocratie, de
progrès économique et social, de liberté et de justice ». Ce programme
est désormais traduit en Plan National de Développement Economique
et Social (PNDES) pour servir de référentiel à l’action gouvernementale.
Je voudrais de prime abord en savoir sincèrement gré au Président du
Faso d’avoir placé en moi sa confiance. En acceptant cette lourde
responsabilité, je prends l’engagement, en toute humilité, au nom de
toute l’équipe gouvernementale, d’œuvrer à l’atteinte des objectifs qu’il
a bien voulus nous assigner. Je reste convaincu qu’avec le peuple
comme témoin, comme censeur et comme soutien, nous relèverons les
défis en toute responsabilité.
Avant toutefois de vous présenter les grandes orientations de ma
politique, ma pensée va d’abord à mon prédécesseur, Monsieur Paul
Kaba THIEBA, qui a accompli cette tâche avec vivacité, dévouement et
passion dans un contexte particulièrement difficile. Malgré les embûches
qui ont parsemé le chemin, il a engrangé d’importants acquis avec ses
équipes gouvernementales. Je mentionnerai particulièrement la reprise
de l’activité économique qui était en berne suite aux événements
politiques de 2014 et 2015. En effet, l’économie a été replacée sur un
sentier de croissance soutenue durant les trois dernières années, avec un
taux de croissance annuel moyen du PIB réel d’environ 6%.
Une telle performance, sous-tendue entre autres par l’accroissement de
l’investissement public, la bonne tenue de l’activité économique dans
les principaux secteurs de production et l’afflux des investissements
directs étrangers, notamment dans le secteur minier, a permis
d’améliorer l’offre des services sociaux tels que l’accès à l’eau potable,
aux soins de santé et à l’éducation.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

En dépit des nombreux acquis dans la mise en œuvre du Programme de
société du Président du Faso, des défis multiples alimentent les craintes
et provoquent les mécontentements de certains de nos compatriotes au
point de compromettre la paix et la cohésion sociale.
Le constat est que les Burkinabè demeurent inquiets et insatisfaits de leur
vécu quotidien pour des raisons qui tiennent principalement à la
dégradation de la sécurité intérieure, à l’effritement de la cohésion
sociale, à une gouvernance jugée défaillante et enfin à la portée limitée
des effets et impacts de nos politiques publiques.
C’est en réponse à ces préoccupations que je comprends et partage,
que j’ai choisi d’articuler la feuille de route de ma politique autour des
axes majeurs suivants :
1. le devoir de relever les défis sécuritaires ;
2. l’exigence de pallier l’effritement de la cohésion sociale ;
3. l’obligation d’instaurer une gouvernance plus vertueuse ;
4. la nécessité de renforcer le développement du capital humain et ;
5. la volonté de dynamiser l’économie nationale.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

La paix et la sécurité constituent la condition indispensable à la mise en
œuvre et à la consolidation des actions de développement d’un pays.
Malheureusement, depuis 2015, les actes de violence parfois extrêmes
se sont répétés dans notre pays. Les attentats meurtriers et la destruction
des édifices publics, les enlèvements et prises d’otages, parfois suivis
d’exécution sommaires, les assassinats de représentants de l’État, les
attaques contre les unités des Forces armées nationales, des forces de
sécurité intérieure et para-militaires sont autant d’actes ignobles qui
mettent en péril la paix et la sécurité des biens et des personnes dans
notre pays.
L’accentuation des attaques terroristes sur notre territoire a été rendue
possible par la conjugaison de facteurs internes et externes tels que le
maillage encore insuffisant du territoire national en services de sécurité,
la faible implication des populations dans les stratégies de défense et de
sécurité ainsi que la porosité de nos frontières nationales.
Nous devons rester stoïques et déterminés à vaincre car, j’ai la conviction
que nous avons le patriotisme dans nos veines, le courage, les moyens et
l’opiniâtreté nécessaires pour être à la hauteur des défis posés par le
terrorisme. C’est cette détermination qui anime nos Forces armées
nationales et nos Forces de sécurité intérieure qui se battent contre la
barbarie et pour le triomphe de la paix. Je leur rends un vibrant
hommage. C’est aussi l’occasion pour moi d’adresser mes sincères
remerciements à tous ceux qui apportent leurs concours précieux dans
cette lutte contre le terrorisme par des soutiens matériels et financiers
divers, des propositions et même par la critique constructive.
A cet instant précis, j’ai une pensée pour les victimes aussi bien des
conflits communautaires que du terrorisme, tombées sur notre sol ou sur
les terrains du maintien de la paix, décédées ou blessées. J’ai également
une pensée, une forte compassion pour leurs proches inconsolables qui
vivent dans la douleur et la peine ainsi provoquée. A l’endroit de tous les
blessés, je formule mes vœux de prompt rétablissement.
En mémoire de toutes les personnes décédées du fait de l’extrémisme
violent, je vous prie d’observer une minute de silence.

Je vous remercie !
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

Pour relever les défis sécuritaires, nous devons apporter des réponses
vigoureuses et diligentes à toutes les attaques dont notre pays est l’objet,
afin de restaurer la paix, la sérénité et la quiétude dans la Cité.
Pour cela, je voudrais mentionner trois principes cardinaux qui seront au
cœur de l’action de mon gouvernement.
Premièrement, face à cette barbarie d’une autre époque, il faut l’union
sacrée de tous les Burkinabè, car comme l’affirmait feu le Président
Thomas SANKARA, notre peuple unis et mobilisé constitue une force
inébranlable, une puissance capable de prendre en main son propre
destin. Dans ce sens, je voudrais insister sur notre devoir de nous mobiliser
comme un seul homme pour repousser l’ennemi commun.
Deuxièmement, tout en sollicitant l’appui de la communauté
internationale dans la lutte contre le terrorisme qui est un phénomène
mondial, le Burkina Faso doit d’abord compter sur ses propres forces pour
ne pas prendre le risque de s’abandonner dans l’indolence du sommeil
sur la natte d’autrui et faire lâchement l’option de périr sans gloire : « nan
lara, an sara ! » comme le disait si bien feu le Professeur Joseph KI-ZERBO.
Troisièmement, nous devons nous convaincre que la lutte contre le
terrorisme est un combat de longue haleine. Tout en apportant des
réponses appropriées, en temps et en heure, aux actions destructrices
de ces criminels, nous devons travailler à construire et à consolider
durablement les bases de notre victoire certaine.
Mu par ces trois principes, mon gouvernement apportera toutes les
ressources nécessaires à l’amélioration des actions de nos forces armées
nationales et de nos forces de sécurité intérieure sur le terrain. Il ne
ménagera aucun effort pour :
1. mettre en œuvre avec toute la diligence requise, la loi de
programmation militaire quinquennal 2019-2023 pour renforcer les
moyens logistiques et matériels de nos Forces armées nationales et
de nos Forces de sécurité intérieure ;
2. améliorer le maillage du territoire en services de sécurité
opérationnels à travers le renforcement des effectifs des Forces
armées nationales et des Forces de sécurité intérieure et leur
redéploiement progressif, méthodique et résolu sur le terrain. C’est
le lieu pour moi de remercier votre auguste Assemblée d’avoir
entériné l’augmentation substantielle du budget de l’exercice
2019 consacré à la défense et à la sécurité ;
3. renforcer la coopération militaire sous régionale en insistant sur la
nécessaire synergie d’actions, en particulier entre les pays du G5
Sahel. Il y a lieu ici de saluer la désignation, par ses pairs, de Son
Excellence Monsieur le Président du Faso, en qualité de Président
en exercice du G5 Sahel au titre de l’année 2019. Son leadership
avéré sur le terrain de la coopération sous régionale sera d’un
grand apport dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Je
salue par ailleurs la perspicacité des chefs d’Etat du G5 Sahel qui
ont bien compris que la solution au terrorisme et à l’extrémisme
violent dans le Sahel passe également par la mise en œuvre d’un
programme de développement intégré au profit des populations
de cette zone et enfin ;
4. améliorer la collaboration des Forces armées nationales et des
forces de sécurité intérieure avec les populations, en mettant en
place une stratégie adaptée à cet effet.
Toutes ces actions intègrent les recommandations de votre auguste
Assemblée sur la situation sécuritaire. Elles sont conformes aux
orientations du Plan stratégique de réformes des forces armées
nationales 2018-2022 qui seront mises en œuvre sous l’impulsion des
Ministres en charge de la défense nationale et de la sécurité intérieure.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

A cet instant précis de mon propos, je voudrais lancer un appel solennel
à tous les Burkinabè de tous bords pour un sursaut national.
En effet, la dégradation progressive de la situation sécuritaire dans notre
pays a des conséquences néfastes énormes sur notre vivre ensemble.
Elle est entrain de saper progressivement certaines de nos valeurs
fondamentales légendaires, comme notre tradition de tolérance,
d’hospitalité et de coexistence pacifique au sein des communautés. En
effet, les récents conflits communautaires, en particulier celui de Yirgou
ont montré qu’il est impérieux de préserver ces spécificités propres au
Burkina Faso.
L’ensemble des Burkinabè ont ressenti une forte charge émotionnelle à
la suite des récents conflits communautaires. C’est le lieu pour moi de
condamner, avec la dernière énergie, ces événements malheureux,
horribles et inacceptables que rien ne justifie. Cette charge émotionnelle
a parfois conduit à des débordements inconsidérés dans les propos et
dans les actes de certains de nos compatriotes.
Je déplore ce type de comportements qui sont de nature à exacerber
les contradictions dans nos villes et dans nos compagnes. J’invite les uns
et les autres à de la retenue et à faire confiance aux institutions de la
république pour la manifestation de la vérité.
Je rappelle à tous que notre pays a opté d’avancer résolument dans la
construction d’un Etat de droit démocratique dont les lois et règlements
organisent la vie de la Nation. C’est pourquoi, d’ores et déjà, j’ai décidé
d’agir urgemment sur trois leviers pour la reconstitution de notre tissu
social déchiré. Il s’agit :
1. d’accompagner notre justice pour qu’elle s’assume pleinement
dans la résolution de ces problèmes. A cet égard, les procureurs du
Faso et les officiers de police judiciaire sont à pied d’œuvre pour
diligenter les enquêtes préliminaires ;
2. de donner tous les moyens matériel et financier nécessaires au
ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et
de la cohésion sociale pour rendre plus opérationnels les services
déconcentrés de l’Etat, afin qu’ils puissent jouer pleinement le rôle
de prévention et d’interposition en cas de besoin ;
3. de solliciter l’accompagnement des autorités coutumières et
religieuses pour un retour au calme et à la sérénité dans les localités
concernées, mais également pour prévenir d’éventuels conflits
dans les communautés.
C’est l’occasion pour moi de saluer les initiatives développées par les
chefs coutumiers, les religieux et les Organisations de la société civile
(OSC) qui, de façon spontanée, ont appelé au calme et à la
tempérance afin de revivifier notre vivre ensemble. Mon gouvernement
est à pied d’œuvre pour prendre en charge toutes les victimes de ces
conflits.
Par ailleurs, les menaces qui pèsent sur notre cohésion nationale sont de
nature à aggraver les situations que j’ai évoquées plus haut.
En effet, le foisonnement depuis 2016 des revendications sociales, le
ressenti de la cherté de la vie dont le corollaire a été les mobilisations de
certaines couches de la population pour exiger du gouvernement des
réponses fortes, sont les signes évidents de l’effritement de la cohésion
sociale.
Il en est de même de la perte des valeurs civiques. C’est dans cette
logique qu’il faut appréhender les mouvements sociaux spontanés qui
se sont souvent dressés, à l’intérieur de nos cités, contre les forces de
l’ordre pour s’opposer à l’application de la loi.
En ce qui concerne les revendications sociales, portées à la
connaissance du Président du Faso par les organisations syndicales de
notre pays, il ne fait aucun doute qu’elles ont toutes une certaine dose
de légitimité. Toutefois, personne n’a le droit de détruire la base
économique sur laquelle repose l’avenir de toute une nation. C’est
pourquoi, je fais mien l’appel de Son Excellence Monsieur le Président du
Faso du 31 décembre 2018 pour que s’instaure dans notre pays une trêve
sociale durable.
Pour ce faire, il est indispensable que le gouvernement et les partenaires
sociaux renouent les files du dialogue et de la concertation. Pour ma
part, je veillerai personnellement à ce qu’il en soit ainsi. J’invite
cependant les organisations syndicales à se départir de toute
surenchère dans leurs revendications pour donner plus de chance de
réussite à la mise en œuvre des engagements que nous prenons
ensemble.
Je salue toutes les organisations syndicales qui ont accepté de
suspendre leur mot d’ordre de grève dans le sens de l’appel du Président
du Faso et toutes celles qui se sont inscrites dans la dynamique du
dialogue social auquel j’accorde un intérêt particulier. A ce titre, je
m’engage à réactiver le cadre de concertation gouvernement/syndicats, dont une des sessions sera convoquée très prochainement.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Au-delà des questions brulantes que je viens d’évoquer et qui appellent
de ma part des réponses urgentes, j’engagerai également des actions
structurelles, qui s’inscrivent dans la durée, pour répondre aux aspirations
profondes du peuple burkinabè. A cet effet, il nous faudra réformer les
institutions et moderniser l’administration dans l’optique de promouvoir
de façon décisive la bonne gouvernance.
La promotion d’une bonne gouvernance politique et institutionnelle est
la clé de voûte de toute stabilité politique et du renforcement de la
démocratie.
Pour être en adéquation avec les besoins fondamentaux de notre
peuple, nous devons faire fonctionner de façon efficace et efficiente
notre administration et nos institutions publiques. Cette exigence de
qualité commande le développement d’une culture du travail.
J’engagerai de ce fait mon gouvernement à mobiliser l’ensemble des
Burkinabè à renouer avec les vertus du travail et l’idéal du travail bien
accompli ; ce qui a valu, jadis, à notre pays qui fêtera le 1er mars
prochain le centenaire de sa création, d’être qualifié de Terre des
Hommes. On ne peut rien construire de grand pour le progrès et le
bonheur de notre peuple, sans un idéal de labeur, de sacrifice et de
justice. Je me réjouis de prononcer ma déclaration de politique générale
à la veille de ce centenaire que mon gouvernement a décidé de
commémorer.
L’action de mon gouvernement s’inscrira résolument dans l’amélioration
de la gouvernance à tous les niveaux.
En ce qui concerne la justice, le ressentiment de nombre de nos
compatriotes s’exprime contre la lenteur du traitement de certains
dossiers. L’indépendance actuelle de la justice et les instruments
législatifs, réglementaires et institutionnels, mis à sa disposition, donnent
déjà plus de capacité aux personnels compétents, pour plus de
diligence et d’efficacité dans le traitement des dossiers pendants.
Le fonctionnement de la justice en toute indépendance et en toute
responsabilité est un gage pour enrayer l’incivisme, combattre l’impunité
et protéger les droits humains. Pour faciliter l’accès de tous les Burkinabè
à la justice, je m’engage à renforcer le fonds d’assistance judiciaire au
bénéfice des personnes vulnérables.
La création d’un ministère spécifique chargé des droits humains et de la
promotion civique témoigne de l’importance que mon gouvernement
accorde à ces questions. J’ai donné des instructions au ministre de tutelle
de renforcer la sensibilisation dans le cadre de la lutte contre l’incivisme
et d’accompagner le processus de réinstitution de la formation civique
et patriotique dans les différents ordres d’enseignements y compris le
Service national pour le développement.
La restauration de l’autorité de l’Etat passe par l’application vigoureuse
de sanctions contre tous les citoyens qui viendraient à contrevenir aux
lois et aux règlements.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Je voudrais profiter de la tribune que vous m’offrez, pour saluer
l’important travail réalisé par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et
de lutte contre la corruption (ASCE-LC) afin de déceler les
dysfonctionnements de notre administration en matière de gestion des
deniers publics et qui contribue à combattre la corruption, la fraude et
les crimes économiques divers. Je l’encourage à poursuivre
inlassablement dans cette même dynamique pour faire émerger la
culture d’une gouvernance vertueuse.
J’ai conscience de l’urgence d’agir pour corriger ces
dysfonctionnements et mettre fin à l’impunité. Pour y arriver, nous
n’avons pas d’autres choix que de faire fonctionner les institutions et
services publics suivant l’esprit des lois et des règlements édictés. Ce qui
suppose de rendre opérationnels les inspections techniques et les
conseils de discipline, afin de prendre des sanctions à l’encontre des
agents indélicats.

Honorables Députés,

La réduction du train de vie de l’Etat est une préoccupation récurrente
dans l’opinion et sa réduction tient sincèrement à cœur le Président du
Faso. Pour y apporter des réponses pertinentes et consensuelles, mon
gouvernement poursuivra le processus de réformes des rémunérations
des agents publics de l’Etat à travers la mise en œuvre des actions
majeures suivantes :
1. redéfinir les modalités de rémunérations des hautes autorités
investies d’une charge politique ou administrative au Burkina Faso ;
2. faire appliquer avec célérité les conclusions de la commission
chargée de la réforme du système de rémunération des agents
publics de l’Etat et enfin ;
3. instaurer de bonnes pratiques dans la gestion du patrimoine de
l’Etat.
La réussite de telles actions nécessite l’adhésion de tous les agents
publics aux mesures qui seront édictées et appliquées. J’ai déjà donné
des instructions aux ministres concernés afin que les dossiers soient
introduits, pour examen, dans les tous prochains conseils des ministres.
J’invite les partenaires sociaux et les organisations de la société civile à
accompagner ce processus de réforme qui vise à instaurer plus d’équité,
de justice sociale et une meilleure redistribution de la richesse nationale.

Monsieur le Président,

Dans la construction de l’Etat de droit au Burkina Faso, l’accès à
l’information est essentiel pour la participation citoyenne à la vie de la
nation. Les médias jouent un rôle important dans la veille pour une bonne
gouvernance et dans le renforcement de la démocratie. C’est au travers
de l’information et au moyen des médias que l’on mesure la vitalité
d’une démocratie. Pour toutes ces raisons, mon gouvernement veillera
à garantir la liberté de la presse et à encourager surtout le
professionnalisme dans ce domaine pour donner l’information juste et
saine au peuple et pour éviter les dérives susceptibles de dérouter
l’opinion.
Je prends l’engagement de poursuivre les efforts pour assurer l’accès de
tous à l’information juste, en œuvrant à accroître les taux de couverture
du territoire national par la télévision, la radio et la presse écrite. A ce
titre, je me réjouis du déploiement réussi de la Télévision numérique de
terre (TNT). Afin d’assurer la viabilité de la Société burkinabè de
télédiffusion, le ministre en charge de la communication prendra les
dispositions nécessaires pour définir, dans les trois mois à venir, les
modalités financières d’accès aux services de la Télévision numérique de
terre.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Assurer l’égalité d’accès aux services sociaux de base, en impulsant
corrélativement un développement équitable du capital humain,
constitue un des axes stratégiques sur lequel reposeront les actions
structurelles du gouvernement.
La mise en œuvre de cet axe du PNDES est fondamentale pour
dynamiser l’économie et réaliser le progrès social. C’est en cela que
toutes les politiques de promotion de l’accès aux services sociaux de
base (santé, éducation, protection sociale, etc.), en faveur de toutes les
couches de la société, trouvent leur pertinence.
La responsabilité de mon gouvernement en matière de santé, sera de
poursuivre dans le cadre de la « Politique sectorielle santé 2017-2026 », la
mise en œuvre des actions qui concourent à la réalisation des
engagements du Président du Faso, dont quelques-unes des plus
emblématiques sont :
1. l’amélioration des plateaux techniques des structures de santé ;
2. le renforcement de la qualité des services par la promotion de la
formation continue ;
3. la poursuite de la gratuité des soins de santé maternelle et infantile,
élargie au dépistage des cancers féminins et aux soins d’urgence,
en améliorant la gouvernance en la matière ;
4. la poursuite de la réalisation des infrastructures de santé, afin de
réduire les distances à parcourir par les populations ;
5. l’opérationnalisation progressive de l’assurance maladie
universelle.
L’ambition de mon gouvernement dans le domaine de l’éducation, est
d’assurer l’accroissement de l’offre éducative dans tous les ordres
d’enseignement et l’amélioration de sa qualité. Cela exige
l’accélération de la mise en œuvre des réformes et investissements. Les
actions prioritaires porteront alors sur la poursuite de :
1. la normalisation des écoles de moins de 6 classes et la résorption
du phénomène des écoles sous paillotes ;
2. la construction de collèges du post-primaire ;
3. la construction de nouveaux lycées d’enseignement général et
technique ;
4. la construction de lycées professionnels et scientifiques et enfin ;
5. la construction de centres de formation technique et
professionnelle.
Pour le cas spécifique de l’éducation des enfants dans les zones à défis
sécuritaires, le gouvernement a finalisé la stratégie de leur scolarisation
et s’attellera à sa mise en œuvre diligente avec le soutien de nos
partenaires.
Au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche, trois actions
fortes, solidaires et complémentaires seront menées.
Premièrement, il s’agira d’une part, de poursuivre les efforts de
normalisation des années académiques afin de repositionner nos
universités dans le cercle de la compétitivité et d’autre part, de
développer la carte universitaire du pays pour faire face à la forte
augmentation de la demande. A cet effet, le gouvernement prendra les
mesures suivantes :
1. accroître les infrastructures pédagogiques, administratives et des
œuvres sociales ;
2. autonomiser les centres universitaires ouverts en région ; ce qui
suppose de former davantage de ressources humaines en vue de
doter les nouvelles universités de personnels enseignants et de
renforcer ceux des universités existantes ;
3. créer les conditions de promotion du personnel enseignant dans le
but d’améliorer la qualité de l’enseignement et de la recherche ;
4. enfin, encourager et encadrer les initiatives privées
d’enseignement supérieur.
Deuxièmement, mon gouvernement va accélérer non seulement la
professionnalisation de nos universités, mais aussi la construction de
l’université virtuelle et des espaces numériques régionaux. L’ambition est
de former des cadres compétents, capables de donner une plus grande
impulsion au développement de notre économie.
Troisièmement, le développement d’une recherche scientifique orientée
vers les innovations technologiques est un moyen de soutenir les secteurs
de production, conformément à la politique sectorielle de « Recherche
et innovation 2017-2026 ». Pour y parvenir, mon gouvernement prendra
des mesures pour améliorer la gouvernance institutionnelle de la
recherche, afin de promouvoir une recherche scientifique compétitive.
Il créera ensuite les pôles d’excellence portant respectivement sur les
énergies renouvelables et les Technologies de l’information et de la
communication (TIC) et sur les technologies agroalimentaires.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

L’accès à l’eau potable et à l’assainissement du cadre de vie constitue
également un levier important de développement du capital humain.
Pour impulser une dynamique dans ce sens, mon gouvernement
s’engage à intensifier les actions dans le domaine de la mobilisation des
ressources en eau, en vue d’un plus grand accès de la population à
l’eau potable et à l’assainissement.
La mobilisation des ressources en eau est un grand défi pour notre pays.
A ce titre, mon gouvernement poursuivra la réalisation de la vision « zéro
corvée d’eau » à l’horizon 2020 du Président du Faso, à travers
notamment :
1. la construction de nouveaux forages et ;
2. la réalisation d’autres ouvrages d’adduction d’eau potable tels
que les branchements particuliers, les adductions d’eau potable
simplifiées (AEPS) et la réhabilitation des ouvrages défectueux.
Dans le domaine de l’assainissement domestique, mon gouvernement
poursuivra l’objectif fixé de porter à au moins 50 %, la proportion des
ménages ayant accès à l’assainissement en milieu rural et à 80 % en
milieu urbain, tout en renforçant la réalisation de latrines institutionnelles
pour équiper notamment les établissements scolaires et de santé qui en
sont dépourvus.
L’amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens passe également
par un développement harmonieux du milieu urbain. Elle suppose une
bonne exécution des projets et programmes d’urbanisation et la
promotion d’un habitat décent. C’est pourquoi, mon gouvernement
s’engage à :

1. poursuivre l’élaboration et la mise en œuvre des Schémas
directeurs d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) des centres
urbains ;
2. accélérer l’exécution des programmes de logements sociaux et
économiques ;
3. viabiliser les sites des logements sociaux déjà construits et enfin ;
4. engager des actions pertinentes visant à aider les personnes à
revenu modeste à acquérir des logements décents.
A ce niveau, je salue vivement la pertinence des recommandations
formulées par la commission d’enquête parlementaire sur l’apurement
du passif du foncier urbain. Je veillerai à une mise en œuvre diligente
desdites recommandations.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

Une politique publique soucieuse de stabilité au niveau social accorde
une importance particulière à l’insertion de la jeunesse et des femmes
dans l’activité économique. C’est pourquoi mon gouvernement va
renforcer les résultats des actions entreprises dans le cadre de
la « politique sectorielle, travail, emploi et protection sociale 2018-2027 »,
dans le but de :
1. améliorer l’insertion professionnelle des jeunes diplômés ;
2. réduire le sous-emploi de la main-d’œuvre rurale ;
3. favoriser entrepreneuriat des jeunes et des femmes et enfin ;
4. étendre la protection sociale à un plus grand nombre de
Burkinabè.
Mon gouvernement sera également attentif à toute mesure visant
l’amélioration du bien-être de la femme et de la jeune fille, ainsi que la
promotion d’une culture de solidarité nationale envers les personnes
vulnérables et celles déplacées du fait de la situation sécuritaire dans
notre pays. Ainsi, il encouragera entre autres :
1. la promotion de l’autonomisation économique de la femme et ;
2. la mise en place des structures d’accueil, d’accompagnement et
de suivi pour les enfants en situation de rue et les personnes
vulnérables.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Nos actions de promotion de la sécurité, de la cohésion sociale et du
civisme seront vaines si nous perdons de vue la dynamisation de notre
économie. C’est pourquoi, le cinquième axe de ma déclaration portera
sur la résolution des difficultés économiques qui entravent la création de
richesse en vue d’améliorer durablement les conditions de vie des
Burkinabè.
A ce niveau, permettez-moi de rappeler que quatre Burkinabè sur dix
(4/10) vivent encore en dessous du seuil de pauvreté estimé à 153 000
F.CFA par an et par individu. Les causes profondes de cette forte
incidence de la pauvreté résident dans la faible productivité de nos
secteurs de production.
Ce constat oblige à entreprendre des mesures vigoureuses de
dynamisation de l’activité économique. Ainsi, en lien avec les
orientations stratégiques retenues dans le Plan national de
développement économique et social, l’action de mon gouvernement
portera sur les six (06) piliers majeurs suivants :
1. le renforcement du pilotage de l’économie ;
2. la promotion d’un environnement macroéconomique favorable à
la croissance ;
3. l’amélioration du climat des affaires et des investissements ;
4. le développement des secteurs de soutien à la production ;
5. le développement des secteurs de production et enfin ;
6. l’inversion de la tendance à la dégradation de l’environnement.
En matière de pilotage de l’économie, d’ici à 2020, mon gouvernement
va œuvrer à améliorer davantage la planification du développement,
en poursuivant les activités de capture du dividende démographique.
Un intérêt particulier sera accordé au développement local harmonieux,
à l’aménagement efficace du territoire et à la promotion des pôles de
croissance et de compétitivité.
Accélérer la décentralisation me parait être le moyen le plus adapté
pour impulser le développement à la base et faire véritablement profiter
aux populations les retombées des politiques sociales. C’est pourquoi,
mon gouvernement va assurer le transfert effectif des compétences et
des ressources de manière à porter à 15%, dans le moyen terme, la part
du budget de l’Etat transférée aux collectivités. De manière concrète, la
mise œuvre diligente des nouveaux référentiels relatifs à la
décentralisation s’impose. Il s’agit notamment de la politique nationale
de la décentralisation et sa stratégie décennale assortie de son plan
d’action.
Pour atténuer les disparités régionales d’accès aux services et biens
publics et contribuer à renforcer la cohésion nationale, les efforts déjà
entrepris de mobiliser les moyens pour la mise en œuvre du Programme
d’urgence pour le Sahel seront poursuivis. Il en sera de même pour le
Programme d’appui au développement des économies locales.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

Je voudrais réaffirmer l’engagement de mon gouvernement à
poursuivre les efforts déjà entrepris pour maîtriser l’inflation et garantir la
viabilité des finances publiques. Pour ce dernier aspect, un accent
particulier sera mis sur l’amélioration de la mobilisation des recettes
publiques et sur la maîtrise de l’évolution des dépenses courantes. Ces
deux actions sont indispensables pour dégager une épargne budgétaire
conséquente destinée à financer l’investissement public et redistribuer
les richesses nationales en faveur des plus pauvres. De ce fait, mon
gouvernement prendra, sans délai, des mesures vigoureuses en vue
accroître les performances des structures de mobilisation des recettes
et d’exécution de la dépense. Il s’agira d’orienter véritablement les
actions des régies sur :
1. la lutte contre la fraude et l’incivisme fiscal, d’une part, la taxation
adaptée du secteur informel, d’autre part ;
2. l’amélioration de la qualité des services aux usagers de
l’administration fiscale ;
3. l’amélioration de la gestion du domaine foncier national, de la
qualité des services fonciers et cadastraux rendus aux clients et
enfin ;
4. la simplification et la modernisation des procédures en matière de
gestion des dépenses et de mobilisation des ressources
budgétaires de l’Etat.
Vous conviendrez avec moi que la stabilité macroéconomique, en
conjonction avec un climat favorable à l’initiative privée, est une
condition sine qua non à la création de richesse. En effet, il est difficile
de réussir la dynamisation des secteurs de production en faisant jouer au
secteur privé son rôle moteur, si nous n’œuvrons pas à mettre en place
un cadre favorable à la création et au développement des affaires.
C’est dans cette optique que mon gouvernement renforcera la
conduite des réformes, notamment celles contenues dans la matrice
minimale de réforme du climat des affaires, afin d’améliorer le
classement Doing Business du Burkina Faso et de favoriser l’essor du
secteur privé.
Pour mieux accompagner les entreprises et entrepreneuriat, je donnerai
des instructions aux ministres compétents d’accélérer et de renforcer :
1. la mise en place de zones économiques spéciales ;
2. la promotion d’incubateurs d’entreprises et d’instruments d’appui
aux exportations ;
3. l’appui aux entreprises en difficulté et enfin ;
4. la mise en place des instruments de financement des entreprises.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

L’état encore embryonnaire de notre tissu économique résulte
principalement de la faiblesse de l’offre des facteurs qui améliorent la
compétitivité de l’économie et qui incitent donc le secteur privé à
investir. C’est pourquoi, le développement des secteurs de soutien à la
production, capables d’accompagner la transformation de notre
économie, sera au centre de mes préoccupations.
Dans le domaine de l’énergie, mon gouvernement accordera un intérêt
particulier à la mise en œuvre de la Politique sectorielle en la matière
pour garantir la souveraineté énergétique du pays. Un accent particulier
sera mis sur :
1. le développement du mix-énergétique à travers la promotion des
énergies renouvelables ;
2. la réduction du déficit structurel de l’offre d’électricité et enfin ;
3. la rationalisation et la maîtrise de la demande d’électricité à
travers la promotion de l’efficacité énergétique.
La mise en œuvre de cette politique sectorielle se fera à travers la
conduite des principaux programmes et projets ci-après :
1. la construction de centrales solaires en y adjoignant de plus en plus
le stockage ;
2. la réalisation des centrales thermiques et hydroélectriques ;
3. le développement des réseaux d’interconnexion capables d’offrir
de l’énergie à moindre coût avec les pays de la sous-région et
enfin ;
4. le développement du réseau intérieur de transport et de
distribution pour améliorer l’accès des populations et des
entreprises à l’électricité.

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’enclavement de notre pays et l’importance du déficit en matière
d’infrastructures de soutien à la production accroissent particulièrement
les coûts d’exploitation des entreprises installées au Burkina Faso, limitent
fortement leur compétitivité et renchérissent les coûts des produits de
grande consommation.
Pour faire jouer efficacement au secteur privé son rôle de créateur de
richesse et d’emplois, mon gouvernement accorde une grande place
au développement des infrastructures.
Dans ce domaine, les principales actions porteront sur les travaux de
désenclavement intérieur et extérieur.
Au titre du désenclavement intérieur, nous allons poursuivre et renforcer
la construction de pistes rurales pour désenclaver les zones de
production et d’accélérer le bitumage de routes reliant les capitales
régionales et provinciales. Il s’agira également d’améliorer les voieries
urbaines dans le but de faciliter la mobilité dans nos villes.
Quant au désenclavement extérieur du pays, il passera par la
construction et la réhabilitation de routes internationales et de chemins
de fer. A cet égard, les projets suivants seront poursuivis :
1. la construction de l’autoroute Ouagadougou–Abidjan ;
2. la réhabilitation de la voie ferrée Abidjan- Ouagadougou et son
extension à Dori et à Tambao et enfin ;
3. la réalisation du chemin de fer Ouagadougou-Téma.
Par ailleurs, constatant les difficultés dans la réalisation de nombreux
chantiers, j’ai donné des instructions au ministre en charge des
infrastructures pour évaluer les projets en souffrance en vue de prendre
des mesures urgentes et appropriées pour accélérer leur achèvement.
Dans le domaine des transports terrestres, la politique de mon
gouvernement consistera à fluidifier et sécuriser les routes pour faciliter
l’approvisionnement du pays en biens et services de consommation et
favoriser la mobilité des personnes.
De même, en matière de transport aérien, mon gouvernement a
engagé la mise en œuvre du Plan de relance d’Air Burkina. A cet égard,
j’ai donné des instructions au Ministre en charge des transports, pour
parachever rapidement la mise en place de ses organes de décision.
L’Objectif est de permettre à la compagnie nationale de revenir à
l’équilibre financier d’ici à 2020, et de la positionner sur une trajectoire
de croissance durable.
J’attacherai du prix à l’achèvement de la construction de l’aéroport de
Donsin qui permettra une plus grande déserte de notre pays.
Enfin, l’action de mon gouvernement en matière de développement
des secteurs de soutien à la production va consister à poursuivre la mise
en œuvre des projets dans le domaine des technologies de l’information
et de la communication.
Notre action visera le développement de l’offre de « large bande » pour
un accès à l’Internet à haut débit sur l’ensemble du territoire national.
L’ambition du gouvernement est de garantir l’accès des citoyens, des
entreprises, et de l’administration à des services de communication
électronique de qualité, pour leur permettre de profiter pleinement du
potentiel du numérique.

Mesdames et Messieurs les Députés,

Pour produire des effets significatifs sur la vie des Burkinabè, le
développement des infrastructures de soutien à l’économie doit être
accompagné par de véritables politiques visant à accroître la
productivité dans les secteurs de production.
Dans le domaine du développement rural, l’objectif du gouvernement
est d’accroître la productivité et la résilience des branches agro-sylvopastorale
et halieutique du secteur et d’orienter leur production vers le
marché. La politique sectorielle « Production agro-sylvo-pastorale 2017-
2026 » et son instrument d’opérationnalisation, qui est le deuxième
Programme national du secteur rural (PNSR II) 2016-2020 définissent les
leviers que nous devons actionner pour obtenir des résultats significatifs.
Pour ce qui est de la production agricole, il s’agit notamment de :
1. la réalisation du programme d’aménagement de 25 000 ha de
périmètres irrigués ;
2. la mise à la disposition des producteurs d’intrants agricoles de
qualité, à prix subventionné ;
3. l’opérationnalisation des pôles de croissance agricoles ;
4. l’accélération de la mécanisation agricole ;
5. la maîtrise de l’eau par la construction et la réhabilitation de
barrages ;
6. la poursuite des efforts de sécurisation foncière en milieu rural et
enfin ;
7. la promotion de l’agro-industrie pour la transformation sur place de
nos produits agricoles.
S’agissant des filières stratégiques telles que le coton et l’anacarde,
mon gouvernement examinera avec diligence toutes les difficultés
qui entravent leur essor afin de prendre les mesures nécessaires à leur
relance. Pour la production du coton, l’ambition de mon
gouvernement est de reconquérir notre place de leader en Afrique.
Quant à la production pastorale et halieutique, l’action de mon
gouvernement consistera à :
1. renforcer la couverture des besoins en soins vétérinaires ;
2. poursuivre l’amélioration génétique des animaux ;
3. renforcer la couverture des besoins alimentaires du bétail,
notamment par l’utilisation des sous-produits agro-industriels ;
4. moderniser les filières de production animale par la création
d’unités modernes de transformation du bétail en viande et
enfin ;
5. renforcer la pisciculture en vue de porter la production du
poisson à au moins 30 000 tonnes par an.

Mesdames et Messieurs les Députés,

Pour amorcer la transformation structurelle de notre économie, il nous
faut accorder une importance particulière au développement de
l’industrie et de l’artisanat. A cet effet, il s’agira de développer une
industrie manufacturière conséquente basée sur la transformation des
produits locaux.
Pour ce faire, mon gouvernement s’attellera à la mise en œuvre des
actions suivantes :
1. assainir le marché intérieur à travers des mesures fermes de lutte
contre la fraude, la contrefaçon et la concurrence déloyale ;
2. renforcer la compétitivité des unités industrielles existantes à travers
notamment leur restructuration et leur mise à niveau ;
3. améliorer le cadre juridique, institutionnel et organisationnel
d’appui à l’industrie ;
4. développer les infrastructures industrielles ;
5. appuyer l’élaboration et le développement des projets industriels et
enfin ;
6. améliorer l’offre de financement du secteur.
Concernant l’industrie minière, c’est le lieu pour moi de rassurer les
investisseurs de la disponibilité de mon gouvernement à préserver leurs
efforts d’investissement en leur garantissant un environnement
économique et social plus sécurisé.
Dans la même lancée, nous valoriserons l’expertise nationale à travers la
promotion de la petite mine et le développement des activités connexes
dans le but d’améliorer les impacts positifs de ce secteur sur le bien-être
de nos populations.
L’opérationnalisation prochaine du Fonds minier de développement
local viendra renforcer les retombées socio-économiques de ce secteur.
Pour ce qui concerne l’artisanat, la vision de mon gouvernement est de
développer un secteur artisanal compétitif, à forte valeur ajoutée et
créateur d’emplois décents. De façon opérationnelle, il s’agira de
renforcer les capacités techniques et organisationnelles des artisans et
de faciliter leur accès aux marchés et à la commande publique.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

L’accroissement de la productivité dans les secteurs de production ne
sera durable que si la mise en marché des produits est assurée et si les
circuits de commercialisation sont fluides. C’est pourquoi, dans le souci
d’assainir le marché intérieur, mon gouvernement effectuera une
surveillance beaucoup plus accrue de celui-ci afin d’y déceler les
dysfonctionnements pouvant être sources de distorsions à la
concurrence et prendra les décisions qui s’imposent. Il portera
également une attention particulière au développement de
l’information sur les marchés pour plus d’efficacité en termes
d’écoulement des biens et des services.
Je voudrais à ce stade de mon propos aborder les autres secteurs de
services qui contribuent également à la création de richesses et
d’emplois décents dans notre pays. Je veux citer l’art, la culture, le
tourisme, les sports et loisirs qui, en plus de leur contribution à l’économie
nationale, permettent de révéler l’identité culturelle du Burkina Faso et
de le faire rayonner à travers le monde.
C’est le lieu pour moi de rendre un vibrant hommage à tous les pionniers
du FESPACO dont nous allons célébrer, dans quelques jours, le
cinquantenaire.
La vision de mon gouvernement pour toutes ces branches d’activité est
d’en faire des industries de services par la réalisation d’infrastructures
culturelles, artistiques, touristiques et sportives, et par la promotion de
l’entreprenariat des jeunes et des femmes dans ces domaines.

Mesdames et Messieurs les Députés,

Pour garantir une amélioration soutenue et durable des conditions de vie
de nos populations présentes et futures, il importe de prévenir la
dégradation de l’environnement et de notre cadre de vie, dans nos
modes de production et de consommation. En la matière, la progression
de la dégradation des terres, pour ne citer que cet exemple, est passée
de 113 000 ha/an entre 1983 et 1992 à 469 000 ha/an entre 2002 et 2013.
Il nous faut impérativement inverser cette tendance. La mise en œuvre
diligente des actions et mesures spécifiques qui sont définies dans le
deuxième Programme national du secteur rural (PNSR II) pourra y
contribuer. C’est à ce prix que nous assurerons la durabilité de la
production agricole de notre pays.

De même, pour faciliter la transition vers l’économie verte, mon
gouvernement agira dans le sens d’améliorer la gouvernance
environnementale, d’inciter à la réduction des émissions de gaz à effets
de serres et de renforcer la résilience des communautés de base au
changement climatique.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Vous conviendrez avec moi que pour réussir la mise en œuvre de toutes
les politiques que je viens d’exposer, nous aurons besoin de
l’accompagnement de pays amis, des partenaires techniques et
financiers qui ont toujours cru en notre action. C’est pourquoi, en matière
de relations extérieures et de coopération étrangère, mon
gouvernement s’engage à rendre effective la vision du Président du Faso
de « mener une politique étrangère ouverte au service du
développement de notre pays et résolument engagée vers la recherche
de la paix et de la sécurité internationales ».
Dans ce sens, les principales actions porteront sur l’amélioration et
l’élargissement de nos relations diplomatiques dans le but de :
1. mieux couvrir les zones géographiques et économiques
potentiellement attractives pour notre pays ;
2. renforcer la participation de notre pays aux efforts d’intégration
dans la sous-région, en Afrique et dans le reste du monde et enfin ;
3. mobiliser et impliquer davantage les Burkinabè vivant à l’étranger
dans le processus de développement national. A cet égard, je
prends l’engagement de poursuivre les actions devant faire
aboutir le vote des Burkinabè de l’extérieur à partir de 2020.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,

Vivre ensemble en harmonie dans une même société ne dépend pas de
la seule responsabilité d’un gouvernement. A ce titre, j’ai besoin de
l’engagement de tous les burkinabè, hommes, femmes, jeunes et
anciens pour réussir ce combat. Je vous invite à agir à l’unisson pour
redonner au Burkina Faso sa qualité de pays des Hommes intègres.
J’ai l’intime conviction que l’adoption prochaine de la nouvelle
Constitution, qui est un nouveau contrat social pour notre peuple, ouvrira
de nouvelles perspectives pour le renforcement de la démocratie et
l’amélioration de notre vivre-ensemble.
C’est ensemble, unis et réconciliés avec nous-mêmes, dans un devoir de
vérité et de patriotisme, que nous contribuerons, comme un seul homme,
à changer la réalité dans le sens profond de nos rêves de paix et de
prospérité. Et c’est en cela que j’invite les institutions de l’Etat :
l’Assemblée nationale, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité
nationale, le Haut conseil du dialogue social, le Médiateur du Faso, le
Conseil supérieur de la communication, le Conseil économique et social,
la Commission nationale électorale indépendante, etc., à œuvrer avec
le gouvernement à la réalisation de l’idéal commun de la cohésion
nationale. Il est du devoir de notre génération de léguer aux générations
futures un Burkina Faso meilleur. Plus que de l’union, nous avons besoin,
en ces temps difficiles, de communion et de fusion en pensée et en
action pour une véritable rupture en vue d’assurer la paix et le progrès
social.

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Au moment où je termine devant votre auguste Assemblée ma
déclaration de politique générale, permettez-moi de paraphraser un
éminent socio-démocrate français, j’ai nommé Michel Rocard, les
priorités de mon gouvernement ne sont pas celles d’une moitié du
Burkina Faso contre l’autre moitié. Elles sont celles de tous les Burkinabè.
Le Président Roch Marc Christian KABORE a été élu sur la base d’un
programme. Ce programme qui a reçu l’adhésion de la grande majorité
des Burkinabè est devenu celui de tous les Burkinabè. Il m’a fait appel en
ce moment précis pour conduire l’action du gouvernement.
En m’accordant votre confiance, c’est à lui que vous faites confiance
pour « Bâtir, avec le peuple, un Burkina Faso de démocratie, de progrès
économique et social, de liberté et de justice ».

Vive le Burkina Faso !
Je vous remercie

Christophe Dabiré ; Premier ministre