Démis de son poste de premier ministre en janvier dernier, le premier ministre Paul Kaba Thiéba qui n’est plus apparu en public depuis lors, a été nommé hier 27 mars en conseil des ministre, Directeur général de la Caisse de dépôts et consignations du Burkina Faso (CDC-BF). Économiste de formation, c’est lui qui avait milité pour la création de cette structure dont la mission est de soutenir les investissements structurants de l’Etat et des collectivités.

Créée en mai 2017, la Caisse de dépôts et consignations du Burkina Faso (CDC-BF) est "un établissement public à statut spécial doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière" et sa mission est de mobiliser les ressources financières en soutien à l’Etat et aux collectivités dans leur politique de financement d’infrastructures structurantes.
Dans un contexte de libéralisme mondialisé et d’une farouche concurrence entre entreprise, la CDC pourra également apporter son soutien aux entreprises nationales stratégiques qui seraient en difficultés. On le sait, la faible industrialisation du pays, la persistance d’un secteur informel et le secteur bancaire encore fragile privent l’Etat de ressources indispensables au financement des projets durables. La création de la CDC vise à combler ces lacunes. Pour cela, elle bénéficie d’une dotation de l’Etat de 20 milliards pour son démarrage, avant qu’elle ne mobilise d’autres sources de financement, notamment les établissements et sociétés publics, les fonds de certains organismes, les comptes dormants publics comme privés, les fonds destinés aux indemnisations pour expropriation pour cause d’utilité publique, les fonds issus des liquidations des entreprises publiques, etc. En clair, la CDC pourra puiser dans les comptes de la SONAPOST, la Caisse nationale de sécurité sociale, la Caisse de retraite des fonctionnaires, l’ONEA, la SONABEL. Une perspective qui n’enchante guère les syndicats de certains organismes sociaux, notamment la CNSS et la CARFO, qui dénoncent la "manière cavalière" de l’Etat dans la création de la CDC. Pour eux, puiser dans les fonds de la CNSS et la CARFO, c’est confisquer les ressources de travailleurs pour un usage dont la viabilité n’est pas garantie. Sans être opposés sur le principe de la création de la CDC, ils s’inquiètent qu’une gouvernance peu vertueuse ne mettre les organismes sociaux dans des difficultés financières, à l’image de la douloureuse expérience de la Caisse nationale de dépôts et des investissements, qui a fait banqueroute dans le passé, avec la perte de cinq (5) milliards de francs CFA.
Tout le talent du nouveau DG de la CDC-BF sera donc de lever ces inquiétudes et rassurer les partenaires financiers quant aux bons usages des ressources qu’ils pourraient mettre à sa disposition.
Un nouveau challenge pour l’ancien cadres de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Dominique Koné
Kaceto.net